Orléans, de Virgil Vernier


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Etrange film sorti de nulle part, Orléans souffre de schizophrénie et hésite entre Showgirls et un documentaire sur des festivités locales. Alors que le lieu est chargé d’histoire (Jeanne d’Arc chasse les anglais de la ville en 1429), les premiers plans du film nous montre une cité tout ce qu’il y a de plus moderne et banal. Pire, chaque plan contient son lot de véhicules et de transports en commun. Orléans est d’abord présentée comme l’antichambre de la capitale, un simple endroit de transit. Puis, on passe dans l’intimité d’une boîte de striptease. La jeune Joane, 22 ans, y fait ses premiers pas mais elle a du mal à emballer le client. Sa copine Sylvia lui apprend les premiers trucs : comment séduire, se maquiller et faire du pole dancing.

Le film a une durée atypique (58 minutes) mais qui s’explique par le fait que ce devait être un court à la base. On a à peine le temps de connaître les personnages que déjà, ils disparaissent. Les dialogues sonnent justes, presque comme un épisode de « striptease » (justement), où l’on aurait capter les désirs et les angoisses de deux jeunes filles d’aujourd’hui dans un minuscule appartement. Mais on quitte ensuite le monde de la nuit pour entrer dans les festivités liées à Jeanne d’Arc. Des messes et de grands défilés ont lieu. Dans un bois, les deux copines tombent sur une jeune fille en armure, accompagnée de son cheval. C’est elle qui va incarner Jeanne d’Arc cette année.

L’idée était donc de mettre en parallèle le portrait de deux femmes (Jeanne d’Arc et Joane) à quelques centaines d’années d’écart. Ce parti-pris semble à la fois improbable et audacieux, puisqu’on se demande au final ce qu’ont en commun ces deux personnages.  Chacun pourra y aller de son interprétation. Malgré tout, le film possède une sorte de pouvoir magnétique. De cette opposition entre événements historiques et quotidien de banlieue, naît une ambiance étrange, parfois pesante, comme si les fêtes étaient là pour nous rassurer. Les actrices sont d’un naturel désarçonnant et semblent jouer leur propre rôle.

D’un côté, les célébrations sont filmées platement, comme un spectateur dans la foule, des images génériques pour l’office du tourisme. De l’autre, on tombe soudain dans un aparté qui a lieu dans un sous-bois. Lorsque les deux filles tombent sur celle qui incarnera Jeanne d’Arc. Elles sont alors comme transportées dans le temps. Le quotidien et la ville moderne s’effacent l’espace d’un instant. On ne sait jamais vraiment où va le film, ce qui nous incite à être curieux. Le récit se termine brutalement, alors que Joane se retrouve peut-être dans le personnage de Jeanne, voilà qu’on la remet en place. On aurait aimé que le propos et les personnages soient tout de même plus développés, les pistes explorées étant prometteuses.

Le film (avec Andréa Brusque et Julia Auchynnikava) sort en salles le 1er mai (à l’occasion des fêtes johanniques d’Orléans !) accompagné du court-métrage Andorre, du même réalisateur. 

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A propos de Jérôme

toute-puissance mégalomaniaque, oeil de Sauron, assoiffé de pouvoir et d’argent, Jérôme est le father de big brother, unique et multiple à la fois, indivisible et multitude, doué d’ubiquité. Il contrôle Cinétrange, en manipulant l’âme des rédacteurs comme des marionnettes de chiffons. Passionné de guerre, il collectionne les fusils mitrailleurs. Le famas français occupe une place d’exception dans son coeur. C’est aussi un père aimant et un scientifique spécialisé dans les nouvelles technologies de l’information. Pour faire tout cela, il a huit doppel gangers, dont deux maléfiques. Il habite au centre du monde, c’est-à-dire près de Colmar.

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