Gyo : Tokyo fish attack

Gyo est un film étrangement bancal, dont les efforts pour se différencier du tout-venant font douter de la nature réelle de l’oeuvre. Au début, ça ressemble à un film catastrophe, un kaiju-eiga à la Godzilla, dont les Japonais sont très friands. Un groupe de trois jeunes filles stéréotypés (une moche, une intello, une biatche) sont en vacances à Okinawa, en bord de mer. Un soir où elles rentrent de la ville, une odeur de cadavre les prend à la gorge dès qu’elle entrent dans la maison. Elles sont rapidement attaquées par une espèce de bestiole sur pattes.  Après l’avoir écrabouillée avec un meuble, elles se rendent compte qu’il s’agit d’un bête bizarre, un genre de mutant à mi-chemin entre le poisson et l’insecte.

Le lendemain, les filles sont à nouveau attaquées. Cette fois-ci, c’est un squale qui marche et qui respire de l’air. La jeune Erika, qui était en train de faire un plan sexe avec deux garçons, morfle particulièrement. Piquée par la créature, elle va se changer en affreuse chose boursouflée et verte, comme Hulk atteint de lèpre et d’obésité. La morale est claire : la jeune et jolie qui fait du sexe est punie; elle devient moche et puante (on la voit d’ailleurs lâcher un pet et un rot nauséabonds dans une scène qui respire le bon goût).

La suite du film est plus classique. Kaori, notre charmante intello se voit affublée d’un jeune journaliste aventurier. A eux deux, ils vont tenter d’élucider le mystère des poissons qui marchent (et qui courent même). Gyo vaut surtout pour sa première moitié et ses attaques de créatures bizarroïdes. Cette oeuvre est tout à fait bizarre car le design (décors, personnages et animation) est très soigné. Certes, les auteurs ont cru bon d’intégrer aussi des images de synthèse en 3D, qui ne collent pas vraiment au reste du design. Mais par moments, on se croirait presque dans un Miyazaki ou un Oshii. Dans le même temps,on nous offre une multitude de plans scabreux, d’images perverses, qui puisent dans le catalogue du hentaï. Une contre-plongée sur des sous-vêtements par-ci, une tentacule qui entoure un sein par-là. Gyo propose donc un mélange des genres assez déroutant et plutôt incohérent. Malgré tout, on est happés par cette histoire assez linéaire, rien que pour découvrir le prochain méchant délire qui va s’abattre sur notre innocente héroïne. La fin est décevante et se perd dans des conjectures scientifiques à base de très classique savant fou et d’arme biomécanique. Moi, je dis que c’est juste la mauvaise conscience de la surconsommation de sushis, sashimis, makis et tutti quanti.

On comprend mieux l’origine de cette inquiétante étrangeté quand on apprend que Junji Ito est le mangaka derrière tout ça. Il est l’auteur de la célèbre série Tomie, notamment.

Gyo : tokyo fish attack est disponible en dvd, VO sous-titré anglais chez l’éditeur Terracotta

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