Etrange compte-rendu

L’Etrange Festival de Strasbourg a ouvert ses portes hier soir. Avec son humour bonenfant, Philippe, l’animateur historique, a rappelé ô combien il était difficile d’organiser une telle manifestation, notamment pour des questions financières, en regard de films à risques (il y a un porno quand même). Les films projetés ne constituent évidemment pas des blockbusters calibrés pour drainer du spectateur au kilomètre. Philippe a également rendu hommage à l’équipe de bénévoles qui mettent beaucoup d’énergie et de temps dans le festival.

On commence la soirée doucement avec un court-métrage de Winshluss. Animateur, dessinateur, réalisateur, Winshluss nous propose L’histoire de l’huile, une sorte de parodie de film publicitaire. L’huile en question peut être utilisée pour la friture ou pour la voiture, et toutes sortes d’autres. Le court-métrage m’a rappelé la belle époque de Méthanie. C’est fait avec imagination, enthousiasme et toujours un peu d’humour bien noir et visqueux.

Le premier film de la soirée constituait une grande attente puisqu’il s’agit de la dernière oeuvre de Tsui Hark. Detective Dee est, je l’avoue, une déception. J’ai découvert Tsui Hark les yeux exorbités devant Zu les guerriers de la montagne magique. Rythme effrené, magie dans tous les sens, cascades de cascades et effets visuels bricolés à l’ancienne, la surprise était totale et je me demandais ce que ça pouvait bien être. Detective Dee reprend certains éléments chers au réalisateur mais le film est trop sage et trop carré.

Dee a été emprisonné parce qu’il se révoltait contre la future impératrice. Mais celle-ci le libère pour qu’il puisse enquêter sur d’étranges phénomènes : des proches de la dame se mettent subitement à se consumer.

On a le quota de tout ce qui fait un agréable film de divertissement : une enquête policière, des scènes de baston, des décors gigantesques, de l’humour et un brin de romance. La mise en scène fait preuve de classicisme et ce n’est que rarement que l’on retrouve l’énergie folle et créatrice de Tsui Hark. La scène du marché fantôme sort du lot. Dans les entrailles des montagnes se cachent d’étranges créatures, parfois fantômes, parfois mécaniques, et elles vont donner du fil à retordre à Dee et son équipe de choc, dans d’étonnantes chorégraphies (dont une avec des poutres!).

Le deuxième film de la soirée, Dream Home, nous vient aussi de Hong-Kong. Il alterne des scènes de gore extrême avec des flashback du parcours de Sheung. La jeune femme vit à Hong-Kong depuis toute petite et elle accumule les ennuis : elle est expulsée de son logement, son père est très malade, l’appartement dont elle rêvait coûte une fortune. Alors elle a une idée, qui va provoquer la mort de nombreuses personnes.

Filmé comme un polar coréen (photographie froide et métallique, fascination pour le milieu urbain), Dream Home a bien sa place dans le festival car il est effectivement étrange. Son auteur, Pang Ho-Cheung, a un discours bizarre. D’un côté il semble fustiger tout à fait sérieusement les problèmes économiques qui gangrènent la ville et de l’autre, il livre un film d’horreur, tellement surréaliste qu’on en vient à rigoler. Il devient alors difficile de trouver une logique dans tout ça. Le film vaut le coup d’oeil pour ses débordements trash dont on ne sait jamais vraiment s’il faut avoir mal ou s’il faut rire un bon coup. Plus on avance dans le métrage et plus les meurtres deviennent burlesques. On se demande quelles sont les motivations de Sheung, car massacrer les habitants ne lui permettra pas à priori d’avoir un appartement. Ce n’est qu’à la toute fin, que l’on peut réunir les deux films formés Dream Home.

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