FEFFS – Episode 4

Rétrospective “Italian Pop”

Compte-rendu de Nosfé, suite

À y regarder comme ça, elle semble assez aléatoire, cette rétrospective : Du fantastique, de la SF, du polar, de l’adaptation de BD, du film érotique… Seulement, au delà de leur nationalité d’origine, ces 7 films ont en commun leur époque de production : Celle du tournant 60’s-70’s. Une époque qui, en Italie comme ailleurs, est synonyme de liberté, d’utopie sociale et politique, de folie créatrice. Le fascisme et la guerre ne sont plus que des lointains souvenirs, les années de plomb ne sont pas encore là, et les “culs serrés” de la Démocratie Chrétienne toujours au pouvoir ne peuvent rien contre ce miracle italien (ainsi qu’on appelle cette reconstruction d’après-guerre aux allures de boum économique) qui ne demande qu’à s’épanouir pleinement. Il y a cette envie de liberté, de se libérer des contraintes, de profiter de cette modernité florissante et d’un modèle anglo-saxon qui fait rêver toute l’europe. Une part d’hédonisme purement méditérannéene en plus. Le rêve américain se mêle à la Dolce Vita.

Au cinéma, cela se traduit par des films jetant aux orties tout ce qui faisait le courant néo-réaliste, et plus encore la bonne morale du “néoréalisme rose” à la Pane, amore e fantasia. De ce néo-réalisme, et de la Nouvelle Vague française, on ne garde principalement que la liberté de l’esprit et de mouvement (tant pour la caméra qu’à l’écriture des script), et aussi un peu de l’esprit baroque d’un Frederico Fellini. Des films libres, fous, colorés, foncièrement beaux (ici, pas de “gueule” à la Leone en gros plan : Acteurs et actrices sont de vrais gravure de mode) ; des films semblant légers et nonchalants malgré, parfois, la gravité de leurs sujets, et ce notamment de part l’importance donné à la musique; des films osés, outranciers dans leur parti-pris esthétique, et surtout étonnement modernes, presque post-moderne tant ils jouent sur une hypertextualité qui, si elle les ancrent pleinement dans leur époque, fait aujourd’hui toute leur valeur.

Baba Yaga de Corrado Farina

Meilleur représentant de cette liberté dans la narration et de cette hypertextualité, ce Baba Yaga dans lequel on retrouve aussi bien un fantastique à la Edgar Poe ou, plus généralement, hérité des auteurs classiques du genre (un personnage de “sorcière”, mystérieuse et omnisciente à comparer à William Wilson, une poupée maléfique à comparé à la Vénus d’Îlle, un appareil photo maudit, une maison “hantée” contenant un passage vers l’inconnu…) que des discours sur l’Art et la société (on y parle de Godard, de racisme, de religion; on a une critique de ce milieu artistique plein de conviction gauchisante mais contraint de tourner des publicités), des références directe à la bande dessinée (le film est adapté de la BD érotique Valentina de Guido Crépax dont les images sert au générique, et Farina découpe certaines scènes en une suite d’images fixes se répondant) ou au cinéma (les personnages vont voir Le Golem de Weneger), voir des références plus indirecte (Valentina – dont le look est inspiré de Louise Brooks – étant photographe, impossible de ne pas pensé au Blow Up d’Antonionni, quant à certains plans, ils semblent tout droit sortis d’un giallo – la main ganté sonnant à la porte, l’attaque de la “poupée” -)… Ce a quoi il faut ajouter une orientation délibérément sexy, avec saphisme et sado-masochisme, de l’onirisme barré contaminant la réalité (ouais, des scènes de cauchemars avec des uniformes nazis ! Ouais, elle rêve qu’elle se fait fouetter !), et une musique qui passe du funk rythmé pour les scènes de séance photo à une partition au piano étrangement mélancolique dès qu’apparait Baba Yaga. Avec autant d’influences, le film ne manque pas d’errer d’un extrême à l’autre, manquant de perdre les spectateurs les moins indulgents….

