John Rambo

Synopsis

John RAMBO s’est retiré dans le nord de la ThaÏlande, où il mène une existence simple dans les montagnes. Non loin de là, sur la frontière Birman, la guerre civile fait rage. Lorsque des volontaires humanitaires viennent le trouver pour qu’il les guide jusqu’à un camp de réfugiés, Rambo finit par accepter et leur fait remonter le fleuve. Deux semaines plus tard, on lui apprend que les volontaires ne sont pas revenus et que leurs ambassades refusent d’intervenir. Ancien soldat d’élite, Rambo sait mieux que personne ce qu’il faut faire dans ce genre de situation…

On pouvait craindre l’aspect purement mercantile de cette énième suite mais c’est en fait un véritable film d’action/guerre des années 80 qui nous est jeté en pâture. Rappelez-vous la violence décomplexée d’un Robocop ou d’un Predator. Eh bien c’est cet état d’esprit qui habite le film de Sylvester Stallone, présent devant et derrière la caméra. Son film est un opéra guerrier en trois actes : l’arrivée des bénévoles, leur sauvetage et la chasse à l’homme donnée par la junte militaire birmane. Entre les nombreuses scènes d’action, quelques lignes de dialogues avec les fabuleuses punchlines caractéristiques du héro : “Mieux vaut mourir pour quelque chose que vivre pour rien” en est un excellent exemple.

Côté gore, l’oeuvre va faire beaucoup d’ombre à certains films soi-disant d’horreur. Certains passages du film sont tout bonnement insupportables. C’est le cas du massacre du village où l’on voit des enfants mourir brûlés, exécutés par balle ou à la baïonnette. On se demande un peu pourquoi Martyrs a des soucis avec la censure alors que John Rambo n’écope que d’un interdit aux moins 12 ans ! Car il y a là un festival de plans borderline : des jambes coupés, une décapitation à la machette, un mollet en charpie, une tête sur une pique, un charnier à ciel ouvert, un ventre ouvert avec les tripes qui se déversent, etc.  On ne compte plus les membres qui éclatent sous le gros calibre et le bodycount doit avoisinner la centaine de victimes. En ces temps de puritanisme outrancier, cela fait du bien de voir un spectacle aussi irresponsable.

Bien sûr, si le début s’inscrit dans un contexte réaliste, le film dépasse parfois certaines limites et montre en fait de la violence plutôt stylisée que l’on ne peut plus vraiment prendre pour argent comptant. A ce titre, l’explosion de la grosse bombe, qui a des effets d’explosion nucléaire, fait plus rire qu’autre chose. De même, le manichéisme est ici très présent : le général birman est vraiment très méchant (lunettes noires et clope au bec pendant les massacres), sadique et pédophile. N’en jetez plus, on a compris !

Le DVD

Dommage que le DTS ne soit disponible que pour le français. On retrouvera néanmoins avec plaisir la voix rauque et typique de Dorval, doubleur habituel français de Sly.

La bande-son est à se faire décoller la peau des os. Avec une installation adéquate, il y a moyen de faire vrombir les murs et d’inquiéter fortement vos voisins.

Le commentaire audio est intéressant car la personnalité de Sylvester Stallone est très proche de celle de Rambo. Un mélange de sagesse et de naïveté. Son regard par rapport à la violence du film est très lucide et il explique simplement que ce qui est montré à l’écran est encore gentil par rapport à la réalité. Visiblement, Stallone s’est beaucoup renseigné sur les opérations de terreur mené par les militaires birmans à l’égard des rebelles. Il est tout bonnement hallucinant qu’il ait pu tourner un tel film accusant sans ambigüité les militaires birmans d’actions atroces et inhumaines.

John Rambo est disponible en édition simple et collector. Celle-ci propose un deuxième disque rempli de documentaires en tous genres avec entretiens et making-of, tous très intéressants car l’on se demande vraiment comment un film aussi extrême a pu voir le jour. Seules les scènes coupées n’amènent pas grand chose à l’affaire. A nouveau, c’est la personnalité de Stallone qui ressort : il reste très serein au milieu d’un tournage improbable dans des conditions extrêmes.

