Viktor Alexis, dark réal

Ses courts-métrages

Viktor Alexis. Drôle de nom quasi-transsylvanien ou plutôt shelleyien pour cette sorte de David Lynch français. Comme dirait Fowest Gomp, découvrir le cinéma d’Alexis, c’est un peu comme une boîte de chocolat, on ne sait pas sur quoi on va tomber. Le réalisateur s’occupe de la réalisation mais aussi de la musique, du montage et du mixage, pour illustrer fidèlement son univers très personnel. Mais il ne serait rien sans ses nombreuses muses qui s’offrent corps et âme à la caméra. Découvrir ses films, c’est un peu ressentir une connexion directe sur son âme. Ca ne s’explique pas vraiment.

Si vous aimez les femmes, les vieilles pierres et le noir & blanc vieilli, Au-delà du dôme de la vie est pour vous. Avec des paroles cryptées et cryptiques, on nous montre une jeune femme en différents endroits d’une ville inconnue. De ces errances nocturnes, le spectateur devra interpréter le message, si message il y a. Les plus fainéants se contenteront d’admirer les tableaux animés, où une nymphe dans le plus simple appareil, s’ébat de nuit dans une rivière, véritable vision poétique qui échappe à toute logique.

Dans les reflets d’Alice, l’héroïne est corsetée et elle s’ébroue dans un champ de pâquerettes. Plus loin, elle rencontre un symbole phallique, qui se trouve être un miroir. Jeux de flou, subtiles associations du corps féminin avec l’environnement végétal, on n’hésite. Soit une pub pour un yaourt, soit un film expérimental. On penche définitivement pour le deuxième lorsque la belle se retrouve seins nus et exécute des figures saphiques avec son propre reflet…

Les sentiers du Montsouris débutent sur un cadavre d’oisillon tombé du nid. Amis du bon goût bonjour. Alors que la flore et l’innocente nudité semblait intéresser le réalisateur, le voilà qui se complaît dans la contemplation d’un accident de la route (ou du ciel plutôt). Après une séquence “vie des corbeaux dans le parc voisin”, nous retrouvons une corneille un peu particulière, une jeune femme tout de cuir vêtue. Encore une fois, on croit comprendre qu’il s’agit d’une transfiguration (le corbeau se transforme en femme), mais est-ce bien cela ? Rien n’est moins sûr.

Faraway nous emmène loin. Dans les étoiles, puis à la poursuite d’un globe-trotter dessinateur, puis dans les nuages, puis dans la douche d’une jeune femme.

Dans le domaine des non-revenus, une radio annonce la fin du monde. Une femme et son chat dans une maison. Un coin de nature, des plans sous-marins.Il y a aussi une femme dans une douche; oui, encore. L’apocalypse semble également intéresser l’auteur tout particulièrement.Certaines images, destinées aux sens et non à la raison, évoquent la nouvelle vie de Grandrieux.

Ivan ou le jour du carnage annonce un changement de ton. Jusqu’ici assez fleur bleue et quasiment hippie dans son approche de la nature, Viktor Alexis s’énerve.Deux jeunes femmes sont retenues dans une cave par un psychopathe qui a un tuyau de ventilation dans le dos. Il perce, cogne, se tord en tout sens, tape et tronçonne, s’auto-mutile …C’est un peu long et l’on peine à distinguer ce qui se passe à cause d’une granulométrie extrême.

Le gwen’show propose rock metal et néons violets. Il s’agit d’un pastiche d’émission tv un peu trash : sexe et violence sont au menu présentés par des speakerines aguicheuses. On annonce que Monsieur M va se suicider en direct. Il est apporté sur le plateau par une dominatrice qui le maintient avec une chaîne. A noter que c’est Sophie – à croquer – Chamoux qui tient un des deux rôles, véritable muse des réalisateur de films bizarres.

Retour dans l’eau et à la grâce avec white sounds, série d’images où une femme ondule à la surface. Très beau et noir et blanc. Poitrine généreuse mais film quelque peu vain.

Aurora s’ouvre sur des images d’archives illustrant la montée au pouvoir d’Adolph Hitler et du nazisme. Le récit uchronique, part du principe que le dictateur a gagné la guerre et qu’une troisième guerre mondiale a mis le monde en ruines. Nous suivons alors un couple de survivants dans la campagne. Ceux-ci se découvrent, apprennent à se connaître, s’aiment et fuient ensemble un monde hostile. Difficile de ne pas voir en ces deux personnages, un Adam et Eve modernes, représentant les deux derniers spécimens humains plutôt que les deux premiers. A nouveau Viktor Alexis s’intéresse à la nudité, masculine et féminine, évoquant un retour à la nature rédempteur. Jeux de corps, noir et blanc envoûtant, Viktor signe là peut-être son film le plus abouti et le plus émouvant, pour peu que l’on accepte de se laisser transporter par cette ambiance mélancolique, où se vit l’amour et la guerre, la nature et la violence.

Mais bien que le film dégage une poésie parfois presque naïve, la fin du film ne laisse aucun échappatoire et se veut profondément nihiliste.

Grâce à un érotisme soft et subtil, le cinéma de Viktor Alexis réjouiront ceux qui apprécient le cinéma sensuel et poétique. Le réalisateur prend son temps pour exposer ses visions oniriques. Les images et la musiques sont toujours soignés afin de permettre au spectateur de vivre une expérience plutôt que de suivre une intrigue. Obsession mystérieuse, l’eau est omniprésente dans ses courts-métrages, sous forme de rivière, de cascade, de fontaine, de larmes, de vagues ou de pluie.

1 commentaires sur “Viktor Alexis, dark réal”
  1. wow…Je conseil vivement a ceux qui ne connaissent pas de decouvrir ce real…Au fond de chaque film sommeil une part de nous…On finit forcement par se reconnaitre dans ses oeuvres,car c’est a la fois un real integre et un real qui assume ses choix….Regarder et se reconnaitre c’est assumer la part caché de nous meme….

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