Dracula 3D de Dario Argento

La grande question que se posent les anciens admirateurs du maître de l’horreur transalpin est sans appel  et cruelle : Dario Argento a-t-il toutes ses facultés mentales ? N’a-t-il pas perdu la tête ? Pour ma part je pense qu’il va bien mais malheureusement il vieillit. Sa perte d’inspiration est indéniable mais on ne peut refaire en boucle Suspiria au grand désespoir de ses fans. L’auteur de Ténèbres a tenté de se renouveler, d’expérimenter depuis 20 ans mais sans jamais parvenir à construire une grammaire cinématographique pertinente et cohérente. A ceux qui voudraient  l’enfermer dans un asile pour sénilité précoce, je préconiserai plutôt un retour aux drogues. Les visions psychés et baroques de Suspiria et Inferno, merveilles absolues du cinéma de genre, qui immergent le spectateur dans un univers aussi anxiogène que fascinant, demeurent une forme d’exutoire des rêves du maître, après absorption de substances illicites. Cet état second, lui permit de faire vivre sur pellicules ses rêves hallucinés, ses arabesques visuelles uniques dans le cinéma de genre.

Depuis la fin des années 80, il se cherche, retrouvant à  de rares occasions une partie du talent de ses débuts. Le syndrome de Stendhal et Le sang des innocents sont traversés d’éclairs de génies mais la suite vire au cauchemar. Qui peut défendre honnêtement (à part moi parfois) Le fantôme de l’opéra, The card player et Giallo ?

Autre facteur important, souvent ignoré du public et de la critique : la faiblesse des derniers Argento réside dans les modes de production chaotiques. En gros, il tourne un peu ce qu’il peut. Dracula 3D n’échappe pas à la règle. Et ce n’est sans doute pas un hasard si on retrouve derrière ce projet hybride et quand  même inutile le producteur Giovanni Paolucci, responsable des derniers méfaits du regretté Bruno Mattei (La tombe et la création, deux zèderies  à faire passer Virus Cannibale pour Citizen Kane). On sent une ambition réelle, une volonté touchante de dépoussiérer le roman de Bram Stoker, d’en offrir une lecture romantique et moderne tout en rendant hommage aux chefs-d’œuvre de la Hammer signés Terence Fisher. Cette louable intention doublée d’une véritable volonté de livrer un bel objet n’est jamais convaincante. Les bonnes intentions sur le papier se transforment en un sympathique nanar ludique et vieillot,  souvent agréable à regarder pour des raisons parfois inavouables.

Dracula 3D se vautre dans le cinéma bis le plus misérable avec ses comédiens de secondes zones, ses effets spéciaux numériques d’un autre âge,  son érotisme digne d’un téléfilm M6  et surtout ses fausses bonnes idées aussi aberrantes que dégénérées. Le summum du ridicule est atteint lorsque Dracula se transforme en une mante religieuse, séquence hautement ridicule enterrée par une synthèse déplorable. Mais pour un budget de moins de 6 millions d’euros, pourquoi s’évertuer à balancer de la synthèse et de la 3D au rabais.

Si on parvient à oublier, et ce n’est pas facile, qu’Argento se trouve derrière la caméra, épaulé par le grand chef op Luciano Tovoli  qui a dû éclairer trop de films de Francis Veber, on peut prendre un plaisir à suivre cette énième adaptation plutôt fidèle d’un roman inépuisable. Joliment éclairé de nuit dans des décors gothiques aussi  attrayants qu’artificiels  et bénéficiant de quelques mouvements de caméra virtuoses, Dracula 3D devient catastrophique dans toutes les séquences en plein  jour, sabordées par une lumière surexposée d’une laideur incroyable. Et rien ne fonctionne. Les acteurs sont engoncés dans des costumes étriqués, les paysages naturels ont l’air factice. Et certains arrières plans numériques frisent franchement l’amateurisme.

Rutger Hauer cachetonne sans y croire une seconde, Asia Argento est extrêmement mauvaise, comme souvent dans les films de son père et Thomas Kretchman compose un Dracula un peu terne qui ne fera jamais oublier Christopher Lee, Gary Oldman ou Klaus Kinski. Un échec mais qui peut procurer un petit plaisir coupable pour qui apprécie, par exemples, les séries B produites par Charles Band, notamment la série des Subspecies.

Surprise !!! Le film sort le 27 novembre en salles alors que j’aurai donné ma main à couper (ou mon cou à saigner) qu’il ne sortirait qu’en Blu ray et en DVD.

(ITA/ESP/FRA-2012) de Dario Argento avec Unax Ugalde, Thomas Kretchman, Asia Argento , Marta Gastini, Ruger Hauer

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3 commentaires sur “Dracula 3D de Dario Argento”
  1. Vu en 3D au cinéma et je ne trouve pas que ce soit le désastre dénoncé dans l’article, le film se traine par moments et à quelques idées près n’ajoute pas grand chose à ce qu’on connait déjà de l’histoire mais le visuel est assez soigné avec une photo très vive, une 3D bien utilisée et certains décors léchés…le casting s’en sort correctement (à part Asia Argento qui cabotine mal en vampire) et cette impression de revoir un vieux film gothique italien (avec des CGI de qualité très variable…) est plaisante…toujours mieux que “Twilight” et “Giallo”, le précédent Argento!

  2. je ne suis pas si négatif. Je ne trouve pas le film très bon mais jil procure néanmoins un petit plaisir

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