FEFFS – Episode 3

Le compte-rendu de Nosfé

En complément du papier de Jérôme, voici un billet sur le Festival Européen du Film fantastique de Strasbourg de la part de Nosfé, un forumeur actif de Mad Movies.

Compétition européenne

Rammbock de Marvin Kren

Le seul film de zombies (ou d’infectés, pour les puristes) de la sélection, est “made in Germany”. Et c’est malheureusement bien là une de ses seules originalité. Enfin, pas tout à fait.

La construction tire agréablement partie d’un budget qu’on devine réduit en limitant l’action à un immeuble et à sa cour intérieure, laquelle devenant (en plus des habituels extraits de bulletin d’information) un véritable fenêtre sur le monde, sur ces zombies qui reviennent toujours, sur les autres locataires qui sont autant d’histoires, autant de portraits et d’appréciations différentes face à l’événement.

Encore un film de zombies qui tourne au huis-clos, donc. Et encore un film où cette attaque de zombies sert de catalyseur, de révélateur à chacun des personnages. Ce n’est pas nouveau, certes, mais c’est aussi là qu’est tout l’intérêt du film : Nous avons pour héros un sorte de gros nounours romantique, naïf et un peu idéaliste (il se refuse à se battre contre les infectés parce qu’ils “restent des êtres humains”) et qui, pour une fois, ne va pas radicalement évoluer au cours du film. Il ne va pas twister complétement pour se transformer en guerrier. Ce personnage balourd, venu à Berlin pour se rabibocher avec sa copine ne se fait pas à l’idée que celle-ci, disparue au moment même de l’invasion, ait pu devenir une de ces créatures. Et le scénario de lui donner raison (ou presque…) et de faire mentir par une scène finale d’une ironie tragique la tournure presque trop normalisée que prenait le film. Cette approche particulière, et l’ajout de l’appareil photo comme outil essentiel de la survie en milieu zombie, sont ce qu’il y a à retenir d’un film qui, parmi la foultitude de films surfant sur la même vague, et piochant son inspiration de ci, de là (28 jours plus tard, mais surtout [REC]), n’a au final pas grand chose pour s’imposer.

Proie d’Antoine Blossier

Le pitch (une chasse au sanglier où la proie n’est pas celle que l’on croit) peut rappeler le sympathique Razorback de Russell Mulcahy, mais c’est en fait à un survival dans la droite lignée d’un Predator que l’on a à faire. Bon, soyons clair, on est certes pas encore au niveau du film de McTiernan, mais la référence – avouée – se pose là, d’autant que le métrage de Blossier est plutôt réussi. Posant ses enjeux dramatiques rapidement (c’est à signaler, la tendance actuelle étant de laisser passer une bonne heure avant de démarrer le film), et laissant d’autant plus de place à la partie de chasse et au développement de ses personnages, le film joue beaucoup sur la suggestion (Verra-t-on la bête ? Ne la verra-t-on pas ?), jouant joliment avec l’espace (forêt et marécage), l’obscurité et une caméra qui, oh miracle, ne se secoue que lorsque l’action à l’écran s’y prête. Cela n’exempte pas le film de défauts (cette même caméra trop secouée et cette même obscurité rendant la baston dans l’arbre illisible ; quelques éléments scénaristiques reposant un peu trop sur la suspension d’incrédulité), mais, si on y ajoute un casting de gueule qui joue juste (Fred Ulysse, François Levantal, même Grégoire Colin est bon…), voilà un opus à mettre dans le haut du panier parmi les films de genre français.

Tannöd de Bettina Oberli

Un film suisse allemand. Et sans vouloir ressasser du cliché, cette nationalité suffit à le définir : lent, austère au possible, mou et triste. Seul l’atmosphère lourde et brumeuse de l’ensemble lui apporte une certaine aura fantastique, mais pour le reste, ce n’est qu’une vague enquête sur le vague massacre d’une famille dans la Forêt Noire des années 50, avec superstitions et ragots de village. Et ça s’éternise durant 1h40, avec une résolution qui, bien qu’elle se fasse attendre, n’apporte rien de plus.

Rubber de Quentin Dupieu

Après un Steak qui en avait laissé plus d’un dubitatifs, Mr Oizo revient avec un nouvel opus qui semble plus posé, mais où son univers absurde est présent de bout en bout. C’est donc l’histoire d’un pneu télépathe et serial killer, des flics qui enquêtent sur ses crimes, et des spectateurs qui, dans le désert et armés de jumelles, suivent son parcours de la même façon que nous autres, spectateurs dans la salle de cinéma. Une histoire surréaliste, à l’humour omniprésent, mais tout de même moins perché que dans Steak. On se rapproche parfois de l’humour à froid des Kervern/Delépine ou de Kaurismäki, avec une peut-être pointe de Jacques Tati, voire de quelques délirants cinéastes nippons (notamment certains opus de Takashi Miike, ou A Taste of Tea). Bref, c’est complétement inclassable, drôle, gentiment gore, esthétiquement très soigné (le tournage s’est fait avec un appareil photo Canon 5D, et le résultat est impressionnant, tant au niveau de la lumière que du grain), et ça nous donne vraiment envie, une fois de plus, de plonger plus longuement dans l’univers improbable de cet artiste touche-à-tout.

