Feffs 2013 ép. 3 : Frankenstein’s army et nos héros sont morts ce soir

Frankenstein’s Army

Attention spoiler !

Le programme du FEFFS 2013 annonçait ce film comme un descendant direct de Dead snow (excellent) et d’Iron Sky (une première partie très réussie, une deuxième plutôt ratée). Certes, c’est un nazi revival, genre à la mode ces dernières années (cf. les sorties DVD / BR) mais est- il réussi ?

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Le réalisateur hollandais Richard Raaphorst a été convaincant sur 2 points.

Le projet global du film, d’abord. Un found footage (mais si, le premier est Cannibal Holocaust) genre revenu à la mode depuis quelques temps – qui a amené quelques réussites comme Cloverfield – basé sur une mission militaire soviétique située en 1945 dans l’est de l’Europe. Le camarade Staline décide de rendre cette mission prioritaire au point de la filmer. La première partie du film évoque le quotidien de ces soldats qui avancent au fur et à mesure de plus en plus près d’une zone où plus personne ne vit. On se trouve au cœur d’un film de propagande parodique. Les hommes doivent faire attention à leur attitude: marcher fièrement pour la Patrie (et se casser la figure), poser devant des cadavres de soldats nazis… Très vite, ce film de propagande devient un documentaire sur l’horreur que vont découvrir ces soldats puisqu’un un certain docteur Menguélé… pardon Frankenstein, a mis au point une armée de surhommes à l’aide de cadavres. Ces monstres drôles et effrayants sont une vraie réussite. Ils sont horribles et sortent tout droit d’un cauchemar. Ce bestiaire fait songer à  l’œuvre de Jérôme Bosch. Certains ont des pinces, des armures, des armes. Un des plus réussis est habillé comme un membre de la Gestapo mais il porte un masque à gaz duquel sort une énorme mèche de perceuse, un casque de la Wehrmacht; ses membres sont des échasses en acier. BRrrrrr !

Cependant, globalement, le film est moins réussi que Dead snow et Iron Sky (la première partie) diffusés au FEFFS précédemment. La partie «film  de propagande» est trop longue et surtout ne va pas assez loin dans la partie parodique. Le sujet du film la « Frankenstein’s army » apparaît tardivement – au bout d’une heure. Une fois l’horreur découverte, les combats sont très répétitifs. Ils se situent dans les souterrains de la base créés par le savant fou. Les soldats russes se retrouvent face aux monstres. La découverte de chaque créature aurait pu faire l’objet d’un suspense insoutenable. Cela n’a pas été le choix du réalisateur. Il faut attendre longtemps pour enfin découvrir le docteur Frankenstein peu convaincant et trop cabotin.

Nos héros sont morts ce soir

Attention spoiler !

Vous aimez le catch ? Et les films en noir et blanc ?  Nos héros sont morts ce soir de David Perrault – son premier film – se situant dans le Paris à la fin des années 1950 / début des années 1960 est peut – être fait pour vous.

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Difficile de mettre cet ovni dans une catégorie. Le FEFFS a décidé de le placer  parmi les crossovers. Peu importe. Un des thèmes du film est  original. Le catch en France au milieu du XXème siècle. Le réalisateur se serait inspiré d’une photo de la première page d’un canard contemporain. On y voit  l’Ange blanc – le Undertaker français à cette époque -, la clope au bec, devant un ballon de rouge dans un troquet de Paname. Le spectateur navigue parmi ces catcheurs pendant 90 minutes. Victor, de retour d’Algérie, demande à son ami Simon de lui trouver un travail. Ce dernier lui propose de gagner de l’argent grâce au catch, sport en vogue à l’époque. Simon est surnommé « Le Spectre ». Victor devient « l’équarisseur de Belleville » mais il a besoin de reconnaissance et demande à Simon d’échanger leurs rôles…

Une nostalgie, ou plutôt une mélancolie se dégage de ce film. L’auteur ne  montre pas Paris à la façon d’une carte postale – Tour Eiffel, Louvre -, il s’attache seulement à donner un cadre (presque) réaliste à son scénario. Il n’idéalise pas la période des Trente Glorieuses mais évoque plutôt notre monde actuel qui manque peut – être de modèles ou dans lequel il existe des modèles insipides – allo, quoi ! –  auxquels il est difficile de s’identifier. Le fait d’avoir tourné en noir et blanc accentue encore plus cet aspect.

Le noir et blanc est important pour appréhender également un autre thème : la complexité  psychologique des personnages. Tout le monde est à la fois « L’Equarisseur de Belleville » – un masque noir – et «  Le Spectre » – un masque blanc. Le film s’attache au personnage de Victor, un homme marqué par le destin – il n’a plus de femme et a combattu en Algérie. Il essaie de retrouver le goût à la vie en faisant du catch mais il demande l’impossible à son ami Simon : échanger les rôles pour être aimé et avoir de la reconnaissance. Cet aspect est très important dans le scénario puisque cet échange de rôles va amener les deux amis à faire face aux loulous qui tirent les ficelles dans le milieu du catch – dans la dernière partie du film.

Un dernier mot sur les acteurs. Enormes comme dirait l’ami Lucchini. Philippe Nahon – le boucher dans Seul contre tous -, Jean – Pierre Martins – La horde -, Denis Ménochet – excellent dans Grand Central – tiennent la barre très haut dans ce film. Nahon a une gouaille incroyable. Les deux autres jouent une sacrée partie, que ce soit sur le ring ou face aux bandits – le personnage du Finlandais est hilarant mais un rien cabotin.

Au final, le film est peut–être une rêverie d’un personnage sur les thèmes évoqués ci–dessus. On s’en fiche, c’est un premier film réussi et je retournerai le voir quand il sortira au ciné.

3 commentaires sur “Feffs 2013 ép. 3 : Frankenstein’s army et nos héros sont morts ce soir”
  1. Le deuxième fait carrément envie. Faut interroger les darons sur le catch français, tradition étonnement importante dans les fifties et évanouie d’un coup. Il paraît qu’on le pratiquait jusque dans le Palais des Fêtes de Strasbourg, c’est dire !

  2. Effectivement “Nos héros sont morts ce soir” fait trèèès envie !!

    J’ai pour ma part plutôt aimé “Frankenstein’s Army”, malgré ses imperfections… un film indépendant bricolé avec peu de moyens, mais beaucoup de cœur et de soin.
    Ravie que Richard Raaphorst ait enfin pu sortir un long-métrage, après les difficultés qu’il a enduré sur son précédent projet (intitulé “Worst Case Scenario”) qui n’a jamais abouti !
    Il avait pourtant réalisé des trailers plutôt alléchants pour attirer des financements :
    http://www.youtube.com/watch?v=kYTYqaewAQ8
    http://www.youtube.com/watch?v=VOM0ioR6Rns
    Trailers primés au Golden Trailer Awards en 2005, où on retrouve des créatures du même genre (steampunk ?) que dans “Frankenstein’s Army”.

  3. Je voulais savoir si la photo de l’article est la vrai photo où si elle est tirée du film?
    Savez-vous où elle a été prise?
    J’ai trouvé une autre photo qui pourrait y ressembler et j’ai l’impression de connaitre le lieux.

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