Valhalla Rising, de Nicolas Winding Refn

Valhalla Rising, sorti en 2009, est réalisé par Nicolas Winding Refn, le réalisateur danois auteur de la saga Pusher et plus récemment du film Bronson.

Le film raconte l’histoire de One-Eye, un guerrier muet et sauvage, prisonnier d’un redoutable chef de clan. Grâce à l’aide d’un enfant, Are, il parvient à s’échapper et tous les deux s’embarquent pour un voyage au coeur des ténèbres.

Le film débute par une présentation de One-Eye (Mads Mikkelsen, interprète de Tonny dans Pusher et Pusher II). Refn va droit au but et joue sur la répétition (notamment des combats) pour nous montrer le quotidien de son héros, alors encore à l’état d’esclave. One-Eye passera en effet par quatre étapes : esclave, guerrier, Dieu et homme. « Son évolution contient l’évolution de l’humanité », explique le réalisateur. Chaque étape est l’occasion d’une plongée dans une nature différente. Tout le film a été tourné en Ecosse mais chaque endroit semble distinct des autres, comme si les protagonistes faisaient un bond énorme dans le temps.
Et c’est bien de cela dont il est question. Refn a voulu faire un film moderne situé dans le passé. Il décrit Valhalla Rising comme de la SF mentale. Un voyage dans l’espace. Le voyage de One-Eye, un personnage mythologique qui combine de nombreux héros. Un monolithe qui n’a pas de passé, pas de présent, et donc pas d’émotions. Le scénario, basé sur une histoire vraie, n’a pas arrêté de changer. Au départ, Refn voulait raconter l’histoire de vikings chrétiens en route vers Jérusalem, mais la mythologie nordique fut oubliée pour en faire un film sur le futur.

Mads Mikkelsen (One-Eye), Maarten Steven (Are) et le réalisateur Nicolas Winding Refn

Pour créer l’ambiance si particulière de Valhalla Rising, Refn a revisité de nombreuses références, qui vont de 2001 : l’Odyssée de l’espace au théâtre kabuki en passant par Snake Plissken (personnage de fiction créé par John Carpenter). De nombreux plans ont été tournés à la manière de tableaux. Certains présentent des teintes désaturées et fortement contrastées. Tout cela participe à l’aspect « hallucinogène » voulu par Refn. Sans parler de la musique, ou plutôt de l’absence de musique, puisque le silence des montagnes est devenu la voix du film. Seuls persistent quelques sons organiques.

Au final, Valhalla Rising est un « film expérience » qui nécessite qu’on s’y abandonne. De nombreuses interprétations sont possibles – ce qui le rend d’autant plus intéressant – mais force est de constater qu’à certains moments l’ennui nous guette. En effet, le réalisateur de Pusher semble parfois s’abandonner dans la contemplation de cette nature imposante, au point d’en oublier l’évolution du récit.

3 commentaires sur “Valhalla Rising, de Nicolas Winding Refn”
  1. Je trouve pas qu’il abandonne son récit. Il a juste son tempo à lui pour l’explorer. Je l’ai vu au ciné, il m’a semblé que la durée était un brun trop longue, que les contrastes étaient un peu trop appuyés… je l’ai revu en dvd, et les choses se sont équilibrées. La salle devait sans doute exagérer sur la profondeur des noirs, et l’effet de surprise faisait qu’une ou deux scènes paraissaient un peu longues. Mais c’est cette putain de mode à la con du montage ultra cut qui nous a défoncé le cerveau et notre manière de voir des films ! On est tous des victimes du dialogue pauvre et des montages racoleurs. Combien de gens aujourd’hui ne peuvent pas rester tranquilles et paisibles devant 2001 ?! Beaucoup trop ! Il leur faut du Avatar dégueu pour s’éclater maintenant ! Allez je me calme. Il faut revoir ce film et savourer ses riches intentions. Il faut voir et revoir ce film pour se rendre à quel point son coffre est rempli de perles.

  2. Plus difficile de défendre ce film 🙂
    A vrai dire, je l’ai vu deux fois. La première fois, ça a fonctionné comme le voulait le réalisateur. Une sorte de trip sans avoir besoin de substance, les images coulent de source, c’est une expérience indescriptible.

    La 2ème fois, ça n’a pas fonctionné. Je me suis vraiment ennuyé et j’ai trouvé le tout très creux.

    Donc je crois que la réception du film dépend surtout de l’humeur de celui qui le regarde. Quand le réal filme les montagnes, on peut soit trouver les décors naturels d’une beauté renversante, ou alors dire comme Léo que ce sont des fonds d’écran windows.

  3. ah non ah non ! ce film n’est pas creux. Bien sûr, selon l’humeur on peut pas le prendre toujours à fond.
    Mais d’abord, pour ne pas soutenir le film à 100% comme un idiot, je dirais que “respecter” les couleurs de la nature aurait peut-être été plus sage, en tout cas dans les passages pas rouges. Herzog n’aurait jamais fait de ces paysages des “fonds d’écran windows” potentiels, c’est sûr. Mais devons-nous pour autant se moquer de ce qui a été fait là ? je pense pas. déjà il y a l’utilisation du montage qui est parfois pleine de sens, comme le dernier plan où un fondu enchainé suggère que le mec fait désormais partie intégrante du brouillard, le moment donc où son visage se fond dans la brume après sa mort. c’est carrément une référence à la fin d’ “Apocalypse Now” où le visage de Martin Sheen apparaissait et disparaissait dans un fondu en “sortant” de la statue, puis en y “entrant”… tout cela est déjà le signe d’une connaissance des outils du cinéma, en particulier dans l’art de “raconter” quelque chose sans avoir recours aux dialogues. les exemples des scènes remplies de sens peuvent être multipliés, j’en suis sûr.
    ensuite, il y a quand même ici l’envie d’un cinéma 100% premier degré, ce qui est très bon à prendre aujourd’hui. John Boorman aurait sans doute aimer ! ^^ ce cinéma très premier degré donc, est destiné à un public qui aime se prendre au sérieux ne serait-ce que pendant un peu moins de 2h. si on décide de se laisser prendre au jeu, le film devient une sorte de “2001” transposé chez les vikings, toute proportion gardée. bon là je sais plus où j’en suis pour défendre ce Valhalla, mais c’est déjà bien comme effort ^^

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