Et ce, dès cette scène d’introduction qui aurait certainement plu à Alejandro Jodorowsky : Dans un cimetière, une troupe d’artiste s’amusent, entre happening théatral en forme de critique des Etat-Unis (jolie squaw, commandant de cavalerie à Ray-Ban et GI à l’appui), figure christique déclamant son texte, et orgie. Et la police arrive. Valentina était parmi ces artistes, et dans sa fuite, elle manque de se faire renverser par une voiture. Au volant de cette Rolls-Royce blanche, point de Gainsbourg recherchant sa Melody Nelson, mais une vieille femme, aux allures bourgeoise; elle lui dit s’appeller Baba Yaga, et prétend que leur rencontre ne doit rien au hasard… Cette Baba Yaga (qui n’a donc, malgré son nom, rien à voir avec le folkore russe) c’est l’actrice américaine Caroll Baker, qui lui donne son aura de vamp manipulatrice (Et hop, le Vampyr de Dreyer comme autre source d’inspiration). Face à elle, Valentina est joué par Isabelle De Funès, nièce de Louis, sorte de femme-enfant aux allures de Calimero, qui semble, et c’est un des défaut du film, bien peu recptive aux événements auxquelles elle se retrouve liée. Et elle est vaguement amoureuse d’un George Eastman, qui, loin de ses futurs rôles d’anthropophage et de gladiateur post-nuke, joue ici un cinéaste cynique et sympathique.

Le film, ainsi qu’il a été présenté au FEFFS, en présence de Corrado Farina lui-même, était dans une version “director’s cut”, laquelle tient surtout, outre la scène du cimetière décrite plus haut, dans quelques plans de nu censurée à l’époque. Au final, une oeuvre assez déroutante, inclassable. Subjectivement parlant, un gros coup de coeur.

Col Cuore in Gola de Tinto Brass

Connu en France sous le titre En Cinquième Vitesse, Col Cuore in Gola fait lui aussi directement référence à Blow Up. Thématiquement, tout d’abord, puisqu’il s’agit de l’enquête d’un quidam sur un meurtre auquel finalement rien ne l’attache. (Meurtre qui a par ailleurs comme mobile… une photo.). Narrativement, puisque le personnage de Bernard, joué par Jean-Louis Trintignant, est un acteur qui n’a de cesse de faire des citations, que se soit à l’écran ou en voix-off ; et Bernard de citer Antonioni. Et puis c’est un film italien tourné en Angleterre (à Londres, précisément).

Pour le reste, sur le papier, cela ressemble à un polar on ne peut plus classique : l’enquêteur, une affaire qui le dépasse, la femme fatale (la blonde et belle Ewa Aulin, la Candy du film de Christian Marquand), l’ami ambigu, les hommes de mains (dont un nain!), et une révélation finale pleine de surprise.

Seulement, Tinto Brass filme tout cela en jouant les Godard à l’italienne. Promenant sa caméra sur des quidams, tournant en pleine rue ou dans le métro londonien, détournant au sein d’un montage rapide des éléments du mobilier urbain (pancartes servant de “commentaire” au récit), usant en abusant de filtres de couleurs ou d’images en sépia, décorant les appartements de ses personnages à coup d’affiches de films, de photos, de dessins, et d’objets incongrus comme si il faisait un collage dadaïste, jouant avec l’accéléré, s’essayant même au split-screen, composant son écran comme une page de BD, et s’appuyant sur une bande-son pop (avec une jolie ballade de crooner en générique), Brass offre à son film une ambiance toute particulière, entre froid et chaud, grisaille extérieur et couleur des personnages qui semble, notamment Bernard, prendre cette aventure avec recul, distance, légèreté. Et après tout, il a raison, on est en plein Swinging London, l’intrigue se noue et se dénoue dans des soirées, il se défait facilement des hommes de main, la police est au abonnés absents, cette aventure n’est qu’un jeu. Et le voilà amoureux, par dessus le marché…

Evidemment, venant du réalisateur de Salon Kitty, cette chaleur des personnages et cette distance vis-à-vis des événements tient aussi dans un érotisme bon teint : il faut voir Jane, ligotée en dessous sexy sur un lit, être libérée et dès la séquence suivante exécuté un strip-tease…

Au final, outre celle de cette tendance Pop du cinéma italien, c’est surtout d’une Nouvelle Vague dans ce qu’elle peut avoir de léger et détaché dont on sent l’influence dans ce film, même si cette légèreté ne se sépare jamais d’une certaine mélancolie. l’Idée sans doute qu’il ne s’agit là que d’une “parenthèse enchantée”.

