Les monstres viennent de l’espace

Artus nous présente un coffret de science-fiction un peu particulier dans le cadre d’un sous-genre qui emprunte ses codes aux films de monstres : les invasions extra-terrestres. Ce bel objet intitulé « Les monstres viennent de l’espace » nous propose quatre films d’inégales qualités mais proposant à chaque fois un point de vue intéressant sur le sujet. Ces films, tournés à la fin des années 50 en pleine période du Maccarthysme  reflètent les inquiétudes des Etats Unis, la paranoïa, et proposent une vision belliciste et parfois un discours humaniste.

THE HIDEOUS SUN DEMON

Premier film du coffret, The hideous  sun demon reprend l’idée de départ du génial L’homme qui rétrécit, le chef d’œuvre de Jack Arnold, d’après Richard Matheson. Le Docteur Ken, chercheur en sciences atomiques,  se retrouve exposé  à des radiations nucléaires. Mais plutôt que de rétrécir, il se transforme en une créature mi-homme mi-lézard au contact du soleil.

Plombé par un début bavard et conventionnel avec un exposé scientifique aussi fastidieux que convenu, The hideous sun demon reste une agréable série Z qui ne propose guère de surprise,  hormis une transformation du personnage principal en monstre écailleux. Sur la terrasse d’un hôpital, bien allongé sur une chaise longue face au soleil, il subit sa première métamorphose … hors champs, hormis une main pleine d’écailles censée être la première séquence choc. Il faudra attendre la 34 ème minute pour découvrir le fameux homme-lézard dans son costume caoutchouteux moins crédible que la célèbre créature du lac noir qui possède un design assez fascinant.

Avec ses faux airs de Cary Grant, le docteur, victime d’une malédiction peu commune à l’instar de Bruce Banner se transformant en Hulk , va rencontrer une femme fatale (pas très jolie) et des gangsters issus d’un pur film noir conférant une petite touche d’originalité à ce mélange sympa de La mouche noire, Hulk et le film de loup-garou. Le film a dû inspirer aussi John Gilling pour La femme reptile, excellente production de la Hammer.

Néanmoins, il manque quelques beaux éclairages nocturnes, la griffe d’un vrai cinéaste, fait que l’on ne pourra reprocher au second film du coffret, le surprenant Not of this earth du stakhanoviste Roger Corman, l’un des plus grands dénicheurs de talents (James Cameron, Joe Dante, Jack Nicholson, Francis Ford Coppola).

NOT OF THIS EARTH

Producteur prolifique et souvent opportuniste, Roger Corman est aussi un cinéaste passionnant, capable avec 3 fois rien de transformer un script anémique et un budget ridicule, en série B intelligente et haletante.

L’histoire est simple mais redoutablement efficace : un agent extra-terrestre est envoyé sur terre pour récolter beaucoup de sang humain afin que sa race, mourante, puisse survivre.  Le monstre, loin des créatures hideuses et kitch des traditionnelles nanars de SF, ressemble à un être humain affaibli, devenu cruel par nécessité. Il émane de cette silhouette, vêtue d’un costume cravate et affublée de lunettes noires masquant le blanc des  yeux,  un mélange d’effroi et de mélancolie plutôt singulier.

Détournant les codes usuels du genre, Corman traite à sa manière du vampirisme. Réalisé avec soin, Not of this earth tire parti de son  minimalisme topographique. L’unité de lieu, les personnages peu nombreux et la sécheresse du récit qui va d’un point A à un point B, donnent lieu à une forme de quintessence de la série B. Et comme on ne se refait pas, le goût pour les personnages féminins forts (l’infirmière) allié à un érotisme discret, indiquent bien que l’on se trouve en terrain familier chez l’auteur du génial The intruder et des épatantes adaptations de Poe.

THE COSMIC MAN

Un cran en dessous, The cosmic man mérite tout de même le détour. Porté par un casting impeccable,  avec en tête John Carradine, l’acteur fétiche de John Ford qui finira par pointer sa trogne dans un des meilleurs Troma, Monster in the closet , le film d’Herbert S. Greene est un rip-off intéressant du Jour où la terre s’arrêta, de Robert Wise. Un vaisseau spatial, en forme de boule blanche, débarque sur terre avec un étrange E.T dont la motivation reste obscure jusqu’au dénouement final. Critique à contre courant de l’esprit belliciste des humains, symbolisé par des représentants bornés (mais sympathiques quand même) de l’armée, The cosmic man est une jolie fable jouxtant habilement L’homme invisible (l’arrivée de l’homme cosmique dans le motel évoque furieusement le chef d’œuvre de James Whale) et la SF humaniste, loin des élans patriotiques et paranoïaque des classiques tels que les envahisseurs de la planète rouge ou la guerre des mondes.

KRONOS

Le coffret  se clôt par le seul film en cinémascope, l’amusant Kronos réalisé par un des spécialiste du genre, Kurt Neumann, à qui l’on doit le célèbre la mouche noire avec Vincent Price.

Une météorite en forme de saladier s’engouffre dans l’océan. Une forme métallique en sort, une sorte de robot au design curieux qui va puiser toute l’énergie électrique disponible. Ce robot géant est guidé à distance par un esprit venu d’ailleurs, s’étant emparé du corps d’un scientifique. L’alliance du corps et de la matière risque de détruire à jamais l’humanité. Heureusement un couple de scientifique veille au grain.

Kronos, en référence à la mythologie grecque (le roi des titans), est un chouette petit film de SF  en forme de parabole sur les dangers du nucléaire. L’ombre d’Hiroshima plane sur cette modeste production bénéficiant d’une somptueuse photographie et d’une dernière demi-heure très enlevée et plein de charme avec ses stock-shots et explosions d’un autre âge.

Le coffret est accompagné de superbes cartes postales reprenant les affiches de l’époque et d’un livret écrit par Brave Dr Ghoul, alias (je ne sais pas si je dois le dire). Le tout pour la modique somme de 18,99 euros

Artus Films

THEHIDEOUS SUN DEMON (USA-1959) de Robert Clarck et Tom Boutross. 71 mn Noir et blanc VOST. Format original : 1.33 -4/3

NOT OF THIS EARTH (USA-1957) de Roger Corman. 64 mn Noir et blanc VOST. Format original : 1.33 -4/3

THE COSMIC MAN (USA-1959) de Herbert S. Greene. 69 mn Noir et blanc VOST. Format original : 1.33 -4/3

KRONOS (USA-1957) de Kurt Neumann. 78 mn Noir et blanc VOST. Format original : Cinémascope 2.35 16/9 ème compatible 4/3

 

 

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