Feffs 2016 : Shelley & They call me Jeeg

Durant la semaine du FEFFS, il était possible de voir un film danois et un film italien qui appartiennent au genre fantastique tous les deux.

Shelley est un film très intriguant. Réalisé par Ali Abbassi, il propose une sorte de relecture du film Rosemary’s baby. Aucun lien n’existe vraiment avec la romancière à l’origine de Frankenstein, si ce n’est que le bébé est une création du couple apparemment stérile. Elena quitte sa Roumanie natale pour se rendre au Danemark. Elle travaille comme domestique chez un couple qui vit dans une maison isolée sans électricité. Une nature sombre et immense, des couleurs automnales tendant vers le marron,  le vert foncé et le gris, l’isolement du couple et de la maison, le début du film est le point de vue d’Elena et montre un contexte menaçant dans les premiers plans.

La première partie du film va insister sur la relation entre le couple et Elena, qui va être au cœur de l’intrigue. Elena se prend d’affection pour Louise et lui propose de porter l’enfant tant désiré. Une fois cette grossesse enclenchée, le doux quotidien d’une maison isolée va devenir inquiétant. Ali Abassi a fait un travail énorme sur le son pour retranscrire une ambiance de plus en plus inquiétante. Peu d’éléments visuels indiquent que le film est fantastique. Tout passe par une atmosphère de plus en plus étouffante pour Elena, le mari et surtout le spectateur. L’enfant à l’origine de cet étouffement ne semble rien d’avoir anormal physiquement ou psychologiquement. L’atmosphère pesante vient plutôt de l’attitude de plus en plus dominatrice de la mère qui s’accapare l’enfant. La fin présente la noirceur d’une nature déjà présente dans les premiers moments.

Belle relecture de l’œuvre de Polanski où le quotidien devient oppressant et effrayant puisque la maternité semble pousser les femmes à s’accaparer leurs enfants.

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Autre ambiance par la suite. They call me Jeeg, est rafraîchissant. Ce film italien de Gabriele Mainetti prouve que l’Italie fait tout en ce moment pour sortir du marasme dans lequel se trouve son cinéma depuis 2000.

En Italie, de nos jours, une petite frappe à la vie minable tombe dans un baril en  voulant échapper à la police et se voit acquérir des pouvoirs surhumains.

Le pitch est simple. Le réalisateur a voulu utiliser le contexte de la pègre pour montrer qu’on peut être autre chose qu’un malfrat. Cette démarche peut paraître redondante car beaucoup de films ou de séries font référence aux mafias italiennes. Cependant tout est réuni ici pour faire un bon film de superhéros. Des méchants pas très sympathiques, une voisine un peu folle, un héros anti-héros qui évolue tout au long du film. Belle prestation du comédien Claudio Santamaria, crédible en petite frappe, mais également en humain doué de pouvoirs surhumains.

Le réalisateur a réussi à mettre ses influences dans cette réalité sordide. Le panel est plutôt large puisque le titre et la culture de la voisine font référence à tous les héros de mangas des années 1980 et la force surhumaine du héros fait référence aux comics américains. Et évidemment, Jeeg rencontre un méchant à sa hauteur joué par l’excellent Luca Minarelli, vu cette année dans l’excellent film Mauvaise graine.

Ce film est une belle surprise car il est rare de voir de bons films européens mettant en avant des superhéros. Pourquoi ce type de films serait une niche réservée à Hollywood ? Et en France ? Peut-être que les spectateurs auront  une belle surprise l’année prochaine pour les 10 ans du FEFFS. On peut toujours rêver et cela est nécessaire en cette période morose.

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