Dark Souls

Drôle de film que cette production scandinave, norvégienne pardon, réalisée par deux français avec deux bouts de ficelles. La scène d’ouverture a la particularité de nous emmener à la fois en terrain connu et à l’intérieur d’un univers plus déviant et singulier.

Pendant son jogging, Joanna est attaquée par un homme masqué armé d’une perceuse électrique. Ouverture classique d’un slasher de base me direz-vous ? Oui, mais la suite nous titille la rétine et l’esprit, comme un bon épisode d’X-files. Johanna, après une autopsie, est envoyée à la morgue et se relève, tel un zombie, pour revenir chez elle. Son père, Morten, prévenu du décès de sa fille par la police, reste bouche bée car il l’a bien vue rentrer et s’installer devant son ordinateur sans bouger ni prononcer le moindre mot.
Morten se rend rapidement compte de l’état léthargique de sa fille d’autant que cette dernière déglutit une étrange substance noire et visqueuse. Elle est emmenée à l’hôpital. Le diagnostique est incertain, il s’agirait, selon les médecin dubitatifs, d’une tumeur d’origine inconnue… Mais ce n’est qu’un début car pendant ce temps, le tueur à la perceuse continue ses méfaits… Et les morts reviennent à la vie.
Cet étrange pitch est insidieusement amené pendant les 30 premières minutes, remarquables. En greffant un thème de la SF au slasher, les français César Ducasse et Mathieu Peteul parviennent à tirer leur épingle du jeu dans le marasme désespérant des premiers films fauchés.

Cadré avec soin et interprété avec conviction par des comédiens inconnus, notamment par Morten Ruda qui incarne le père, Dark Souls est une bizarrerie, un film d’infecté pas comme les autres, qui déroule un message écolo inhabituel sur les ravages du pétrole dans une usine mystérieuse.
La lenteur du récit, qui pourrait être un handicap, sied bien à une œuvre morbide, qui nous plonge dans une torpeur cafardeuse. Le climat, non pas anxiogène (on est rarement effrayé) mais morne et glacial, nous immerge au cœur d’un film où les rapports entre les gens sont déshumanisés.
Derrière la façade immaculée du genre, il ne s’agit peut-être que de cela. Parler de notre monde froid, désincarné et vide qui conduit les ouvriers à se transformer en zombie sous la haute surveillance d’une présence démoniaque. Quand je dis ça, j’en dis trop. Et peut-être que la métaphore évoquée n’est pas aussi consciente chez les auteurs qui ont certainement voulu réaliser un petit film d’horreur singulier sans délivrer de message sous-jacent.
Mais, toute proportion gardée, on pense à l’univers d’un Kiyoshi Kurosawa, sans évidemment la dimension mélancolique qui imprègne l’œuvre du japonais.

Il est aussi fort dommage que Dark souls ne tiennent pas toutes ses promesses et s’effondre dans un dernier tiers qui flirte dangereusement avec le Z. Toute la longue séquence finale située dans l’usine tombe à plat. Le décor « industriel » n’est pas utilisé à bon escient. On ne voit que l’aspect fauché et le manque de moyens et d’idées pour boucler une intrigue qui s’effiloche. Certaines séquences frisent le ridicule, voire le comique involontaire. Les effets spéciaux ne sont pas à la hauteur, et certains personnages à peine esquissés (le flic, amorphe et/ou flegmatique est une enveloppe vide) mais Dark souls mérite néanmoins d’être visionné pour l’originalité du propos, la qualité formelle de l’ensemble et son ambiance désenchanté, triste. Les auteurs tirent parti d’avoir réalisé le film en Norvège. Un premier long métrage intéressant à défaut d’être vraiment réussi. On attend la suite…..

(FRA/NOR-2012) de César Ducasse et Mathieu Peteul avec Morten Rudå, Kyrre Haugen Sydness, Ida Elise Broch

Durée: 1h35 – Format: 16/9 tiré d’un master HD – Langue: Norvégien sous-titré français

BONUS
Scènes inédites
Interview des réalisateurs
Making-of
Film 8mm
Début alternatif
Les sfx de Dark Souls
Courts-métrages

Edité en dvd chez Le chat qui fume

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