Le 16ème Festival du Film Fantastique de Gérardmer

MORSE (Grand Prix et Prix de la critique)

De Thomas Alfredson, adaptation du roman de John Ajvide Lindqvist.

L’Histoire :

1982, une banlieue pauvre de Stockholm. Oskar, un petit garçon fragile qui vit seul avec sa mère, est rejeté par les petits merdeux de sa classe. Une maman toujours au travail, un papa absent (pléonasme) et alcoolique, Oskar va quotidiennement défouler ses pulsions violentes sur un arbre de sa cour, imaginant étriper le petit salopard dont il est le souffre-douleur. C’est là qu’il rencontre sa nouvelle voisine Eli, une petite fille de douze ans aux cheveux gras qui se promène pieds nus dans la neige tous les soirs. Une idylle naît entre ces deux enfants marginaux et solitaires tandis que des disparitions de jeunes garçons suscitent l’émotion à l’école. L’homme vivant avec Eli, que l’on suppose être son père, est à l’origine de ces disparitions. La nuit venue, il s’en va assommer ses victimes pour les saigner comme des cochons avec la même compétence que les ravisseurs de Fargo, afin de ramener des sceaux de sang frais à la petite fille. Oskar ne tarde pas à découvrir qu’Eli est un vampire.

C’est quoi qu’c’est ?

Ni plus ni moins que de la poésie filmée. D’une subtilisée et d’un sobriété inédites, le film narre avec génie une idylle entre deux enfants en souffrance, dont le passage à l’âge adulte se fait dans le sang. Le vampire, pourtant symbole de relation énergivore, est ici à l’origine d’un amour inconditionnel et sans compromis. Oscillant entre romance poétique et orgies frénétiques avec une délicatesse incroyable, Alfredson nous livre une œuvre extraordinairement maîtrisée : certains plans sont d’une telle beauté qu’ils pourraient être exposés au Louvre. Les deux gamins sont formidables de justesse, jouant les émotions contenues avec brio. Le réalisateur suédois passe de la suggestion à l’horreur crue avec talent, nous offrant une Eli tantôt attachante, tantôt bête sauvage lapant le sang ou égorgeant ses victimes telle un chien enragé. Réalisé avec humilité et pudeur, Morse ne sombre jamais dans le gore gratuit ou l’aspect putassier d’un Twilight et contourne la facilité et la complaisance à chaque plan.

A noter que le mythe du vampirisme, abordé de façon classique et respectueuse, s’adapte parfaitement au réalisme de la réalisation. Aussi les vampires brulent au contact d’un rayon de soleil, ont une force surhumaine, ne vieillissent pas, doivent se nourrir de sang sous peine de mourir, volent, grimpent aux arbres comme les chats qui les ont en horreur et ne peuvent pas s’introduire chez quelqu’un sans y avoir été invités. Pourtant, à aucun moment du film vous ne verrez un croc ou même un vampire s’envoler.

L’aspect délibérément vieillot et eighties des décors et surtout des nippes des protagonistes m’a cependant quelque peu rebuté, n’étant pas franchement adepte des HLM, des pulls roses boulochés ou des pantalons à velours. Oui, je sais, je suis superficiel, mais l’aspect visuel un peu Truffaut sur les bords n’a pas toute ma sympathie. J’ai trouvé également certains plans trop longs et la lenteur du film, qui n’est pas sans rappeler ceux de Gus van Sant, se fait parfois un peu trop ressentir. Surtout après une choucroute ( j’avais le mal du pays, j’ai craqué).

J’oubliais… un remake US du film est déjà prévu. Alors, heureux?

A voir avec :

Un Redbull.

1 commentaires sur “Le 16ème Festival du Film Fantastique de Gérardmer”
  1. Super gonzo compte-rendu. Merci Cédric. J’espère que tu as été bien payé.
    A noter que Paris by night of the living dead est visible en VOD sur l’offre de SFR/Neuf. Même en HD il me semble ! Par contre, je crois qu’il faut se dépêcher. Le film ne révolutionne pas grand chose mais c’est plutôt fun dans le genre. Roland Emmerich devrait aimer (la Tour Eiffel dégringole).

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