Le dvd sortira le 23 septembre 2008 chez Metropolitan Film & Video

10 commentaires sur “John Rambo”
  1. Interdit aux moins de douze ans…

    Vous êtes sûr ?

    Je veux la preuve, là, tout de suite…

  2. “On se demande un peu pourquoi Martyrs a des soucis avec la censure alors que John Rambo n’écope que d’un interdit aux moins 12 ans !”
    > hum… Martyrs joue tellement avec le mauvais gout et des pensées risquées que ça me semble logique qu’il soit interdit (au moins) aux moins de 16. Je ne parlerai pas de ses qualités artistiques qui feraient vomir le Tony Scott de Domino. J’ai vu John Rambo 5 fois. La dernière fois dans ce fameux faux director’s cut qui pue du cul… à vrai dire la première fois au cinéma était la mieux. Mais sur petit écran le film perd presque toute sa force, et la violence n’a plus du tout le même impact. Elle est furtive, on a pas le temps d’être saisi par la portée des explosions de cervelles numériques. On est devant un actionner banal qui envoie un peu la purée parfois, qui ennuie souvent. Au suivant.

  3. Un élément du commentaire précédent mérite d’être relevé (bien que son auteur avoue avoir vu Rambo 5 fois…) et constitue sans doute un élément de réponse : c’est l’idéologie qui donne son sens aux images, les images ne véhiculent aucun sens par elle-même.
    Dans les 2 champs de censure potentiels le sexe et la violence, la violence est beaucoup moins un problème que le sexe. Si on est un fan de cinéma US, on peut facilement se rendre compte que la violence crue (c’est-à-dire, très précisément, le fait de voir un coup de feu et son impact sanglant dans le corps humain et ce dans un même plan) fait son apparition un petit peu après la guerre du Vietnam, grosso modo 1970.
    Plusieurs films sont faits à cette époque pour dénoncer cette guerre (finie) et puisqu’elle est finie, la critique se porte sur la société US elle-même, dans son ensemble. Sur la violence inhérente et fondatrice de l'”empire” US (ce qui peut expliquer que ce soit pas trop un problème, puisqu’elle est inscrite dans l’identité US (cf. le 2e amendement de la Constitution)
    Un exemple, peut-être pas parmi tant d’autre, de cette critique portée à la société dans son ensemble par le prisme viet : Rambo (premier du nom ou First Blood réalisé par Ted Kotcheff et sorti en 1982), raconte l’histoire de John Rambo, ancien du Vietnam qui rentre dans son pays et qui y est accueilli comme un criminel. Pour Rambo la guerre se poursuit dans la forêt US. La fin officielle montre une réconciliation et ouvre la voie aux suites. Mais une autre fin à été tournée, beaucoup plus logique avec l’ensemble du film, qui montre la mort de Rambo.
    http://www.youtube.com/watch?v=cg7wy4X0Y8c
    On a là, presque en temps réel pourrait-on dire, la réappropriation de la violence, ou plutôt de l’idéologie qu’elle véhicule, au profit du système US (et plus contre celui-ci comme dans Apocalypse Now pour cité un autre exemple manifeste.)
    Dès lors, cette violence va pouvoir laisser libre court à ses instincts, puisqu’il serve désormais l’idéologie officielle.
    Première étape de ce retournement (après la seconde fin de Rambo I) : Rambo II (Rambo : First Blood Part 2 – 1985) dans lequel Rambo est renvoyé au Vietnam pour gagner la guerre de façon posthume (et pour contre signé sa définitive réappropriation par le système par la même occasion.) alors qu’il est évident dès les premières images de Rambo I que le personnage préfèrerait fuir au Canada ou se faire tuer sur place plutôt que de retourné là-bas… Désormais Rambo est l’outil de propagande du système, hors du temps (début de chaque film à partir du II) est pourtant au prise avec l’actualité la plus brûlante (on dit omniscient, non ?) :
    Rambo III – 1988, dans lequel Rambo est envoyé (« est envoyé », il est donc agit, alors que dans Rambo I il agit de son propre grès, noter la subtilité) en Afganisthan afin d’aider les Talibans sous-développés à chasser les vilains et barbares soviétiques avec un arc et une flèche (sous-texte : la technologie soviet est ringarde, les afghans sont tous de paisibles éleveurs de chèvres qui savent même pas se servir d’un arc.)
    Plus léger au niveau idéologique, John Rambo (IV) réalisé par Stallone poursuit néanmoins son combat contre ce qu’on désigne désormais explicitement comme l’Axe du Mal : à l’ordre du jour la Birmanie dont il s’agit d’éliminer la moitié de la population (au moins) de la manière la plus violente possible afin de rétablir la démocratie.
    Encore une victoire de Rambo, le béret vert ascète et pacifique en qui sommeille une machine de destruction (massive ajouterons les mauvaises langues.) mais surtout le fantôme incarnant l’idéologie de la Terre promise chère aux premiers colons européens qui débarquèrent en Amérique afin de civiliser par leurs idéaux d’égalité et de liberté un terre sauvage et des êtres plus proches des animaux que des WASP.
    A coup de fusils mitrailleurs.

