The hunt, de Thomas Szczepanski

Alex, jeune journaliste pour un magazine à sensation en perte de vitesse, doit impérativement écrire sur un sujet permettant au canard de se refaire une santé en termes de ventes. Une strip-teaseuse lui apporte un sujet d’investigation a priori fascinant mais il va se retrouver malgré lui dans une chasse à l’homme où il doit payer pour éliminer le gibier. Le piège se referme sur lui

 

Thomas Szczepanski est un jeune cinéaste à suivre qui n’a sans doute pas encore affirmé sa véritable personnalité. Son premier film, Mama’s lover (édité chez Artus) est un road movie fauché placé sous le signe embarrassant du cinéma d’auteur français. Interprété avec conviction par de jeunes comédiens inconnus mais terni par un script qui confond souvent errance existentielle avec ballade soporifique, ce premier essai forcément sympathique n’emporte pas l’adhésion malgré ses qualités indéniables. Le road movie, genre flottant et libre par excellence, est tributaire d’une rigueur narrative et filmique, globalement absente de Mama’s lover. Mais les premiers plans du film, apparemment tournés postérieurement, sont splendides, d’une précision d’orfèvre et laissent entrevoir un cinéaste talentueux qui ne demande qu’à s’exprimer.

C’est chose faite avec le second long du cinéaste. Survival classique, qui part néanmoins d’un postulat original, The Hunt marque un net progrès tant d’un point de vue du scénario que de la mise en scène. Pas foncièrement amateur du genre, si l’on se réfère à son interview dans les bonus, Thomas Szczepanski a tourné une sorte de commande, une œuvre carré et efficace qui, si elle manque de point de vue, n’en demeure pas moins intéressante et souvent captivante.

En prenant le parti pris de placer le personnage central du côté des bourreaux malgré lui plutôt que des victimes, le réalisateur renverse la tendance anxiogène commune des (trop) nombreux survival vus ces 10 dernières années. La menace est identique mais l’enjeu, donc le suspense, est déplacé. Comment le protagoniste principal, un journaliste avide de scoop, va  pouvoir se dépêtrer de cette situation inextricable et éviter de devenir un assassin.

Mélange habile de 13 Tzameti, Les proies et Hostel, pour ne citer que des références immédiates (conscientes ou inconscientes de la part des auteurs), The hunt frappe avant tout par la qualité de sa réalisation. Toutes les séquences de chasse à l’homme sont filmées avec une virtuosité et une intensité incroyables compte tenu du budget anémique (et c’est un euphémisme).

Ecrit par François Gaillard, qui s’éloigne un temps de ses obsessions pour le giallo et Lucio Fulci, The Hunt est un produit maîtrisé comportant sont lot réussi de scènes gores, efficacement orchestrés par David Scherer,  et d’un zeste d’érotisme bienvenu. La direction d’acteur, inégale, est portée par l’excellent Jellali Mouina, impeccable en journaleux plongé au cœur de l’enfer. On espère qu’il trouvera à l’avenir d’autres rôles à la mesure de son talent.

Tourné sans argent, voici un petit film tendu et modeste, qui en remonte à bien des survival poussifs et torture porn crapuleux qui encombrent les calendriers des sorties dvd depuis quelques années.

(FRA-2011) de Thomas Szczepanski avec Jellali Mouina, Sarah Lucide, Michel Coste

Editeur : Le chat qui fume. Durée : 75 mn. Format : 16/9. Langue : Français 5.1

BONUS : Making of, interviews Thomas Szczepanski (réalisateur), Sarah Lucide (actrice), Jellali Mouina (acteur), François Gaillard (scénariste). Bandes annonces

1 commentaires sur “The hunt, de Thomas Szczepanski”
  1. J’apprécie que l’on encourage les jeunes talents. Encore faut-il le faire quand il y a un véritable talent. Ce film est effectivement à découvrir, même s’il déçoit énormément et s’épuise, jusqu’à devenir insupportable. Bon début, bonne idée de départ, bon démarrage dans sa mise en place, et puis : justement, l’absence de talent à la réalisation devient une vraie, une énorme calamité. Savoir réaliser, c’est autre chose que de gérer un film à petit budget, tourné entre potes. Et contrairement à votre avis encourageant, j’ai le sentiment d’avoir vu un film extraordinaire, merveilleux, digne d’intérêt, compte-tenu que celui qui dirige la caméra, n’a aucune envergure, à part une idée de départ, un concept. C’est donc un exploit, il faut le reconnaître, d’être arrivé à faire cela, sans avoir à la base aucun gramme de talent. Enfin, pas plus que vous et moi, sans vouloir vous offenser. J’ai eu pendant toute la 2ème partie du film, le sentiment permanent, obsédant, que celui qui tournait ce film, était un pti kakou du sud de la france, qui veut arriver au sommet, en se catapultant génial génie.
    C’est bien, les gens qui se prêtent du talent. C’est déjà un départ actif. Mais il n’aura pas mes intérêts.

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