A l’instar de Cloverfield, [REC] joue dans cette nouvelle catégorie de films qui usent de la forme de réalité-télévisée, l’inverse de la télé-réalité et qui par conséquent, tente d’imiter un aspect documentaire sur le vif par un outil de fiction. Encore frais dans les mémoires, Cloverfield tentait déjà l’expérience immersive avec un film de monstre. Malheureusement, le tout est plombé par des personnages inintéressants et un scénario très linéaire sans grande surprise, excepté ce que l’on voyait dans la bande-annonce (le meilleur du film).
Ici, la donne est différente. Plutôt que de prendre un plouc et son camescope, nous avons à faire à une équipe de tournage qui programme un reportage dans une caserne de pompiers. Ce simple postulat donne une certaine crédibilité aux événements et au fait que beaucoup de choses soient vues à travers l’oeil de la caméra. Dans Cloverfield, on finissait par se demander pourquoi – alors qu’il y a un godzilla au coin de la rue – le type continuait de filmer plutôt que de sauver sa vie.
Ensuite, [REC] n’est pas qu’un simple buzz mais un vrai film d’épouvante. Les temps morts sont très rares et il se passe toujours quelque chose, mises à part deux ou trois scènes d’hystérie un peu longuettes où les cris inutiles finissent par lasser. De même il y a quelques moments « jeu-vidéo » où les personnages tapent sur tout ce qui surgit avec ce qu’ils ont à portée de main. Alors que le film est censé faire peur, il peut alors vite provoquer le rire !
Le blasé de l’horreur qui écrit ces lignes, qui a vu tout ce qui pouvait faire peur au cinéma, s’est tout de même laissé surprendre à plusieurs reprises et a failli tomber de son douillet fauteuil. Il y a même une scène où toute la salle sursaute dans un bruissement. Etrange et rigolo.
Je vois néanmoins deux griefs contre le film. Le premier, c’est d’avoir repris le « concept » des frères Naudet qui faisaient un reportage sur le travail des pompiers lorsque survinrent les attentats du 11 septembre. Le documentaire est très institutionnel au début pour finir dans un total chaos. [REC] emploie exactement la même structure, où l’on comprend progressivement la gravité de la situation.
L’autre élément qui me chiffonne vient de la menace elle-même, une sorte de contamination, simplement copiée sur celle qui sévit dans 28 jours plus tard. En bref, les deux éléments principaux du film sentent fort le déjà-vu.
Mais au final, le trip flippant est tellement bien emballé par les deux réalisateurs espagnols, que l’on n’y pense pas vraiment. Une fois plongés dans le film, ne comptent que les poussées d’adrénaline. Et ce qui finit de rendre [REC] supérieur à Cloverfield, c’est sans doute ce diablotin de Jaume Balaguero. Quand un survival américain vous offre de la peur, c’est toujours en restant sur des sentiers proprement balisés. Dans [REC], certains plans vont toujours un peu trop loin. Balaguero inclut systématiquement un truc qui dérange, un truc en trop qui cloche et qui donne au film son terrible impact.
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