Diabolik de Mario Bava

Que dire sur ce film qui n’ait déjà été dit ? Véritable manifeste esthétique de cette période du cinéma italien, élément le plus représentatif de l’esprit de cette rétrospective, Diabolik joue sur tous les tableaux, pouvant aussi bien être regardé au premier degré qu’avec beaucoup de recul et un esprit moqueur face à la naïveté parfaitement assumée de l’ensemble. Mais ce serait oublier que l’adaptation du Fumetto des soeurs Giussani est une véritable perle d’un cinéma un peu trop vite estampillé “bis”. Lorgnant sur les James Bond de la même époque et sur les Fantomas de Hunebelle, en y ajoutant une large part de psychédélisme, Diabolik est de ces films pour lesquels on ne peut ressentir que de la sympathie. John Philip Law, hiératique au possible, joue tout sur son magnétisme certain, Adolfo Celi semble échapper d’Opération Tonnerre, Terry Thomas de La grande Vadrouille (ou de son rôle du gaffeur Cousin Archie d’Amicalement Votre), et Michel Piccoli, gage de la participation de la France à cette production (De Laurentiis voulait notamment Alain Delon dans le rôle titre) joue avec une conviction toute relative l’inspecteur Ginko, némésis de Diabolik. Quant à l’autrichienne inconnue Marisa Mell, elle prète sa plastique parfaite (on ne lui en demande guère plus) à Eva Kant, complice et amante de Diabolik (et remplace agréablement Catherine Deneuve, pressentie un temps pour ce rôle).

Des gadgets parfois absurdes, des effets visuels datés et rigolos (mais parfaitement exécuté pour la plupart: Mario Bava était un technicien talentueux avant d’être réalisateur), des pirouettes inutiles, des explosions de maquettes, un technicolor flamboyant qui tuerait sur place le premier daltonien venu, une musique lorgnant vers la pop psychédélique anglaise et signée du grand Ennio Morricone qui, pour rester en accord avec l’image, semble accélérée comme dans un cartoon… Qu’on ce le dise, Diabolik, qui a été diffusé au FEFFS, pour un charme nostalgique encore plus perceptible, dans une copie 35mm en version française, est un authentique film culte. Sans doute pas un chef-d’oeuvre au sens strict du terme (Mario Bava en a quelques autres au compteur), mais un de ces films qui vous donne la banane les dimanches de grisaille et les soirs de spleen.

Femina Ridens de Piero Schivazappa

Prenant pleinement pied dans son époque, ce cinéma “pop”, auquel il faut également avoué des penchants racoleurs, ne peut que s’intéresser à la libération des moeurs, à la sexualité (autrement que par les tenues plus que légère des actrices), à l’émergence de vrais mouvements féministes. Et c’est bien là toute la thématique de ce drôle de film.

Femina Ridens, c’est la rencontre entre le docteur Sayer (joué par un glacial Philippe Leroy), homme brillant et riche, véritablement obsédé par la perfection, et Maria, journaliste prétextant vouloir l’interviewer, qu’il séquestre. Sayer est un misogyne, un personnage véritablement schizophrène, qui se prétend même assassin, et qui voit dans la “stérilisation masculine” (le thème de l’interview que lui propose Maria) ni plus ni moins qu’une prise de pouvoir par les femmes, et qui va vouloir, via une série d’épreuves, d’humiliations, de pratiques à rapprocher du bondage et du sadomasochisme, rappeler à Maria sa “place”, et l’obligation de s’y soumettre, de s’y épanouir sans demander son reste. S’établit alors entre eux une relation de maîtrise et de servitude purement hégelienne, chacun se révélant au fur et à mesure tant à lui-même qu’à l’autre. Mais Maria, en une scène de danse lascive et dénudée, va renverser la situation, et devenir à son tour maîtresse jouant avec son esclave, ses armes étant autrement plus puissante que les menottes de Sayer: La séduction et le désir. Et dans une lune de miel idyllique – et volontairement risible -, notre mâle alpha va se retrouver à l’état de petit chien faisant des tours pour plaire à sa maîtresse, étant perdu et déboussolé dès qu’elle disparait. Et cette emprise féminine de se révéler autrement plus puissante qu’on ne le crois.

