Cette série qui ne ressemble à aucune autre et possède une narration originale. A l’inverse des Experts et autres FBI, une saison d’une dizaine d’épisode correspond à une enquête unique. Ca peut sembler long au départ mais le rythme ne fait que s’accélérer par la suite pour atteindre des sommets de tension dans l’avant-dernier épisode, où se joue tout ce qui a été dit auparavant. Le dernier épisode représente en fait le débriefing de toute l’enquête et les suites qui seront données… ou non. Car au final, c’est bien l’idée de justice qui est remise en cause.
Le lieu de la série constitue une autre curiosité. Ville fétiche de John Waters, Baltimore et plus précisément ses blocs d’appartements cheap sont au centre de l’intrigue. La particularité de la ville est aussi d’avoir une majorité de noirs, les blancs devenant presque une minorité. Tout cela ne vous parle pas à vous petit Frenchy, mais l’atmosphère de la ville y est très bien rendue et l’on finit par s’attacher aux différents lieux et quartiers de la Baltimore. De plus, la ville tient haut la main le record de toxicomanie. Nous sommes donc immergés dans l’ambiance électrique des quartiers HLM surpeuplés où la moindre incursion de flics peut se terminer en bavure ou en émeute. L’univers de Baltimore nous change radicalement de la célébrité de NY, du glamour de LA ou Miami, prisé par d’autres séries plus grand public.
Diablement précise et réaliste à tous les niveaux, The wire démonte le système de la drogue en illustrant les relations entre tous les maillons de la hiérarchie : du grand boss (le pdg) jusqu’au junkie (le client) en passant par le dealer (le vendeur). Le tout fonctionne comme une entreprise professionnelle avec des blâmes, des promotions ou des primes. Certains débutent tandis que d’autres se mettent à la retraite. Enfin, il arrive que l’on se fasse viré, ce qui signifie très souvent assassiné.
Il est difficile d’énumérer les qualités de la série tant il y en a. De nombreux thèmes sont abordés : l’intégrité et la place du flic enquêteur au sein d’une police à la hiérarchie molle immobilisée par des pouvoirs politiques corrompus. Il y a de l’humour bien entendu, les membres de l’équipe policière étant tous plus ou moins des loosers venant d’horizons très très différents. L’un est spécialiste pour tirer sur ses co-équipiers, l’autre ressemble à un Morgan Freeman qui restaure des figurines miniatures… Certains ne se gênent pas pour picoler jusqu’au bout de la nuit jusqu’à s’en rendre malade. On ne peut que compatir pour ces flics mal payés qui font leur boulot jusqu’au bout, peu importe les risques.
La guerre entre institutions (FBI, DEA, Homicide, la ville de Baltimore, etc.) est également illustrée et nous montre ô combien la tâche est longue et difficile pour traduire en justice les responsables du trafic.
Si la série se nomme Sur Ecoute car, c’est parce que les inspecteurs utilisent au final la technologie pour faire avancer leur enquête. Les flics partent de zéro, des « on dit » et mènent un travail minutieux sur le terrain. L’habitude veut que l’on coffre des petites frappes pour les mettre en prison quelques années au mieux mais il n’y a ni les moyens ni la motivation (certains fonctionnaires de police sont avant tout intéressés par savoir s’il y aura des heures supp’ payées). Le but est donc d’obtenir des preuves et de monter un vrai dossier. On commence par des photos de caïds et puis on progresse dans la technologie avec des enregistrements vidéo ou audio.
Je vais tenter le coup, mais je doute que ce soit meilleur que The Shield et ses flics ripoux
Les deux séries n’ont surtout rien à voir. J’adore les deux, mais c’est des registres complétement différents.