Le cinéma gothique, un genre mutant

cinemagothiqueDès son introduction, Valérie Palacios coupe court aux moqueries en redéfinissant clairement le terme “gothique”, devenu aujourd’hui un fourre-tout où l’on place en général des ados rebelles de noir vétus avec des toiles d’araignée tendues entre deux piercings. L’influence gothique vient donc de très loin. Et l’on sera quelque peu surpris de trouver des films qui n’ont pas l’air gothique au premier abord. Si l’on comprend que les vampires sont de la partie, on a plus de mal avec Apocalypse Now… On se demande parfois si ce n’est pas tout simplement de film fantastique au sens large, dont il est question ici.

La culture cinématographique de l’auteure semble assez large pour retrouver des films de toutes époques et de tous pays. Grâce à un style fluide et un enthousiasme communicatif, elle donne envie de redécouvrir des classiques mais évoque également des oeuvres plus confidentielles, parfois un peu oubliées.

Le livre est divisé en thèmes. Si les vampires et les loup-garous possèdent un périmètre bien défini, les monstres sont désignés de manière plus arbitraire. De même, les zombies sont traités dans le chapitre sur les fantômes car ils sont “morts-vivants” ! On pourrait discuter sur le statut de fantôme, qui est plutôt une âme errante tandis qu’un zombie tient de l’amas de chair réanimé. Ce qui en fait au final des créatures radicalement opposées.

On retrouve parmi les vampires, les oeuvres fondatrices telles que les Nosferatu (Murnau ou Herzog) et les Dracula (Hammer ou Coppola). L’auteure analyse l’image du vampire qui évolue avec son temps. Elle évoque des adaptations plus underground comme celle de Guy Maddin, en forme de ballet filmé. Le loup-garou possède moins d’adaptations et l’on passe sur les classiques du genre tels que Hurlements. Le thème des monstres est un peu à fourre-tout : Alien, Frankenstein, Metropolis, Freaks, avec une petite digression sur le cinéma cyberpunk. Le diable et ses différentes représentations sont passées en revue. Les fantômes ont droit à un traitement de faveur avec une incursion chez nos amis asiatiques (la série interminable Ring) et donc également chez nos copains les zombies.Le mysticisme nous entraîne sur les traces de religions occultes et bizarres. Le meilleur est gardé pour la fin : Valérie Palacios analyse la place du fétichisme dans la culture gothique, allant même jusqu’à parler des films de naziexploitation (c’est Artus qui va être content), en passant au préalable sur les aspects incontournables lié au sadomasochisme et sur les symboles des uniformes. C’est sans doute la partie la plus originale de l’ouvrage.

La plupart du temps, Valérie Palacios nous gratifie de critiques pertinentes et synthétique.s Les amateurs d’analyse au douzième degré n’y trouveront sans doute pas leur compte, ni les spécialistes de “films de genre”. Par contre, l’ouvrage pourra sans problème aiguiller les néophytes grâce aux thèmes bien séparés. L’on pourra toutefois toujours faire quelques découvertes ça et là et la lecture agréable de l’ouvrage donnera envie de redécouvrir certains classiques que l’on croit connaitre par coeur.

Livre disponible chez l’éditeur Camion Noir

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