Le film semble ainsi avoir une construction bancale, passant du manifeste phallocrate – SM à celui pro-féministe, tout en étant entrecoupé de scène autour de la très symbolique sculpture She – a Cathedral de Nikki de Saint Phalle. Avec au final, cette logique qui ressort : Si Sayer – l’homme – est maître chez lui, dans sa maison ultramoderne ( C’est l’époque, en Italie, de l’émergence d’un renouveau du design, notamment dans l’architecture et le mobilier, lequel puise son inspiration tant dans le modernisme d’avant-guerre que dans un “bio-design” naissant; et la maison de Sayer en est un véritable catalogue), mais un retour à la nature ou à un extérieur moins artificiel le ramène à sa soumission. Et là le spectateur de se souvenir du début du film, de la présentation des personnages, dans de larges bâtiments historiques. Des lieux de pouvoir où les hommes parlent, se montrent, se permettent quelques bassesses, mais où ce sont les femmes – la secrétaire de Sayer – qui, au final, gèrent les choses.

On peut penser à un Quand l’embryon part braconner en moins extrême, moins radical, moins désespéré. et autrement plus coloré.

Esotika, Erotika, Psicotika de Radley Metzger

L’autre film délibérément tourné vers l’érotisme de la sélection, c’est cet objet buñuelien en diable. Un couple de bourgeois et leur fils regarde un film érotique avec lassitude. Se rendant à une fête foraine, ils y croisent, dans un spectacle de cascades à motos, une jeune femme en laquelle ils reconnaissent une des actrices du film. Intrigués, ils l’invitent dans leur château. Mais, elle présente, le film semble ne plus être le même, et lentement, sourdement, le malaise monte. Elle est l’élément perturbateur, le catalyseur. Chacun, au cours du séjour de l’accorte demoiselle en leur compagnie, va révéler, à elles, à tous, les fêlures, blessures et autres tension interne au sein de la petite famille. Il vont se déchirer, entre eux, et l’aimer, elle.

Du Buñuel, donc, dans cette description de riches oisifs,et un thème qui rappelle aussi le Visitor Q de Takashi Miike. Mais loin de la froideur crasse de celui-ci, Esotika, Erotika Psicotika joue sur un onirisme certain, sur la perte de repère qu’entraine cette femme : le film érotique change, la réalité est l’espace sont chamboulés (l’errance dans les couloirs du château ; la mise en scène jouant pleinement sur les différents niveau offert par son architecture), les valeurs morales et sociales sont renversés (Oui, elle couche bien avec tous les membres de la famille; elle pousse le père au saccage de sa bibliothèque). Et il y a cette dimension psychédélique qu’on retrouve au montage par la répétitions de certains plans : le château et les décors du film, les corps se confondent. Et la caméra de passer derrière l’écran pendant le visonnage du film érotique, de filmer quelque chose d’autre quand quelqu’un parle… Ajoutons-y les scènes de sexe, un zeste de violence, et un twist final particulièrement bien amené, et le film tend alors à plus ressembler à une sorte de Videodrome inversé qu’à du José Bénazéraf…

Quelques décors et tenues purement 60’s, une belle part de provoc’ (le sol de la bibliothèque qui accumule, sous forme d’agrandissant de pages de dictionnaire, les termes sexuels…),et voilà une belle curiosité surréaliste qui pâtit malgré tout d’un rythme un peu pataud. D’autant que, lors de la projection la différence entre la version italienne et la version anglaise (en clair, nous avions les sous-titres de l’anglaise avec la bande-son italienne) n’ont pas arrangés la pleine compréhension des conversations.

Satanik de Piero Vivarelli

Si Diabolik reste, aujourd’hui encore, un des Fumetti les plus connu hors des frontières italiennes, il n’a pas manqué d’inspirer très rapidement copies et autres succédanés. Satanik est de ceux-là, et ce dès le format bande dessinée. Mais le personnage est autrement construit : A la figure du super-vilain insaisissable, on ajoute aussi une part de Docteur Jekyll et Mister Hyde et beaucoup de charme, car Satanik est une femme: Marnie Bannister est une savante vieille et quelque peu défigurée. Ayantr mis au point une sorte d’élixir de Jouvence, elle se transforme en une splendide jeune femme, mais avec des rechute à son état premier et des pulsions de violence.Devenue fugitive, elle profite de ses charmes pour s’offrir la vie dont elle rêve, quitte à semer les cadavres.

