Depuis plusieurs années, le cinéma indépendant américain nous régale avec des films intelligents, parsemés de héros blessés et de personnages atypiques. Des films fort éloignés de la production actuelle, qui font du bien à leur(s) auteur(s) (comme dirait Hugues Dayez) et qui s’insinuent durablement dans l’inconscient du spectateur. Sundance et Deauville sont devenus des gages de qualité et certains films primés lors de ces festivals ont marqué les esprits (Little Miss Sunshine, Dans la peau de John Malkovich, Thirteen, Memento, …).
Michel Cuesta, réalisateur de plusieurs épisodes de Six Feet Under, fait partie de cette mouvance américaine. Déjà récompensé à Deauville (2002) pour son film L.I.E, il revient en 2006 avec 12 and Holding, un film choral sur le délicat passage de l’enfance à l’adolescence.
L’histoire de Jacob, Malee et Leonard, trois enfants de 12 ans qui subissent la perte d’un de leurs amis (le frère jumeau de Jacob). Cet événement les amènera à remettre en question leur propre existence et bouleversera leurs relations familiales.
Cuesta filme ses personnages de près, mais avec la distance nécessaire. Jamais il ne tombe dans la mièvrerie et réussit à traiter avec subtilité un sujet qui aurait très vite pu verser dans le pathos. Les interprètes sont excellents. Ces enfants qui agissent comme des adultes (face à leurs parents qui semblent eux retomber en enfance) nous renvoient à notre propre existence, à notre propre passage entre ces mondes imbriqués. C’est parfois drôle, souvent émouvant. On pense à Gregg Araki ou Larry Clark.
A travers l’histoire de ces trois héros, Cuesta nous livre sa vision de la quête d’identité, de la sexualité ou encore de l’importance accordée au jugement d’autrui. Des thèmes souvent galvaudés mais traités ici avec beaucoup de maîtrise.
Dvd disponible depuis juillet 2009.
Ah, ça fait drôle de voir un texte sur ce film parce qu’il avait passé un peu inaperçu. Ce qui est dommage parce qu’il est effectivement très intéressant. J’ai revu « L.I.E » récemment, mais il lui manque quelque chose, une fragilité que « Twelve and holding » a su mieux exprimer…
Mais le film m’a plutôt fait songé à « Welcome to the Dollhouse » de Todd Solondz qu’à ceux de Gregg Araki ou Larry Clark. Araki étant bien plus enragé et Clark un peu trop douteux dans ses intentions.
C’est vrai. Je dirais même qu’Araki est plus pessimiste et Clark plus « violent ». Je n’ai pas vu Welcome to the Dollhouse mais le synopsis donne envie !
Oui, Araki est vraiment « no future » dans la plupart de ses films, mais je ne dirais pas qu’il est moins « violent » que Clark, au contraire, je trouve qu’Araki l’est bien plus, surtout avec un film comme « Mysterious Skin ». Ce qui me dérange avec Clark c’est qu’il ne me semble pas sincère dans ses propos, dans son regard (« Bully » en est le meilleur exemple, je trouve)…
« Welcome to the Dollhouse » regarde-le !
Le nouveau film de Michael Cuesta, « Tell Tale », un thriller, je crois, sort aujourd’hui dans une seule salle (à Paris).