Reykjavik Whale Watching Massacre de Julius Kemp

Premier film d’horreur d’un pays qui nous a auparavant offert Björk et le volcan qui bloque les avions, voilà un slasher / survival extrêmement classique dans sa construction : un groupe de touristes parti en mer voir les baleines se font massacrer (tout est dans le titre !) et vont devoir se battre pour survivre. Mais c’est sur ce point que le film trouve son originalité : Si ces touristes forment évidemment une galerie de portraits ( les mauvaises langues diront “de clichés”), cela n’est pas destiné à ce que l’on veuille ou que l’on puisse se reconnaitre et s’identifier à eux. Car ces personnages, à une ou deux exceptions près, sont tous de fieffés salauds, des cons indécrottables, alignant tour à tour hypocrisie, racisme, lâcheté, égoïsme, mysogynie, imbécilité chronique, et j’en passe…

Bref, on est finalement assez heureux de voir ces beaufs mourir de façon violente et souvent originale, mais hélas pas toujours filmé de la manière la plus heureuse (le coup du lance-harpon est à ce titre décevant, tant l’idée, sur le papier, est réjouissante), et là où c’est intéressant, c’est que personne n’est vraiment épargné par cette idiotie rampante, et surtout pas les islandais eux-mêmes. Ce n’est sûrement le meilleur film à présenter pour promouvoir le tourisme insulaire, mais sous cette aspect de divertissement sanguinolent, il n’est pas interdit de voir la critique d’un pays qui a perdu ce qui avait pleinement contribué à le construire (la chasse à la baleine), et ne semble guère décider à évoluer indépendamment de ça…

La sélection des courts européens

Amock
Un Cloverfield-Like étudiant. Amusant, mais un peu maladroit et anecdotique. Et un (gros) pseudo-insecte en CGI !

Customer Support
C’est norvégien, et plein de l’humour absurde (et critique) qu’on leur connait. Pas fantastique, mais inattendu et vraiment drôle.

El Grifo
Un vieux se coince le doigt dans un robinet. C’est tout.

Fard
Un court d’animation de science-fiction très intéressant. le concept est déjà vu et revu, mais il est ici très bien traité et joliment exécuté.

Jericho
Un veuf irlandais retrouve sa joie de vivre via un souvenir perdu dans son grenier. La nature du souvenir fait beaucoup pour le charme de cette histoire mignonne mais pleine d’amertume. C’est amer, mais mignon. Mais amer. Mais mignon.

Les Sabatilles de Laura
Fable plein de belles couleurs (merci la Red One) sur les peurs enfantines. Mais ça tourne un peu à vide, quand même.

Lester
Un vampire moderne. Mais suisse. Anecdotique au possible.

Mr Foley
Jolie mise en abîme du travail sur le son, et de son importance au sein d’un film. C’est drôle, et ça aurait peut-être mérité d’être plus long, plus fouillé. et un oiseau en CGI !

Perptuum Mobile
Rêves prémonitoire, boucle temporelle… Un joil 180 shot répété deux fois… Et un Capricorne en CGI ! Décidément.

Tout les Hommes s’appellent Robert
On croit que c’est un survival, alors qu’en fait non. Ou si. Au final, une belle métaphore, simple, mais drôle et bien amenée. Ne vous fiez pas au titre “intellectualisant”, car c’est en fait une belle blague potache !

La sélection des courts français

Adieu Créature
Rufus en Père Noël démissionnaire. L’idée n’est pas neuve, mais c’est bien mené, gentillement incorrect et sympathique, malgré un grain d’image assez dégueulasse (problème dû à la copie ?).

Bibelots
Gagnant d’un concours Crous, un court en Stop-motion qui s’amuse à cumuler les références. Sympathique.

Cabine of the Dead
Comme son nom l’indique, une variation zombiesque se déroulant autour d’une cabine téléphonique. C’est très drôle, mais pas vraiment tip-top, surtout si on commence à en avoir assez des zombies-flicks qui n’apportent rien de neuf à la mythologie…

Dernier étage
Un concept déjà vu mille fois, exploité sans plus d’originalité. Rien de navrant, mais rien de transcendant non plus.

