Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg

Vinyan

Là où nous allons quand nous devenons fous.

Pas vu Calvaire à sa sortie, aucun pré-écho de Vinyan à part son pitch casse-gueule (Thaïlande, jungle, Tsunami) et l’idée que Fabrice du Welz était un Belge bizarre et provocateur. Voilà pour mon état d’avant : je m’attendais à rien. Et le film m’a pris par surprise, m’a roué de coup et laissé dans le fossé. Une belle immersion pour du très très bon cinoche.

D’une certaine façon, Vinyan est un film en huis clos : nous sommes dans la tête de Rufus Sewell, ce père désespéré, et nous voyons notre compagne sombrer dans la folie. Le monde est une projection d’états mentaux, une mise en forme de la douleur : l’Asie du sud-est, moite, grouillante, incompréhensible. Traversée par le corps d’Emmanuel Béart, omniprésent, torturé par l’espoir, la colère.
Cette grande violence, même explicite à l’écran, est toujours avant tout mentale : c’est celle de l’inconcevable horreur du deuil. Et c’est bien ce qui fait de Vinyan un récit dérangeant, une histoire qui gratte au fond du crâne, qui agace et qui marque. Peut-être y a-t-il un glissement fantastique dans le récit, sans doute aussi l’argument l’est-il depuis le début. Du Welz, ici, ne traite pas du monde perçu, mais du monde ressenti.
Plein de belles références viennent à l’esprit après coup. L’Enfer de Chabrol pour ce traitement physique de la folie, pour Emmanuelle Béart déjà parfaite. Et puis les grands films de jungle pour les séquences de forêt, ceux d’Herzog en particulier. On pense très vite à Grandrieux, aussi, pour certains passages abstraits où le son prend une place décisive.
Le seul reproche, peut-être, est la grande variété de techniques de prise de vue et de photo que mélange la réalisation. C’est fait avec un brio presque constant (et quelques vraies prouesses), sortes de gammes deluxe pour l’équipe technique. Mais Vinyan aurait sans doute encore gagné à être filmé de façon plus sèche et serrée. Ce qui relève vraiment de la pinaille…
Car Vinyan est vraiment un très beau film, à la fois sensible à la douleur qu’il met en scène et d’une grande rudesse. A une ou deux reprises j’ai eu l’impression de taquiner l’au-delà de la ligne, là où ne me traînent que les films les plus dérangeants, que précèdent invariablement des réputations sulfureuses.

Du Welz est une brute de talent. Il bosse aux frontières. Il a 35 ans. Ca veut dire qu’on en prend pour des décennies et, sauf embrouille, un ou deux purs chefs-d’oeuvre.

Allez-y voir si vous me croyez pas.

Léo

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6 commentaires sur “Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg”
  1. Impatiente de découvrir l’œuvre cinématographique de monsieur Fabrice Du Welz, que je ne connaissais pas auparavant. Et tout particulièrement Vynian, dont la bande annonce est tout simplement formidable et attractive !

  2. Pour Udeka:

    Si tout va bien, viendra un jour où tu en apprendras plus sur le village de DEAD BONES… 😉

  3. J’ai maté ROCHES ROUGES! Sans doute le meilleur court de genre que j’ai vu depuis bien longtemps! Enfin une vraie histoire servie par de vrais comédiens! Une réal nerveuse et la musique cartonne! Non, franchement, ça tape dur! Certaines scènes foutent vraiment mal à l’aise…

    Pour BLOODY CURRENT EXCHANGE, c’est la seconde fois que je le vois. Une ambiance soignée, mais l’histoire, j’y pige rien, et c’est quand même un peu long. En revanche, Philippe Nahon est énorme! Le vrai atout du film?

  4. La course à la mort : assez bon film d’action de type fast and furious en futuriste et plus pyrotechnique. Je ne me suis pas ennuyé. Les perso sont tous originaux (ah la directrice de la prison super polie/pincée/coincée qui crache 10 jurons dans le dernier plan). Les bagnoles sont aussi bien foutues et surarmées. Les cascades sont originales et les rebondissements nombreux.
    Ca reste bien sûr totalement décérébré et ç’aurait été mieux si le cadreur n’avait pas bu 10 litres de Red Bull. La caméra est sécouée inutilement pour faire style “ça va vite”.

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