Mort de Rire, d’Alex de la Iglésia

Quelque part sur IMDB on compare Alex de la Iglesia avec le jeune Peter Jackson, le gras zédeux d’avant le Seigneur des Anneaux. Je ne sais pas trop s’ils ont raison, mais il semble vital pour la psyché planétaire qu’Alex n’ait jamais entre les mains les budgets du néo-zélandais. Car cet homme est fou. Déjà maintenant, ce n’est facile pour personne.

On se souvient (mais si, mais si) de son à-peine-sorti-déjà-culte nanar de SF “Action Mutante” : une troupe d’handicapés moteurs de l’espace faisait régner une terreur interstellaire aux cris de “On est des surfeurs ? On est des tapettes ? Moutanté, moutanté !” Il y avait des costumes en papier alu, des vaisseaux en carton, des tripes en caoutchouc. C’était en 1993. Dire qu’il s’est assagi depuis serait un peu hâtif. Entre temps, sont apparus sur les écrans français et dans le désordre le plus total (les distributeurs eux-mêmes en perdent la raison), des horreurs aussi diverses que Le Crime farpait, Les Collocataires ou Le Jour de la Bête. Muertos de risa a échappé à la diffusion en salle et sort direct en vidéo chez XIII bis records. Pas qu’il mérite ou démérite plus que les autres. De la Iglesia est d’une belle constance dans le n’importe quoi.

Mort de rire, donc : bien modeste titre pour une comédie. Ce qui n’a aucunement l’air d’intimider Alex. A voir ses films, on aurait d’ailleurs plutôt tendance à croire qu’il n’a peur de rien, jamais : ni du ridicule, ni de l’incohérence, ni de se planter. Sans avoir été underground, il affiche un profil de pur geek tapé, faisant du Z avec cette espèce d’application touchante que Burton prête à Ed Wood. Il n’y a pas l’ombre d’une référence dans son art, pas la moindre trace de dérision classe à la Tarantino. De la Iglesia trace sa propre voie dans le cinéma qui ose tout. A performance exceptionnelle, résultat désolant.

Deux comédiens que le hasard réunit montent un numéro comique qui leur vaut vite une immense célébrité : Bruno file des baffes à Nino qui encaisse sans réagir. Déjà bancales à la formation, les relations entre eux s’enveniment à coups de tartes, sans qu’ils puissent se permettre de se séparer. L’association vire à la haine, et plus ils se violentent, mieux le public suit. Voilà pour l’intrigue, qui badaboume du haut de l’escalier pendant à peu près deux heures. Elle sert en réalité de prétexte à Alex pour caller tout ce qui lui passe par la tête, de préférence sans aucun rapport à l’histoire. De mémoire : un pistolet mitrailleur peint en rouge, un chat passé au congelo, une pulpeuse anarchiste sous la douche, des reprises de Nino Bravo (mon gros coup de coeur), des franquistes enculeurs de chèvres, Uri Geller, plusieurs incendies, des chaussettes fétiches, des jeux de mots moisis en espagnol, une poursuite à gros budget et etcetera…

Inutile de chercher du jeu d’acteur, du récit, de la réflexion, de la mise en scène, voire de l’humour. C’est un cinéma bouldingue, qui laisse abasourdi et fiévreux, l’encéphalogramme plat. La seule certitude qu’on en retire est d’avoir affaire à un auteur, un vrai, insurpassable dans sa catégorie. On ne parvient pas à un tel niveau d’incohérence par hasard.

Regarder Mort de rire, c’est un peu comme passer deux heures en compagnie d’un débile léger qui joue avec un taille-haie en chantant du Nana Mouskouri.
Je n’ai pas eu le courage de m’attaquer aux bonus.

Mort de rire (Muertos de risa) est un film d’Alex de la Iglesia (qui d’autre ?) sorti en 99. Santiago Segura y joue Nino (Noelia, Noelia, Noelia). L’acteur incarnant Bruno s’appelle El Gran Wyoming (ne plus s’étonner de rien). Ils sont tous trois en interviouve dans les boni, à côté d’un making of et d’un clip (?) de Nino et Bruno. La VO est sous-titrée. Ou pas. A votre goût. Pas sûr que ça change grand-chose, à ce stade.

Muertos de risa

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