The theatre bizarre

Genre casse-gueule par excellence, voué le plus souvent à l’échec en raison d’un manque d’unité et de cohérence, le film à sketches, tous genres confondus, semblait avoir disparu des écrans. Après le pitoyable Les infidèles et son humour bas du front, une petite production venue de nulle part vient nous rappeler que l’on peut, avec trois bouts de ficelle et un brin d’imagination, innover dans un domaine cloisonné.  Coproduction franco- américaine, The theatre bizarre réussit déjà l’exploit de bénéficier d’une exploitation en salles.  Financé en partie par Metaluna, la petite boite de passionnés créés par Fabrice Lambot et Jean pierre putters, ce film à sketches horrifiques manque certes d’unité mais demeure intrigant de bout en bout.

Afin de relier ces histoires sanglantes et morbides, Udo Kier, grimé en marionnette, introduit chaque récit dans un théâtre avec des métaphores macabres et poétiques. Ces interludes, signés Jeremy Kasten,  sont formellement magnifiques et lorgnent du côté de l’épouvante transalpine. On pense à Mario Bava mais aussi au Bloody Bird de Michele Soavi. L’étrangeté et le sens plastique séduisent immédiatement. Deux qualités que l’on ne retrouve malheureusement pas dans toutes les histoires contées.

Mais pourquoi réaliser un long métrage sous forme de sketches ? Quelle unité semble se dessiner après la projection ? En apparence, l’ensemble parait un peu fourre-tout tant au niveau du style que des thématiques abordées. On retiendra malgré tout une propension à traiter de la destruction du couple par des forces maléfiques, un goût pour le sexe mêlé à des effets gores. Et surtout un hommage appuyé mais sincère au Grand guignol avec ces récits extrêmes, viscéraux et pervers. Bref, la volonté, saine et salvatrice, de vouloir offrir, à la manière du Cronenberg de la grande époque, de l’épouvante adulte est l’un des points positifs de The theatre bizarre. Dans le détail le résultat est moins probant.

Passons rapidement sur les segments les plus faibles. I Love you de Buddy Giovinazzo est une sorte de drame conjugal trash, du Bergman gore qui vaut essentiellement pour la bonne tenue de l’interprétation (excellent André Hennicks). La mise en scène plate, souffre d’une irritante  photographie surexposée et d’un montage confus. Très sanglant mais convenu.

Sweet de David Gregory, m’a littéralement écoeuré. Pensé comme un mix trash entre la grande bouffe de Ferreri et le cinéma organique de David Cronenberg, cette orgie visuelle m’a rappelé à quel point j’étais sensible à la vision de la nourriture sur un écran. Les membres sectionnés, les geysers de sang, la tripaille à l’air ne me choquent pas. Mais la bouffe écrasée sur des visages congestionnés me provoque des hauts le cœur.

The mother of toards de ce mystique de Richard Stanley est un hommage sympathique et fauché à l’univers de lovecraft. La créature est cheap mais le plaisir de revoir Catriona MacColl en sorcière recluse quelque part dans les magnifiques paysages du sud de la France, procure beaucoup de plaisir. Pour le coup, il y a un petit côté eighties pas désagréable façon Contes de la crypte. On retrouve cet aspect dans le très excessif mais amusant Wet dreams de Tom Savini, délire freudien, sexe et gore, dans lequel apparaît Debbie Rochon, screamgirl culte des années 80. Le film se clôt par un pastiche christique de la fameuse cène avec les apôtres. Drôle et jouissif.

Expérimental et viscéral, Vision stains provoque un certain malaise. L’approche frontal du sujet (une junkie se nourrit de la vie d’êtres malheureux) n’est pas la première qualité de ce petit film maîtrisé mais pas franchement dérangeant.

Totalement hors-sujet, The accident est pourtant le meilleur segment de Theatre bizarre. Pas de fantastique, de cul ou d’horreur graphique à l’horizon mais une réflexion émouvante sur la mort vue à travers le regard sensible d’une petite fille. Douglas Buck, loin des provocations électrisantes de son Family portraits : une trilogie américaine, signe un merveilleux court métrage sensoriel et poétique sur la découverte de la mort. Vivement que Douglas Buck retourne au long métrage pour nous faire oublier son remake raté de Sisters de De Palma.

(FRA/CAN/USA-2011) de Jeremy Kasten, Richard Stanley, Buddy Giovinazzo, Tom Savini, Douglas Buck, Dave Gregory, Karim hussain avec Catriona McColl, Udo Kier, Virignia NewComb, Debbie Rochon, André Hennicks, etc. 

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