  4. Intéressant ! La critique de Mad Movies au moment de la sortie cinéma tentait de prouver que Rambo IV était très différent du II et du III dans le fond. Un article bien construit. Puis le même magazine détruisait le Director’s cut sorti bien plus tard en dvd en expliquant pourquoi, par de subtiles modifications de montage, il modifiait en profondeur le propos et rendait le film beaucoup moins bon. Il est possible que Stallone n’est pas fait exprès de pondre une narration efficace (si on la considère efficace) pour son premier montage. De mon côté je n’ai pas vraiment saisi de profondeur dans ce John Rambo très bourrin. Au cinéma il faisait son petit effet, mais sur petit écran on constate rapidement que Stallone n’est pas McT et que son histoire prévisible du début à la fin a du mal à nous transporter.

  5. Je n’ai jamais lu Mad Movies. Néanmoins j’ai déjà jeté des coup d’oeil à d’autres revues de cinéma et je trouve que lire des revues de cinéma est souvent très ennuyeux.. De la communication basée sur de la communication, basée sur de la communication,etc. On pourrait filer une métaphore génétique en disant que ça ressemble beaucoup à la reproduction entre frère et soeur… Et cela sans même parlé des personnes qui écrivent dans ces revues, qui ont bien souvent intérêt à écrire ce qu’elles écrivent. (Intérêt pas forcément en rapport avec la création cinématographique cela va sans dire)
    Néanmoins ça m’intéresserait de connaître les arguments qu’ils ont développés pour dire que le IV est différent ? Personnellement je dirai qu’il est beaucoup moins “prenant” que le 2 ou le 3 dans lesquels les contextes sont vaguement esquissés. C’est l’aspect le plus intéressant des rambo pour moi, ce qui se passe avant le combat, ou entre les combat, c’est la propagande américaine, le discours lui-même. D’ailleurs dans Rambo I, Rambo refuse obstinément de tuer les flics et les militaires, sa seule victime sera lui-même à la fin du film si j’ai bonne mémoire. Le contraste est fort avec le IV où y’a presque plus de “hors-combat” (dans mes souvenirs y’a que du combat dans le IV, c’est la “grosse” différence avec les autres….)

  6. En repensant au premier film on a tout de suite envie de s’y replonger ! Et cette musique magnifique de Jerry Goldsmith…
    Les revues de cinéma… Je comprends totalement ! Pour ma part je suis souvent en désaccord avec les rédacteurs de Mad/Impact ou Brazil (les seuls que j’achète par moment), mais on y trouve aussi des articles intéressants, à défaut d’être pertinents. Je suis allé voir la rédaction de Mad de mes propres yeux à Paris, pour papoter un peu avec le rédacteur en chef, qui à l’époque n’était pas chef. Un bon souvenir. Je crois qu’ils sont un peu trop déconnectés de l’underground, ils passent trop de temps à écrire sur des navets (parfois ils le font avec humour et là c’est drôle), mais ils ont aussi leurs fulgurances. Finalement si on garde une liberté de penser, lire la presse reste une bonne chose. Maintenant quand je peux j’essaye de me procurer des fanzines spécialisés, quand je trouve des sujets qui m’intéressent.
    Et pour revenir à Rambo, j’aimerais me refaire les trois premiers tiens, histoire de faire mes ptites comparaisons. Mais le 1 semble être le plus solide de toute façon.

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