Les Incroyables Aventures de Fusion Man
Fusion man est … Un super-héros gay. Moi, je veux bien que ce soit un film destiné à dénoncer l’homophobie par l’humour et la parodie (la réplique sur Batman et Robin était téléphonée !), mais si au moins il demandait à l’acteur principal de ne pas faire dans le cliché de la folle (et ne parlons pas du pseudo bad-guy qui surjoue au possible)…

Ma Mort à Moi
Comédie absurde sur la notoriété et la postérité. C’est drôle, assez non-sensique, mais le concept aurait peut-être mérité d’être encore poussé.

Mon Père
Joli détournement de fable (en l’occurrence, une histoire d’ogre), bien menée et mis en images, mais manquant peut-être d’un peu plus d’ambiguïté pour être totalement réussi.

Polaroïd
Là encore, un concept déjà bien usé (les personnages prisonniers d’une photographie) auquel on apporte rien de neuf.

Via
Réflexion sympathique, mais trop longue et lente, sur l’acteur (lequel, en l’occurrence, est le trop rare Denis Lavant) et sur la perméabilité fiction / réalité. Et visuellement non plus, ça ne sait pas trop sur quel pied danser.

Vincent T.

(À venir : Italian Pop and more…)

Courts européens:

Amock
Un Cloverfield-Like étudiant. Amusant, mais un peu maladroit et anecdotique. et un (gros) pseudo-insecte en CGI!

Customer Support
C’est norvégien, et plein de l’humour absurde (et critique) qu’on leur connait. Pas fantastique, mais inattendu et vraiment drôle.

El Grifo
Un vieux se coince le doigt dans un robinet. C’est tout.

Fard
un court d’animation SF très intéressant. le concept est déjà vu et revu, mais il est ici très bien traité et joliment exécuté.

Jericho
Un veuf irlandais retrouve sa joie de vivre via un souvenir perdu dans son grenier. la nature du souvenir fait beaucoup pour le charme de cette histoire mignonne mais pleine d’amertume. C’est amer, mais mignon. mais amer. Mais mignon.

Les Sabatilles de Laura
Fable plein de belles couleurs (merci la Red One) sur les peurs enfantines. Mais ça tourne un peu à vide, quand même.

Lester
Un Vampire moderne. et suisse. Anecdotique au possible.

Mr Foley
Jolie mise en abîme du travail sur le son, et de son importance au sein d’un film. C’est drôle, et ça aurait peut-être mérité d’être plus long, plus fouillé. et un oiseau en CGI!

Perptuum Mobile
rêves prémonitoire, boucle temporel… un joil 180 shot répété 2 fois. Et un Capricorne en CGI!

Tout les Hommes s’appellent Robert
on croit que c’est un survival, alors qu’en fait non. ou si. Au final, une belle métaphore, simple, mais drôle et bien amenée. Ne vous fiez pas au titre intellectualisant, car c’est en fait un belle blague!

Courts Français:

Adieu Créature
Rufus en Père Noël démissionnaire. L’idée n’est pas neuve, mais c’est bien mené, gentillement incorrect et sympathique, malgré un grain d’image assez dégueulasse (problème dû à la copie?).

Bibelots
Gagnant d’un concours Crous, un court en Stop-motion qui s’amuse à cumuler les références. Sympathique.

Cabine of the Dead
Comme son nom l’indique, une variation zombiesque se déroulant autour d’une cabine téléphonique. C’est très drôle, mais pas vraiment tip-top, surtout si on commence à en avoir marre des zombies-flicks qui n’apporte rien de neuf à la mythologie…

Dernier étage
un concept déjà vu mille fois, exploité sans plus d’originalité. rien de navrant, mais rien d’intéressant non plus.

Les Incroyables Aventures de Fusion Man
Un super-héros gay. Moi je veux bien que ce soit un film destiné à dénoncer l’homophobie par l’humour et la parodie (la réplique sur Batman et Robin était téléphonée!), mais si au moins il demandait à l’acteur principal de ne pas faire la folle (et ne parlons pas du pseudo bad-guy qui surjoue au possible)…

Ma Mort à Moi
Comédie absurde sur la notorièté et la postérité. C’est drôle, assez non-sensique, mais le concept aurait peut-être mérité mieux.

Mon Père
Joli détournement de fable (en l’occurrence, une histoire d’ogre), bien menée et mis en images, mais manquant peut-être d’un peu plus d’ambiguïté pour être totalement réussi.

Polaroïd
Là encore, un concept déjà bien usé (les personnages prisonnier d’une photo) auquel on apporte rien de neuf.

Via
Réflexion sympathique mais trop longue et lente, à trop voir en faire, sur l’acteur (Lequel, en l’occurrence, est le trop rare Denis Lavant) et sur la permabilité fiction/réalité. Et visuellement non plus, ça ne sait pas trop sur quel pied danser.

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