Dan O’Bannon

Première partie

Les années 70 – Première partie : De Dark Star à Dune… Apprentissage du métier, apprentissage de l’échec.

"Je suis toujours allé au cinéma. J’adore les films. J’ai toujours su que c’était ce que je voulais faire, mais mon éducation me poussait à croire qu’on ne pouvait pas en vivre." – Dan O’ Bannon – Alien Quadrilogy – Documentaire "Star Beast".

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À l’UCLA, Caroline du Sud, O’Bannon aborde le cinéma avec un autre étudiant appelé à devenir célèbre : John Carpenter. Dark Star, le film de fin d’études de Carpenter prendra de l’ampleur sur quatre ans pour lorgner vers l’édition en salles. Dès le début, O’Bannon s’implique sur tout. Il sera monteur, acteur, scénariste, superviseur des effets visuels et sans le savoir encore prépare la bouture de ce qui deviendra Alien. C’est aussi le premier bras de fer avec un producteur : Jack Harris. Carpenter et O’Bannon finissent par se brouiller tant Carpenter est excédé que son comparse occupe son espace de metteur en scène de façon envahissante.

Le film attire l’attention de Ronald Shusett. Quand Shusett rencontre O’Bannon, il  lui affirme qu’il a les droits de la nouvelle Souvenirs à vendre (We Can Remember It for You Wholesale, écrite en 1966) de Phillip K. Dick. Le courant passe tout de suite entre les deux hommes. O’Bannon lui fait part de son projet personnel : il s’échine depuis un an sur un scénario, "un vrai film d’horreur". Il tient le premier acte mais patine. Shusett est conquis par les vingt-neuf pages écrites. Roger Corman serait envisagé pour sa future production.

Ensuite, O’Bannon collabora avec le dessinateur Moebius sur deux bandes dessinées en 1976 : L’homme est-il bon ? et The Long Tomorrow. Mais surtout, il va participer au pharaonique projet de SF des années 70 : le Dune d’Alejandro Jodorowski. Une production qui prendra des proportions épiques de 1973 à 1977. Le projet était fou, à la limite de l’invraisemblable. Dune devait changer la face de la science-fiction.

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Jodorowsky à l’époque d’El Topo

Pensez-donc, un producteur français (Michel Seydoux) qui débloque des moyens généreux pour une saga épique et mystique par le réalisateur d’El Topo (rien que cette phrase touche à la science-fiction, déjà) réunissant des artistes tous plus déterminants les uns que les autres : Moebius, Corben, Hans Rudi Giger, Christopher Foss… Pink Floyd, Tangerine Dream, Gong, Mike Oldfield sont envisagés pour la musique. Pour les acteurs, sont prévus Orson Welles, Salvador Dali, Alain Delon, Mick Jagger, David Carradine…

Douglas Trumbull (2001, Silent Running) est pressenti un temps aux effets spéciaux mais Jodorowski ne le supporte pas. C’est ensuite que le chilien découvre Dark Star, qui lui fait repérer O’Bannon. Ravi, celui-ci accepte alors d’être de la partie comme directeur des effets spéciaux et pour travailler sur l’histoire. O’Bannon emménage à Paris, l’épicentre de Dune, pour l’occasion. Dans la capitale, il découvre une exposition d’un artiste suisse très spécial. Avec Jodorowski, ils vont rencontrer Hans Rudi Giger, dont les créations cauchemardesques tétanisent O’Bannon.

Rien ne semble inaccessible pour Jodorowski, rien n’est trop ambitieux. Le futur s’avère mirifique, grandiose…

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Sauf que le projet Dune était peut-être trop démesuré, trop beau pour être vrai, naissant trop tôt pour ne pas avorter et il rentra directement dans le mur alors qu’il était sur les rails. Les producteurs effrayés par la somme colossale pour l’époque qui grimpe à trente millions de dollars bloquent tout. Net. Et qu’importe les années de travail effectuées. C’est entre autre, 3000 dessins de Moebius et plus de mille pages de script qui passent à la trappe. Selon le réalisateur de La Montagne Sacrée, toutes ces recherches ne seront pas perdues pour tout le monde tant elles ont circulé à Hollywood.

Conséquence directe de la chute du projet : O’Bannon est cassé psychologiquement en deux.

Laissons la place aux mots de Jodorowsky :

"Quand on ne l’a pas fait, O’Bannon est entré dans un hôpital psychiatrique. Après, il est revenu à la lutte avec rage et a écrit douze scripts qui lui furent refusés. Le treizième fut Alien. Comme lui, tous ceux qui ont participé à la montée et à la chute du projet Dune ont appris à tomber mille fois avec une obstination farouche jusqu’à apprendre à se tenir debout. Je me rappelle mon vieux père qui, en mourant heureux, me disait : « Mon fils, dans ma vie, j’ai triomphé parce que j’ai appris à rater » ."

Le projet Dune explose en morceaux en 1977, et avec lui, pour longtemps, l’espoir d’une SF cinématographique européenne de grande envergure. La même année, Star Wars sort sur les écrans.

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