A perdre la raison

Murielle et Mounir est un jeune couple qui a tout pour être heureux. Leur union est facilitée par le Docteur Pinget, qui les aide dans leurs projets, de manière financière notamment. Après le mariage, les enfants arrivent. Mais peu à peu, le bonheur est terni par des relations de plus en plus ambiguës.  Le docteur interfère de plus en plus avec leur vie de couple.

Nos Enfants

Film d’horreur pour parents flippés, à perdre la raison a tout du film-d’auteur-français-intérieur-cuisine. Écueil supplémentaire, l’intrigue prend son inspiration d’un fait divers ayant eu lieu en Belgique en 2007. Une mère de famille avait égorgé ses cinq enfants. Evidemment, la polémique se pose. A-t-on le droit d’exploiter l’horreur réelle pour en faire une fiction ?

Pourtant, ça se laisse regarder. La mise en scène est classique, proche des personnages. Le cadrage essaie d’illustrer l’enfermement physique et finalement psychologique de la mère. La caméra se pose donc là, et suit les acteurs au plus près, sans effet de style, si ce n’est cette musique classique pompeuse, avec des choeurs torturés qui veulent sans doute nous signifier qu’il se passe quelque chose de grave. Le pire vient avec la chanson “femmes je vous aime” de Julien Clerc, à un moment fort à-propos (la mère craque psychologiquement). Etait-il nécessaire de mettre de si gros sabots pour nous faire comprendre la douleur du personnage ?

Le plus intéressant est certainement le schéma de cette famille atypique. On ne connait pas vraiment les motivations du médecin, mais celui-ci s’insinue – à priori dans de bonnes intentions – dans la vie de Murielle et Mounir. A force d’accepter ses cadeaux, le couple lui devient redevable. De plus, il a un caractère très fort, voire inquiétant par moments. Le mal est donc insidieux, psychologique. Le réalisateur Joachim Lafosse a la bonne idée d’expédier les informations connues d’avance par le spectateur (flirt, amour, mariage, les enfants successifs).  Ainsi, il nous entraîne rapidement sur un terrain glissant et effrayant. Avec la mère, nous sommes enfermés dans ce noyau familial. Ces relations ambiguës sont comme un cancer qui mange petit à petit la conscience de la jeune femme. Le film ne prend pas vraiment parti ou plutôt il donne une responsabilité à chacun des personnages. La femme pourrait partir, demander le divorce. Le père est souvent absent, effacé. Le médecin bienveillant, ne semble jamais comprendre qu’il brise une union. Il n’y a pas en tout cas, de manichéisme avec d’un côté un médecin machiavélique ou de l’autre une femme complètement folle.

Si l’on est indulgents sur les quelques facilités, le film reste un excellent véhicule pour un trio d’acteurs qui ont su être subtils : Niels Arestrup en tête, suivi d’Emilie Dequenne et Tahar Rahim (Le prophète). Maintenant, on peut s’interroger sur la motivation d’un tel projet…

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