Not Quite Hollywood

On vous avait présenté sa bande-annonce il y a bientôt deux ans, et bien ça y est, l’exceptionnel documentaire de Mark Hartley Not Quite Hollywood, consacré aux heures de gloire du cinéma d’exploitation australien, est désormais disponible en France, chez MK2 Edition.

Starlettes dénudées, bikers furibards, animaux mangeurs d’hommes, meurtriers à la machette, courses-poursuites démentielles, kung-fu approximatif, érotisme de pacotille… Si le cinéma de genre Australien se plie volontiers à la Sainte Trinité Sexe/Action/Horreur, il n’en possède pas moins ses caractéristiques propres. A commencer par une durée de vie particulièrement limitée : apparu à la fin des années 60 suite à la création de la catégorie Restricted (interdit aux moins de 18 ans), il a commencé à décliner dès la fin des années 80 (avec l’apparition du marché de la vidéo) avant de reprendre enfin un peu de vigueur au milieu des années 2000, avec le succès à l’international de métrages comme Undead, Wolf Creek, Black Water ou Solitaire (Rogue).

Une petite vingtaine d’années donc, qui ont permis l’émergence de quelques perles du fantastique signées Peter Weir (Pique-nique à Hanging Rock, La Dernière Vague, Les voitures qui ont mangé Paris…), mais également de toute une vague de films beaucoup plus bis, réalisés par des réalisateurs peu soucieux des conventions et prêts à tous les sacrifices pour voir leurs créations cheap et improbables projetées sur les écrans des drive-in locaux.

Sexy comédies beauf et lourdingues (Stork, The Adventures Of Barry McKenzie, Alvin Purple…), tonnerres mécaniques (Road Games, L’Homme de Hong-Kong, Mad Max, Midnite Spares…), mondo locaux (Australia After Dark) films de vampires (Thirst), de crocodiles (Dark Age), de sangliers (Razorback), rape’n’revenge (Fair Game), ovnis inclassables (Patrick, Harlequin, Le Survivant d’un monde parallèle…), nanars incurables (BMX Bandits Les Traqués de l’an 2000)… C’est tout un pan d’une filmographie méconnue qui se dévoile progressivement, avec son lot de réalisateurs aventureux, d’acteurs de seconde zone, de cascadeurs têtes brûlées, et de moments de grâce inespérés (Wake In Fright, Stone, Long Weekend…).

Porté par un montage extrêmement cut, enchaînant sans temps mort entretiens, extraits de films et séquences d’archives, Not Quite Hollywood impressionne également par la richesse de ses intervenants (Jamie Lee Curtis, Dennis Hopper, George Lazenby, Stacy Keach, Richard Franklin, Ted Kotcheff, George Miller, Russell Mulcahy, Brian Trenchard-Smith… sans oublier un rayonnant Quentin Tarantino, visiblement euphorique à l’idée de pouvoir défendre quelques uns de ses métrages préférés). En rappelant le contexte économique, culturel, politique et social dans lequel cette frange « autre » du cinéma s’est épanouie à l’orée des années 70, mais également en lui donnant vie à travers d’innombrables comptes-rendus de tournage et anecdotes variés, ils donnent au final au documentaire de Mark Hartley une profondeur inattendue.

Véritable constellation de films déviants, explosifs et déjantés, plus volontiers sortis sur les écrans des drive-in que dans les salles d’art et d’essai européennes, la frange « honteuse » du cinéma aussie a réussi, à sa modeste façon à trouver sa place dans l’histoire du cinéma de genre mondial. De ses premiers pas timides à la fin des années 60, au déferlement de violence et à la radicalité aventureuse des années 70, en passant par toute la phase bis et déviante des années 80, elle n’aura eu de cesse de défier les conventions en cours, par conviction de temps à autre, mais surtout par roublardise la plupart du temps. Not Quite Hollywood lui offre enfin la tribune qu’elle méritait de longue date, et on ne sera pas les derniers à s’en réjouir.

Not Quite Hollywood, de Mark Hartley (MK2 Editions)

Suppléments : Entretien avec Quentin  Tarantino et Brian Trenchard-Smith, Grant Page, cascadeur explosif, Bande annonce

Site officiel : www.notquitehollywood.com.au

6 commentaires sur “Not Quite Hollywood”
  1. Est-ce qu’il existe une version doublée en français ? Je trouve le film très éprouvant en version originale quand on n’est pas bilingue. On n’a pas vraiment le temps de lire les sous-titres et de regarder ce qui se passe à l’écran tellement ça va vite.

  2. Pas à ma connaissance. Il faut le regarder plusieurs fois !!

    En revanche, Mark Hartley, le réalisateur, a depuis réalisé un deuxième documentaire sur les films bis tournés aux Philippines par Roger Corman & co (www.machetemaidensunleashed.com , excellent mais malheureusement inédit en France) et travaille actuellement sur un troisième opus consacré aux films de la Cannon (www.imdb.com/title/tt2125501) !!

  3. ok. En tout cas ça m’a donné l’impulsion pour chercher certains films montrés dans le docu. Souvent ils ne sont pas dispos en France… J’avais déjà vu RAZORBACK que j’adore, les MAD MAX évidemment, récemment j’ai vu LONG WEEKEND qui est vraiment très très réussi, et j’en ai chopé d’autres que je verrai prochainement. L’absence de sous-titres fr sur bon nombre de dvds de ces films reste un problème pour les non-bilingues.

  4. J’ai cherché NEXT OF KIN, sans succès. J’ai bien envie de le voir celui-là ! Il y a des vhs assez chères par-ci par-là, c’est pas intéressant.
    J’ai vu THE CHAIN REACTION qui marque les débuts de George Miller sur les courses de bagnoles. Le fait de rien comprendre aux dialogues m’a un peu plombé le moral, mais c’était amusant de commander le film sur un site australien.

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