Dolls de Stuart Gordon

En route pour des vacances, qui ne s’annoncent pas particulièrement joyeuses, David Bower, son insupportable future épouse et sa fille Judy sont brusquement surpris par un orage et se retrouvent en rade au milieu de nulle part. Heureusement, ils trouvent refuge dans une ancienne demeure où vit un couple de vieillards pour le moins étrange. Déjà, ces deux petits vieux inoffensifs en apparence collectionnent les poupées. Ils proposent au couple de rester pour la nuit, attendant que le temps se calme. Et voilà que débarquent deux punkettes au look flashy à faire passer Cindy Lauper pour un modèle de bon goût, et un brave gars, genre bon gros nounours, ce qui semble parfaitement en adéquation avec le film.
Pendant la nuit, tout ce petit monde va subir l’assaut des poupées agressives et sanguinaires. Et surtout : malheur à qui a perdu son âme d’enfant.

C’est bien dans cet esprit de conte moderne que Stuart Gordon souhaitait orienter son film après les réussites que furent Reanimator et From Beyond. Mais le boss d’Empire, le stakhanoviste Charles Band l’entendait certainement d’une autre oreille et voulait en rajouter dans le gore et l’outrance visuelle. Sur ce plan, Dolls est d’ailleurs une franche réussite. Les scènes de meurtres sont particulièrement originales et sanglantes, agrémentées d’une bonne dose d’humour. L’absence d’empathie envers des personnages qui méritent leur sort ne fait qu’agrémenter le plaisir un rien sadique des mises à mort conçues avec un vrai sens du spectacle. L’exécution de l’effrayante épouse est particulièrement gratinée et procure une certaine jouissance communicative. Idem pour la punkette fusillée par des soldats de bois dans une séquence peu avare en hémoglobine.
Tourné en Italie dans les mêmes décors que From Beyond, un cas d’école classique dans l’univers des productions Empire, Dolls est une épatante série B, exploitant à merveille un décor intérieur d’inspiration gothique. Le manoir évoque furieusement certains films gothiques italiens des années 60 et aussi, de par la thématique également, le génial film de Tod Browning, Les poupées du diable, à mon sens, référence ultime du film.

Stuart Gordon soigne aussi sa mise en scène avec un sens aigu du cadre, de jolis mouvements de caméra au ras du sol et une très belle photographie de Marc Ahlberg, laissant exploser une palette de couleurs n’ayant rien à envier à l’univers d’un Mario Bava. Son passé de dramaturge lui permet aussi d’être très à l’aise dans l’univers du huis clos.
En à peine 75 minutes, le futur réalisateur d’Edmond livre un petit classique instantané très ancré dans les années 80 mais n’oubliant pas de rendre hommage à ses aînés.
Dans le rôle d’un des vieillards, on reconnaîtra Guy Rofle, un habitué du genre, puisqu’il incarnera le professeur Toulon à trois reprises dans les Puppet Masters, autre franchise lancée par Charles Band suite au succès de ce formidable Dolls.
Et une fois n’est pas coutume, dans le cadre étriqué de productions fauchées, les effets spéciaux de John Buelcher sont remarquables, à commencer par l’impeccable animation des poupées, bluffantes de vérité et provoquant un réel sentiment d’effroi à plusieurs reprises.

(USA-1986) de Stuart Gordon avec Ian Patrick Williams, Carolyn Purdy-Gordon, Carrie Lorraine, Guy Rolfe

77 min – Ratio 16/9 – 1 : 85
Couleur restaurée _ VO-VF restaurées
Sous-titres français – Chapitrage
Bonus :
– Bande-annonce
– Documentaire de Christophe Champclaux

DVD/Blu Ray édité par Sidonis Calysta

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