David wants to fly

Documentaire malin en forme de quête initiatique.

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Au début on a David Sieveking, frais émoulu d’une école de cinoche, qui veut devenir un Grand Réalisateur. Son modèle : David Lynch. Le Maître donne une conf aux States sur la Méditation Transcendantale. Sieveking s’y rend. Lynch l’encourage à découvrir la technique.

Au milieu, Sieveking et son caméraman ont intégrés le mouvement MT mais commencent à avoir des difficultés à obtenir des images. Ils sont allés en Inde pour la crémation du Maharashi, gourou médiatique des Beatles en son temps. La passation de pouvoir crée des tensions. Des anciens membres bavent. Lynch se fâche.

A la fin, le réal explore des camps de rétention bizarres, découvre des décors d’extorsion de fonds, marche dans l’Himalaya à la recherche d’une inaccessible vérité.

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Sur Méditation Transcendantale et son rapport à des stars respectées (Lynch, contrairement à Cruise, est rarement pointé du doigt pour son prosélytisme sectaire), le docu remplit le contrat. MT fout les jetons, mélange de mysticisme béat et de violence réelle.

Par contre, le bât blesse toujours au lieu de rencontre de l’enquête et de la fiction. Le film est cousu d’un récit fictivement autobio, joué, écrit. Ca apporte de la distance, de l’humour, de la fantaisie wesandersonienne et du recul-cool michaelmoorien.

Mais toujours la question. Comment dénoncer un mensonge en fabriquant un artifice ? Sans limite nette entre docu et fiction, comment espérer autre chose qu’un brouillage accentué ?

L’enquête perd de sa force. Le personnage de Sieveking par moment exaspère. C’est dommage parce que le boulot est, par ailleurs, très bien fait. On en prend plein la gueule. On rigole. Même si on en sort un peu incertain, l’aventure vaut le déplacement.

Et puis, j’aime bien le déboulonnage de statues. Lynch est – à raison sans doute – considéré comme un des plus grands réals vivants. On nous dit qu’il a cherché à empêcher la projection de ce film. On le comprend un peu.

Bisous à vous.

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DAVID WANTS TO FLY est un long-métrage documentaire de David Sieveking, sorti en salle en Allemagne et diffusé sur Arte en 2010. Il est relativement facile à trouver en version anglaise, malgré la fermeture de Megaupload.

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