La cabane dans les bois

Comment chroniquer un tel film sans en dévoiler les nombreuses surprises qui jalonnent un récit excitant en diable et fondé sur l’accumulation de twists. Déjà le titre est un mystère à lui tout seul. La cabane dans les bois. Non, il ne s’agit ni d’une chanson d’Yves Duteil, de Francis Cabrel ou de Robert Charlebois mais bien d’un teenmovie horrifique qui commence de manière tout ce qu’il y a de plus classique.  Si vous voulez vraiment ne rien savoir sur le film, et bien ne continuez pas à lire cette chronique. Pour les autres, ne vous tourmentez pas, je vais essayer d’éviter les « spoiler » autant que possible.

Le premier tiers ne commence pas –en apparence- sous les meilleurs hospices.  Le dispositif de départ est si caricatural qu’il en devient presque troublant. Le profil des 5 teenagers s’appuie sur des stéréotypes tellement outrés que l’on se demande si toute cette mascarade est bien sérieuse. On a droit à la bimbo de service qui ne pense qu’à s’envoyer en l’air,  au beau gosse sportif, à l’intello timide et doux comme un agneau, à la jeune fille rangée et intelligente, et au trublion destroy fumeur de joints. Ils incarnent les archétypes classiques de tout slasher ou survival récents. Ils décident donc de partir en week-end dans une petite baraque au fond des bois. Ils vont rencontrer un pompiste malsain et repoussant tout droit sorti de Massacre à la tronçonneuse. Bienvenue chez les redneck crasseux et vulgaires. Rien d’original jusque là mais la suite prend un tournant vraiment délirant. D’autant que le prologue, curieux, indique que l’enjeu est ailleurs avec ces scientifiques zélés, ayant triés sur le volet ces jeunes gens apparemment manipulés au sein d’une expérience atypique. Je m’arrête là afin de ne pas gâcher la surprise.

Joss Whedon a décidément le vent en poupe et les idées en place. Après le carton des Avengers, il a imaginé une histoire qui bouleverse le petit monde conservateur du film d’horreur contemporain, imaginé un croisement ludique et réussi entre Cube, Scream et Monstres et compagnie. Oui vous avez bien lu : Monstre et compagnie. Le coscénariste et réalisateur, Drew Godard est un fidèle collaborateur de Whedon et a réalisé certains épisodes de Lost notamment. Il plane sur cette Cabane dans les bois un esprit retors et malin qui appartient à l’univers des meilleures séries contemporaines. Le film procure un plaisir communicatif que l’on rencontre peu au cinéma. La démarche artistique a certes plus à voir avec l’excitation d’un tour de grand huit que d’une profonde réflexion sur le cinéma mais l’ensemble est construit à la perfection. La mise en scène est nerveuse et efficace,  le scénario est d’une ingéniosité à faire pâlir tous les Destinations finales réunis et les dialogues tout en ironie sont tranchants et souvent très drôles. Drew Goddard et JossWhedon pratiquent la mise en abîme avec une intelligence digne de Wes Craven. Dès l’arrivée des jeunes gens dans la cabane, on sent que quelque chose cloche, qu’ils sont manipulés, que rien ne semble être le fruit du hasard. Les auteurs jouent avec les codes et les références du genre sans sombrer dans le second degré ou le cynisme facile. Massacre à la tronçonneuse, Evild Dead et La nuit des morts-vivants sont largement cités dans ce trip jouissif, qui rappelle un peu la démarche d’un certain William Castle quand il réalisait La nuit de tous les mystères. Le 7 ème art est perçu comme une expérience ludique pleine de chausses trappes, de retournements de situations et d’excitation, un peu comme une balade dans un train fantôme qui vous glacerait le sang.

La dernière partie du film, véritable attraction, prend un virage à 180 degrés et renouvelle avec vigueur le cinéma de genre, trop souvent timoré. L’imagination du créateur de Buffy n’a alors plus de limite et lorsque le générique de fin déboule, on a qu’une envie : visionner une nouvelle fois cette excitante relecture du cinéma d’horreur.

(USA -2011) de Josh Weddon  avec Kristen Connolly, Chris Hemsworth, Anna Hutchison

 

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