Dead Man Shoes en dvd

deadmanshoes1Synopsis

Richard, un soldat, revient dans sa ville natale pour venger son frère un peu simplet, victime de maltraitance par la population locale. Méthodiquement, il va assassiner l’un après l’autre, tous les responsables.

Critique

Une question me taraude. Comment se fait-il que Dead man shoes n’ait pas réussi à se frayer un chemin,  même étroit, dans les salles françaises. Le circuit indépendant aurait du accueillir à bras ouvert ce remarquable petit film d’auteur, incisif et rentre-dedans.

Qu’un tel film ne puisse jouir d’une diffusion normale a de quoi surprendre à une époque où n’importe quelle purge, à peine viable commercialement, a droit au tapis rouge des salles obscures, et, notamment, des multiplexes. Enfin, les voies de la distribution sont impénétrables.

dmsdvdCette aberration est néanmoins compensée par une sortie DVD mais il aura fallu attendre près de 5 ans après sa mise en boite pour voir enfin le film coup de poing de Shane Meadows, jeune cinéaste auteur d’un This is England, très remarqué.

Dead man shoes concentre toutes les qualités intrinsèques -souvent surfaites par ailleurs- du (bon) cinéma populaire anglais. A savoir : un sens aigu des dialogues, qui entre improvisation et écriture acérée, fonctionne à merveille, une direction d’acteurs sans failles, un bande son “tendance” confirmant le bon goût des anglais en matière de pop et une mise en scène âpre et efficace, mélange roublard entre naturalisme et esthétisme de clip.

Les premières scènes laissent craindre, non pas le pire, mais un sentiment de déjà-vu comme si ce cinéma là,  on l’avait fréquenté des centaines de fois. Ce qui n’est pas faux dans un sens. Mais inexact en partie. Au petit jeu rassurant des influences, on pourrait arguer que Dead man shoes débute comme un croisement entre du Ken Loach inspiré et du Danny Boyle période Trainspotting.

L’univers codifié du milieu prolo junkie anglais est passé en revue. Le film prend des allures de chronique de mœurs, peinture lucide de marginaux s’écartant du droit chemin. L’approche documentaire frappe par sa justesse de ton.

Un montage alterné souligne le va-et-vient entre la relation douloureuse et émouvante des deux frangins et le quotidien banal d’une bande de dealers légèrement «décérébrés », ce qui nous vaut un certain nombre de scènes cocasses, versant dans un humour bienvenu. Ce procédé narratif, répétitif et usé en surface, n’est pas gratuit mais participe pleinement à un script, au final, surprenant. Assez rapidement, Shane Meadows prends des chemins de traverse et révèle la vraie nature de son film, s’aventurant du côté du pur vigilante movie.

En dépit des apparences, Dead man Shoes est une œuvre centrée sur le thème de la vengeance, s’inscrivant  au cœur du cinéma de genre, en ne perdant jamais de vue la crédibilité du récit et la dimension humaine et complexe des personnages.

Très loin du discours belliciste, flattant souvent nos bas instincts, de productions comme Le justicier braque les dealers ou le récent A vif, Dead man shoes conserve une distance, une réflexion sur la violence soit disant  libératrice, bref une ambiguïté qui empêche toute forme d’adhésion primaire envers les actes répréhensifs des personnages. Shane Meadows retarde habilement les agissements du frangin, même si un doute plane sur les motivations réelles d’une telle colère. La construction diégétique est pertinente. Le réalisateur ne fournit pas d’emblée toutes les clés au spectateur. Richard n’est pas ce bloc de droiture, mu par la vengeance, qui l’attache à  son frangin, demeuré fragile et émouvant. Les délinquants, insupportables au début,  deviennent progressivement des figures plus pathétiques qu’antipathiques.

Sur la dernière bobine, le film prend une dimension allégorique à la lisière du fantastique. Les éléments oniriques introduits dès le début (le tueur masqué) laissent planer le doute quant à l’existence réelle de certains personnages.

Ce qui n’empêche pas Shane Meadows de regarder la violence en face. Cette dernière est filmée froidement, sans complaisance, loin de tout sensationnalisme mais en évitant aussi le hors champ hypocrite que suggèrent de telles scènes.

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Cruel et brutal, Dead man shoes se conclut par une fin magnifique, loin de toute glorification du discours convenu « œil pour œil, dents pour dents », écho lointain et pessimiste au splendide western crépusculaire, L’homme des hautes plaines de Clint Eastwood.

A noter l’excellence de la b.o.f qui oscille entre partition électro planante de Richard D. James (Aphex twin) et folk introspectif (M Ward, Smog, Calexico, Bonnie Prince Billy).

(GB-2004) de Shane Meadows avec Paddy Considine, Gary Stretch, Toby Kebbell

DVD édité par FPE. Format: 1.85. Son : 5.1 (VO)  et 2.0 (VF)

Bonus:

Commentaire audio de Shane Meadows, paddy Constantine, Mark Herbert

Scènes coupées et rallongées

Fin alternative

Documentaire sur Shane Meadows

Court métrage : Northern Soul

[starrater]

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