Dan O’Bannon

Les années 80 – Troisème partie : La SF selon Cannon

En comparaison de The Return of the Living Dead, sa collaboration pleine de frictions avec Tobe Hooper et la Cannon sera moins éclatante mais s’illustra dans deux films moins négligeables que l’on ne le pense :

LIFEFORCE

Le bisseux Lifeforce (que Dan O’Bannon détestait) n’hésite pas à mixer un début à la Alien, une traque de monstre (aux jolies formes), des vampires spatiaux et une invasion de zombies. Tout ça à la fois… Sans doute en quête de respectabilité, Mathilda May ne veut plus entendre parler de ce film. Chacun son avis, pour moi, cela reste une des bisseries les plus sucrées des années quatre-vingt, qui pourtant en regorge.

S’ensuit l’honorable remake de William Cameron Menzies, L’invasion vient de mars. Film sans génie aucun mais une bonne relecture de l’esprit des années cinquante avec quelques touches de Tobe Hooper dedans (même si fortement diluées). C’étaient encore les belles années du réalisateur qui s’en sort très bien avec des moyens généreux.

Les années 90 : Burn, Hollywood, Burn

"Ne croyez jamais ce qu’un producteur vous raconte." – Dan O’Bannon, interviewé par Marc Toullec – Mad Movies N°2004 – Janvier 2008

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La décennie suivante même si elle commence de manière très réussie, sera de plus en plus décevante pour O’Bannon… jusqu’au point de rupture.

Paul Verhoeven est un homme qui sait s’entourer. Ce n’est pas un hasard qu’il fasse appel à des scénaristes très efficaces : Edward Neumier (Robocop, Starship Troopers) ou Joe Eszterhas (pour un cachet de trois millions de dollars, heureusement qu’il était efficace le script de Basic Instinct !).

Le projet des origines se concrétise enfin. Mieux vaut tard que jamais, Total Recall sort en 1990. C’est à la fois un blockbuster ouvertement over-the-top, une oeuvre typiquement verohevienne et une adaptation réussie de K. Dick dans l’esprit. O’Bannon et Shusett (Jon Povill et Gary Goldman s’ajoutèrent à la rédaction) livrent un script exemplaire. Toute l’histoire ne peut être prise en défaut. L’ouvrier est-il en train de vivre un fantasme ou de vivre une mission ? Les deux visions se valent, mieux, se conjuguent.

C’est en 1992 que vient la cassure The Ressurected. La poisse aidant, sa deuxième expérience dans le long-métrage (il avait signé le court-métrage Bloodbath avant Dark Star) s’avère infernale. Adorateur de Howard Phillips Lovecraft depuis toujours, il cherche à adapter L’Affaire Charles Dexter Ward. Peine perdue, The Ressurected est largement tronqué par ses producteurs laissant O’Bannon encore plus dégouté qu’avant du système.

Dès lors, Dan O’Bannon est peu crédité et sur des films de moindre importance, ce qui n’exclue pas leur statut de série B agréables.

affiche

Planète Hurlante (Screamers), une autre adaptation de K. Dick après Total Recall, mais bien moins ambitieuse. Il n’empêche, le script qui adapte Nouveau Modèle (Second Variety) est efficace et creusé. Surtout, Christian Duguay tire le meilleur parti de son faible budget avec débrouillardise. Une des plus sympathiques séries B des années 90, à la réflexion.

Hemoglobine, sous ce titre français très Z se cache un second hommage respectueux à l’écrivain Howard Phillips Lovecraft. Ce film tombé dans un complet anonymat, dont le scénario a échappé des mains de O’Bannon (nous dirions une fois encore) reste plutôt intéressant même si anecdotique, il faut bien l’avouer.

Mais à ce stade pour l’auteur, c’en est trop. Trop d’échecs, trop de frustrations, trop d’efforts pour si peu de résultats… Dan O’Bannon met un frein complet à sa carrière. Il quittera le jeu (de dupes) durant les années deux-mille jusqu’à sa mort.

Il s’éteint le jeudi 17 décembre 2009 à l’hôpital St John de Santa Monica, en Californie, à soixante-trois ans. Son épouse Diane O’Bannon déclare au Los Angeles Times que son mari était mort après un combat de trente ans contre la maladie de Crohn, une maladie qui provoque de terribles douleurs au tube digestif. Ironie cruelle du sort, c’est une de ces douleurs au ventre qui l’inspira sur l’écriture du scénario d’Alien.

Il est permis de se demander qu’est ce qui a pu dévier le bolide en cours de route alors qu’O’Bannon avait tout pour être l’un des maîtres du fantastique des années quatre-vingt à nos jours. Il avait l’imagination, le talent, la ténacité, mais le système l’a brisé, comme d’autres. Quelle incroyable machine à broyer les passions pour tuer celles d’un homme aussi impliqué !

Pour reprendre les paroles de Jodorowski, on peut dire que Dan O’Bannon a malgré tout triomphé, parce qu’il a beaucoup appris à rater.

(Toutes les captures d’écran proviennent du coffret Alien – Quadrilogy, droits réservés 20th Century Fox)

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