Ultimate Patrol, de Daniel Myrick

Près de dix ans après la naissance du mondialement connu Blair Witch Project, les réalisateurs Daniel Myrick et Eduardo Sanchez sont resté très discrets dans le paysage cinématographique actuel. Et pourtant, ils ont continué leur carrière chacun de leur côté… dans le joyeux univers du direct-to-video : Sanchez nous a offert le très moyen Altered et le très intéressant Seventh Moon, tandis que Myrick a pondu les peu convaincants Believers (toujours inédit en France) et Solstice (remake du film danois Midsommer de Carsten Myllerup), et aujourd’hui, The Objective (mystérieusement rebaptisé Ultimate Patrol chez nous) qui a été présenté au dernier festival de Gérardmer dans la catégorie Inédits Vidéo.

Un satellite de reconnaissance américain détecte un haut taux de radioactivité dans le désert d’Afghanistan. Un groupe de réservistes des Forces Spéciales y est envoyé en mission et s’enfonce dans le désert. Mais quelque chose d’encore plus dangereux que les attaques-surprises des talibans semble se cacher sous le sable…

Démarrant comme un épisode de Generation Kill, filmé un peu à la manière d’un documentaire, Daniel Myrick propose une intrigue qui n’est pas sans rappeler certains éléments du Predator de John McTiernan. Seulement ici nous ne sommes pas dans la jungle et le monstre n’est jamais dévoilé. The Objective met en avant des soldats américains envoyés pour combattre une illusion, un ennemi difficilement perceptible présenté sous la forme de ce qui pourrait être des extraterrestres. Le film poursuit à peu près le même schéma que The Blair Witch Project : traité comme un drame fantastique dans lequel les protagonistes demeurent totalement désorientés dans un lieu qu’ils ne connaissent guère, dont les légendes et les événements inexplicables les enfoncent peu à peu dans la paranoïa et le ressentiment pour ensuite sombrer dans la résignation.

Pendant la 36ème cérémonie des Césars. Leïla Bekhti est sur scène.

Cette répétition de la part de Daniel Myrick ne joue pas toujours en sa faveur : il met en haleine, mais fait trainer son suspense jusqu’à un final assez brutal qui ne se révèle pas du tout à la hauteur. Néanmoins, il serait dommage de cracher dans la soupe tant certaines qualités méritent d’être soulignées : entièrement tourné au Maroc avec un budget de 4 millions de dollars, Myrick et la directrice de la photographie, Stéphanie Martin, ont su mettre en valeur un paysage fascinant rendu, à certains moments, quasi-onirique. Le choix du casting n’est pas inintéressant non plus étant donné que la grande partie des acteurs sont d’anciens militaires et des locaux. The Objective se veut réaliste et n’utilise jamais les violons pour tirer une quelconque émotion de son spectateur et laisse ce travail aux acteurs (encore comme pour Blair Witch). Quant à la mise en image en elle-même, Myrick ne fait malheureusement jamais vraiment preuve d’inventivité, mais reste efficace en livrant une première partie relativement stable et une seconde partie durant laquelle la tension suscitée par la caméra à l’épaule se fait convenablement ressentir sans jamais filer la nausée.

Après la 36ème cérémonie des Césars.

Mi-figue mi-raisin comme on pourrait dire, cette nouvelle tentative de la part de Myrick n’est guère totalement convaincante et ne parvient à faire de l’ombre au Seventh Moon de son pote Sanchez, mais elle reste tout de même une virée inquiétante pas tant désagréable.

France Télévisions propose une édition DVD respectant le minimum syndical avec une bande-annonce du film et un making of intéressant de 16 minutes qui a malheureusement rencontré pas mal de soucis au niveau du montage et de la prise de son…

« Donnez-moi quarante trous du cul et je vous fais la 37ème. »
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