Sharkman

“Savants Fous, pas morts !” Pourquoi cette exclamation franche et joviale, me direz-vous ? Quand on découvre que le final draft de Sharkman ne fut signé ni en 1955, ni en 1965 mais bien en 2005, on peut conclure, c’est rassurant, que le scénario vintage a encore de beaux jours devant lui. Preston King est un scientifique, épaulé par le petit-fils de l’assistant des Frankenstein de la Universal et une doctoresse russe psychorigide à lunettes. A force de croiser des gènes d’espèces différentes, King a inventé la parade ultime contre le cancer. Puisque les requins en sont protégés, l’astuce est donc de muter les malades en hommes squales. Bien vu, n’est-ce pas ? Ecoutez, la science avance, c’est le principal.   
Rejeté depuis cinq ans, nourrissant sa vengeance, il invite ses anciens collaborateurs sur son île paradisiaque pour les convier à une fête et tous les assassiner ensuite. In extremis, ils s’enfuient. Aux six invités de survivre face aux dangers de ce piège insulaire.
J’entends déjà les commentaires dans mon dos. Pourquoi ce voyou en blouse blanche se complique-t-il autant la vie ? Vous touchez du doigt Sharkman (gare à votre doigt tout de même). Eteignez-moi tout de suite le logiciel d’esprit critique.

Revenons à notre traque. Pour se faire, comme il est le croisement à la fois du comte Zaroff, du docteur No et du docteur Moreau, le mad doctor envoie sa garde prétorienne et son fils Paul, “soigné” par la génétique. Le garçon est désormais un prédateur mi-marteau mi-requin, qui rôde dans les eaux, qu’elles soient salées ou non, mais aussi sur la terre ferme. Dès lors, plongeon dans le délire bis le plus décomplexé qui soit : les cols blancs brandissent la Kalachnikov avec l’expérience des pros de la guérilla contre une garnison de soldats, le Sharkman a un don d’ubiquité et est à l’épreuve des balles, notre Moreau local tient des discours fumeux durant des cut-scènes inutiles. Quand à la cohérence scénaristique, elle n’est pas de mise.

Etant donné que le requin-marteau n’est pas ovipare, il faut que le rejeton s’accouple avec une humaine pour perpétuer l’espèce. Tout ceci pour conduire à une nouvelle humanité, et autres âneries. Ce qui nous vaut une césarienne fatale à la Humanoïds from the Deep. Quoi de mieux que de lui présenter son ancienne fiancée pour qu’il oublie une seconde de croquer la population pour faire des câlins, et plus si affinités. Je crains que des câlineries venant de ce poisson ne peuvent guère être tendres (“Ho, grand fou, mords moi dans le cou !”).Question acteurs, qu’en est-il ? William Forsythe, éternel second couteau, paye ses factures avant Devil’s Rejects mais il est manifeste que son cœur n’y est pas. La belle Hunter Tylo est une brunette à tomber ce qui n’inclue pas forcément le talent d’actrice. Jeffrey Combs rejoue le Dr. Herr West version gominé en polarisant l’attention.
 
Vous l’aurez compris, le grand n’importe quoi domine. Nu Image trademark, le numérique est utilisé à foison pour les effets spéciaux sans être trop médiocre, hormis les déflagrations. L’explosion finale jouxte sur le podium celle d’Infested  pour la couronne de la plus miteuse de ces dernières années. Au moins, pour du Nu Image justement, le carnage est manifeste et l’action est soutenue, on ne s’ennuie pas. L’animal fait partie de la collection de six monster-movies Génération Mutants incluant Predatorman, Mosquito Man, Morphman, Snakeman et SkeletonmanSharkman est le prototype même du produit qui se regarde en débranchant certaines zones du cerveau. Il est probable ainsi d’y passer un bon moment, un net penchant pour le film de monstre étant recommandé.
 
Hammerhead : Shark Frenzy (2005) de Michaël Oblowitz. Avec : William Forsythe – Hunter Tylo – Jeffrey Combs – Elise Muller – Arthur Roberts – G.R. Johnson – Antony Agirov – Maria Ignatova – Velizar Biney.
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