Mutants, de David Morley

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Sans le savoir, le jeune réalisateur David Morley a réalisé un film qui a muté, un peu comme la grippe A. Une mutation est une erreur dans la reproduction de l’ADN. Ainsi, Mutants est un film fantastique qui contient tous les ingrédients du genre mais qui a subi quelques erreurs dans sa structure.

L’intrigue puise allègrement dans les films de zombies avant de virer au succédané de La Mouche, de David Cronenberg. Un jeune couple fuit dans les montagnes enneigées pour échapper à une infection. Ils se retrouvent seuls dans un sanatorium désaffecté. Mais bientôt humains et créatures vont faire leur apparition…

Visiblement très marqué par 28 semaines plus tard, ses zombies sportifs, son rythme effréné et ses débordements gores, David Morley ne prend même pas la peine de nous expliquer le virus. La séquence d’introduction suggère quelque chose mais cela n’est pas très clair. On voit des gens attaquer d’autres gens mais dans un flou artistique. La suite du film est difficilement crédible : une jeune femme du GIGN (mais qui manie parfois son fusil avec la classe de Derrick) fait un bout de route avec notre couple avant de mourir. On ne comprend pas vraiment l’utilité du personnage. Le réalisateur trahit à plusieurs reprises son goût pour les scènes “gores” un peu too much. Ce ne serait pas trop gênant si le sujet du film n’était pas traité sérieusement sur presque toute sa longueur.

L’arrivée au sanatorium constitue un tournant. La photographie qui faisait la part belle aux environs enneigés, devient de plus en plus grise et glacée. L’atmosphère est la partie réussie du film. D’un point de vue esthétique, la cohérence est là et les lieux exceptionnels ont été correctement exploités. Une véritable aura, aussi mystérieuse qu’inquiétante, règne sur ce centre de repos laissé à l’abandon. Marco est contaminé et commence à se transformer sous les yeux de sa compagne. On pense bien sûr à La Mouche où Geena Davis devait également gérer et accompagner la transformation inexorable de son compagnon, dont la mutation n’est autre qu’une métaphore du cancer. Malgré sa filiation cronenberguienne, il faut avouer que c’est la partie du film qui provoque le plus d’empathie. Et ce, grâce à deux éléments. D’abord Francis Renaud interprète avec beaucoup d’implication un Marco  qui va péter un plomb et devenir de plus en plus agressif à mesure que le virus infecte son sang. Le comédien est crédible, et passe subtilement du type sympa et inoffensif au mutant…moins sympa et belliqueux. Ensuite, l’autre force du film tient dans les maquillages spéciaux réussis, opérés sur le même Francis Renaud et qui le transforment lentement en bête sauvage.

La suite du film se laisse suivre sans ennui mais sans excitation non plus. Une bande de baroudeurs bourrins de série B investissent les lieux et dézinguent du mutant à tout va. Le film est symptomatique de la “nouvelle vague” de films de genre français. Techniquement, il n’y a rien à redire mais l’histoire a été vue et revue. De plus, un manque de maturité empêche que les influences soient digérées plutôt que recrachées telles quelles.

Le dvd contient un petit entretien avec David Morley. Ce dernier est très lucide dans sa vision du film et ses inspirations sont claires. Ces aveux font qu’il en résulte un film somme toute honnête à défaut d’être original.

On retrouve dans les bonus le court-métrage Morsure du même réalisateur. C’est en fait une “démo” de Mutants car il contient déjà tous les thèmes du long-métrage.

Déjà disponible en dvd chez CTV International.

mutants

2 commentaires sur “Mutants, de David Morley”
  1. Je pense que c’est fait exprès. Pour le bad guy en tout cas. Il est volontairement caricatural. Le réal. a dû vouloir se faire plaisir en intégrant de la “punch line”. Mais c’est ce mélange qui est pas clair. Un moment c’est too much et on se marre et parfois c’est sérieux (la relation entre Monsieur Mutant et sa femme).

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