Fando & Lis, d’Alejandro Jodorowsky

Fando et Lis sont deux jeunes gens qui recherchent une merveilleuse cité nommée Tar. Tar symbolise ce que chacun souhaite : cela peut être le bonheur, Dieu, l’épanouissement sexuel, la justice, etc.
Sur le chemin de Tar, le couple multiplie les rencontres avec d’étranges personnages qui essaient de les stopper dans leur quête. Fando et Lis réalisent que Tar ne peut être trouvée qu’à l’intérieur d’eux-mêmes et le seul moyen d’y parvenir est de faire face à leurs propres démons.
Fando, pensant qu’il a échoué dans sa quête, va tuer Lis, et à travers ce meurtre, il comprendra ce qu’il est vraiment.

Fando & Lis symbolise un extrême, celui de la liberté absolue. Conçu dans des conditions particulières, le film a pu être réalisé grâce à un Jodorowsky auquel on a laissé carte blanche et un petit budget. Et c’est ainsi que sa folie créatrice se libère en partant de souvenirs d’une pièce de théâtre. Il fait du film une histoire d’amour passionnée où le bien et le mal se mêlent dans une spirale d’images fortes. Fando & Lis dépasse l’entendement. Sa narration, bien que linéaire, ne nous emmène nulle part. Evidemment, puisqu’il s’agit d’un voyage initiatique où les personnages principaux ne trouveront le but de leur quête qu’à la fin du voyage qui se révèle être une impasse en quelque sorte.

Pareil à Ulysse, nos deux héros découvrent un monde dévasté par les guerres. Seules quelques âmes perdues errent au milieu du désert, toutes victimes d’une folie plus ou moins grave. Entre la secte des gens qui vivent dans la boue, deux petits vieux qui se nourrissent de sang humain, on peut dire que la galerie de gens cinétranges est bien garnie.

Fando & Lis se regarde avec les tripes. Il s’agit là d’une expérience unique qui permet d’explorer les méandres tortueux de la personnalité complexe de Jodorowsky. Il fait passer toutes ses idées par des symbolisations à outrance, si bien que l’on doit faire un effort pour saisir son propos et lire à travers les lignes de scènes parcourues par un fort délire ambiant. Sachant cela, on se rend compte que le commentaire audio présent sur le dvd constitue une véritable mine d’informations. On y apprend de nombreuses choses. Depuis la genèse du film jusqu’aux anecdotes comiques mais surtout en passant par une explication de film parfois nécessaire.
Mais même si le film peut parfois paraître obscur, les images se suffisent à elles-mêmes et produisent un étrange spectacle à mi-chemin entre le rêve et le cauchemar. Certaines scènes sont empruntes d’un érotisme étrange à mi-chemin entre la beauté et la saleté comme lorsque Fando lèche les pieds boueux de Lis. Souvent, Jodorowsky se laisse aller à une provocation légère toute en finesse.
La bande sonore du film est toute particulière aussi. Un fatras de bruits, de grincements accompagnent les scènes de mime expressionnistes.
Au final, Fando & Lis laisse beaucoup de souvenirs en tête. Bataille de peinture noire, road movie dans un chariot, un vieux gramophone, des buveurs de sang, on se laisse submerger par les sublimes images.
Avec Jodo aux commandes, le voyage ne peut être que mouvementé et complètement déjanté si tant est que l’on aime se faire manipuler et que l’on aime se laisser aller à un délire d’images.

Bonus :

La constellation Jodorowsky (documentaire).

DVD disponible dans le coffret Jodorowsky édité chez Wild Side.

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