Carrie, la vengeance

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Carrie, la vengeance, succédant à Carrie au bal du Diable ne présageait rien de bon au regard des derniers “remakes”  récents de quelques  fleurons du cinéma fantastique des seventies ou eighties. La curiosité l’emportant, je ne pouvais en même temps passer à côté de cette nouvelle adaptation du roman culte de Stephen King.

Réaliser un remake d’un classique n’est pas toujours une idée pertinente mais, pourquoi pas, d’autant plus que dans le cas présent, la réalisatrice, auteur d’un très joli film sur l’identité sexuelle,   Boys don’t cry, pouvait justifier une réinterprétation en se basant sur le roman plus que sur le film de De Palma. Et pourquoi pas reprendre la structure d’un roman écrit sous forme de lettres, journal intime et coupures de journaux. Un travail d’adaptation périlleux mais pouvant donner un éclairage nouveau à ce qui reste un teen-movie horrifique.

Or Carrie, la vengeance est un pur démarquage plat et sans inspiration du chef d’oeuvre de l’auteur de Pulsions. Le scénario est un copié/collé à de rares digressions. Ce qui peut nous permettre de jouer au jeu des 7 différences, ou des 7 pêchés capitaux commis par la réalisatrice pour rester dans un jargon emprunt de religiosité.

1 : le prologue, complètement absurde, commence par un accouchement douloureux. Celui du personnage éponyme par une mère hallucinée qui se demande bien ce qui lui arrive. Premier signe du peu d’implication de l’entreprise : le bébé sort sans cordon ombilical, comme dans n’importe quelle série Z horrifique. Aujourd’hui une telle erreur de script est perçue comme  une insulte au public.

2 : la partie de Volley Ball se déroule dans l’eau. Pourquoi pas, il faut bien innover un peu. En revanche la séquence de la douche, digne d’un téléfilm de bas étage, montre à quel point le cinéma d’épouvante est devenu timoré et puritain. L’érotisme trouble et le voyeurisme dégagés par l’original sont totalement évincés. La nudité fait peur. Si bien que l’apparition des règles ne provoque aucune émotion, aucune angoisse.

3 : la très mignonne Chloé Grace Moretz, excellente au demeurant dans Kick Ass, ne possède pas la singularité des traits de Sissy Spacek, ni son physique hors norme de petite fille (alors qu’elle avait 25 ans). Trop lisse, trop jolie et du coup trop uniforme. Alors que Sissy Spacek pouvait d’un plan à l’autre être séduisante puis repoussante.

4 : la réalisatrice a cru bon donner à Carrie une pleine conscience de ses pouvoirs. On la voit s’intéresser à la télékinésie et jouer dans sa chambre avec les objets, les livres qu’elle déplace comme bon lui semble. Pour peu, on se croirait dans Harry Potter. Cette dimension banalise la part d’inconscient, d’animalité qui agitait l’esprit de Carrie dans le film de De Palma. Elle n’utilisait ses pouvoirs qu’en cas de colère extrême, d’émotion poussée au paroxysme. La nouvelle Carrie maîtrise parfaitement son don.

5 : la direction artistique est foireuse. En témoigne l’intérieur de la maison de Carrie, totalement anodin et aseptisé alors que le travail de Jack Fist sur le De Palma était impressionnant avec un budget réduit. Cet antre chargé de symbole religieux provoquait un malaise, baignant dans un climat anxiogène. Que la mise en scène extraordinaire rendait palpable.

6 : la séquence  tant attendu du bal est traitée avec une telle absence de point de vue que rien ne touche ni le désarroi de Sue, comprenant trop tard  l’horrible machination dont va être victime l’héroïne, ni la colère de Carrie, sans relief et annihilé par une réalisation standard. Là où  De Palma s’en donnait à cœur joie avec ses split screen, ralenti, travelling, bref tout un arsenal d’artifice sublimant l’humiliation, Kimberley Peirce filme sans inspiration ce qui devrait être le clou du spectacle. Avec 10 fois plus de moyens que pour l’original, c’est rageant.

7 : enfin, la noirceur de l’épilogue du film de De Palma, via le cauchemar traumatisant, est remplacée par une scène de procès inappropriée, laissant juste entrevoir que la pauvre Sue s’en est sortie. Physiquement et psychologiquement pratiquement indemne. Pour une femme enceinte (et oui et c’est Carrie qui le lui annonce), il fallait terminer par une sorte de happy end.

Bref revoyez l’original qui vient de sortir en blu ray plutôt que cette relecture insipide et opportuniste, à peine supérieur au nullissime Carrie 2 de Kate Shea.

Carrie, la vengeance, de Kimberley Peirce avec Chloé Grace Moretz, Susan Sarandon

1 commentaires sur “Carrie, la vengeance”
  1. Je ne suis point d’accord ! Ce film est très bien fait et adapte a nos jours ! De plus quelques erreurs dans les ” 7 différences ” , Carrie née avec un cordon ombilical.. Sa stupeur et sa timidité est angoissante tout au long y film.. On s’imagine e qu’elle pourrait faire et cela est angoissant ! La scène du bal est certe pas assez présente a mon goût mais le reste est digne d’un chef d’œuvre du 21ème siècle !

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