Le ton est donc moins léger, lorgnant sur le fantastique. Mais le film manque quelque peu de moyens et de rythme: Satanik passe d’un amant/victime à un autre, s’invitant au passage parmi le grand banditisme, passe d’un objectif à un autre, joue quelque peu avec une police à la ramasse (dont un flic de Scotland yard, qui nous prouve qu’il est un compatriote de sherlock en fumant la pipe et en faisant preuve d’un belle esprit de déduction), et n’enfile véritablement sa tenue de voleuse (combinaison noire et masque piqué à Diabolik) que pour un effeuillage des plus sympathique. Il y a certes de l’action, des meurtres violents (on est pas loin du giallo, l’inverion des rôles homme/femme en plus), Mais c’est peut-être le film de la sélection à avoir la réalisation la moins fun. Vivarelli s’offre certes un générique très pop, il se permet certes de jouer avec son zoom et une caméra légère, mais c’est assez maigre. reste le cadre espagnol plutôt original, et la plastique de Magda Konopka, filmée sous toutes les coutures, et qui nous gratifie au passage de ce que les créateurs de mode de l’époque ont pu créer de plus kitsch, excentrique, coloré… mais parfois aussi, ridicule.

La Decima Vittima d’Elio Petri

Adapté d’une nouvelle de Robert Sheckley, La Dixième Victime se pose, de part son sujet, quelque part aux côtés de Running Man ou de Battle Royale. Dans un futur proche, les gouvernements canalise la violence des citoyens en les faisant participer à de “Grandes Chasses”, aux règles établis et à la logique implacable: Les chasseurs et les victimes sont sélectionné par ordinateur, chaque participant étant tour à tour l’un ou l’autre; le chasseur reçoit une prime pour chaque victoire, et doit, idéalement, gagné 10 chasses et devenir un “Décathlon” (pour résumer rapidement). On découvre ainsi, en suivant une chasse en plein Manhattan durant le générique, Caroline Meredith, joué par Ursula Andress, qui se voit créditer d’une neuvième victime d’une manière particulièrement folle (le mieux que je puisse dire pour ne pas gacher la surprise, c’est qu’Austin Powers n’a rien inventé), puis, juste après, c’est Marcello Polletti (un Marcello Mastroianni blond platine qui joue le blasé durant tout le métrage) qui se voit crédité lui aussi d’une victoire qui dans la manière, est à peine moins perchée…

Ils vont évidemment être confronté l’un à l’autre, mais Au lieu d’un duel en bonne et dûe forme, c’est à un jeu du chat et de la souris, un jeu de séduction qu’ils vont se livrer. et Elio Petri de transformer son film d’anticipation en une comédie de moeurs dans la droite lignée des Monstres de Risi ou d’Ettore Scola (ce dernier ayant par ailleurs participé à l’écriture du script) : On y parle donc de la déliquescence de la socièté, de sa perte de repères, de valeurs : La Grande Chasse est un divertissement, et ce qui n’est que meurtre réglementé est parfaitement assimilé, certains se plaignant même des contraintes au sein de ce “jeu”, on en vient à faire de la publicité autour de ces morts en direct; la religion, elle, n’intéresse plus, et Marcello est par ailleurs le gourou d’une secte vouant un culte au soleil; quant à la cellule familiale, elle est inexistante: on peut vendre ses vieux parents, et on divorce semble-t-il plus qu’on ne se marie. Bref, un vision bien amer du futur, mais qui est amené avec humour, le film tendant carrément au burlesque parodique dans son dernier quart d’heure, à coup de rebondissements incongrus, de fusillades et de poursuite. Et puis il y a cette esthétique, cette vision 60’s de ce que l’avenir peut être en matière de mode, d’architecture, de technologie: On échappe pas au pyjamas star-trekkiens, aux robes proto-Paco Rabanne, aux gadgets kitsch (le robot de compagnie), au mobilier hésitant entre ligne pure et rondeurs amicales… Petri s’amuse avec son futur, s’il met en valeur ses deux stars, il use aussi un peu moins que ses camarades des filtres et autres zooms intempestifs typique de l’époque. Et en filmant sa scène finale dans les ruine du Forum romain, c’est peut-être lui qui inscrit le plus son film dans une certaine réalité que ces 7 films, par leur vocation de purs divertissements, et à force de ces effets et de cette esthétique si particulière, avaient sinon ignorée, au mieux maquillée.

Vincent T.

3 commentaires sur “FEFFS – Episode 4”

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