Ces chroniques sont dédiées à Etienne Wehrlin, un ami parti trop vite à la fin du mois de septembre…
Robert Rodriguez était l’invité d’honneur cette année au FEFFS. Il a notamment proposé une masterclass pédagogique le samedi 14 septembre sur sa méthode « Do it yourself » pour fabriquer des films. S’ensuivait la projection de son dernier travail : Red 11.
Pour ma part, deux œuvres de sa filmographie m’avaient tapé dans l’oeil lors de la lecture du programme 2019 : Une nuit en enfer et The faculty.
Excellents souvenirs de jeunesse ? Probablement ! Une nuit en enfer est le film que j’ai le plus visionné en 1997 (6 fois sur Canal + et en VHS…). La divine Salma Hayek doit y être certainement pour quelque chose mais avec le recul, impossible de ne pas y voir une pépite cinématographique. Robert Rodriguez en personne est venu présenté cette séance et a confirmé le rôle essentiel de ce film dans sa carrière et dans sa vie.
Travail à deux têtes avec Quentin Tarantino derrière la caméra dans la première partie, Une nuit en enfer a tout pour plaire. Le concept des deux films en un est déjà une référence au double programme des drive-in (qui a tant marqué le duo de réalisateurs) ou à des films plus classiques tels que Psychose, Predator.… La première partie montre la cavale de deux frangins braqueurs de drugstore et de banques (l’un est joué par un Tarantino complètement déjanté). Ils vont prendre en otage une famille endeuillée. La deuxième partie se déroule au Mexique et plus précisément au Titty Twister. Elle illustre les tentatives de survie des protagonistes devant faire face à des vampires assoiffés.
Impossible de ne pas être marqué par la performance des acteurs. Georges Clooney est impeccable en tant que gangster sympa et humain. Quentin Tarantino est très inquiétant comme psychopathe ingérable et vite dépassé par ses émotions. Harvey Keitel joue le rôle d’un prêtre qui vient de perdre sa femme et qui s’occupe de ses deux enfants. Il représente une troisième figure masculine plus rassurante. Juliette Lewis est très convaincante en ado. Elle va se révéler être une figure féminine forte en contrepoint du personnage de Salma Hayek. Ce voyage (un road-movie ?) va emmener tout le groupe au Mexique où les gangsters doivent se planquer en attendant de l’aide.
Ces personnages qui s’opposaient dans la première partie (une réelle tension est mise en place avec le duo de braqueurs) vont devoir s’allier pour faire face aux clients belliqueux du Titty Twister. Tous ces charmants mexicains (difficile de rester de marbre devant Santanico Pandemonium) sont en fait des vampires qui attirent les touristes pour les dévorer.
Hommage à plusieurs genres filmiques (film de gangster, film d’horreur, road-movie, comédie), le film évoque l’émancipation d’une jeune fille (Juliette Lewis) qui a tout perdu et qui doit refaire sa vie à la fin du film.
The faculty est la deuxième pépite de Rodriguez vue pendant le FEFFS et évoque également le trajet d’adolescents qui vont évoluer (s’émanciper) et se révéler face à un danger. Et quel danger ! Les professeurs (autrement dit les adultes) agissent de manière étrange. Plus que d’habitude ? C’est l’enquête que vont mener les ados et à sa tête, le tout jeune Elijah Wood pas encore révélé par la trilogie du Seigneur des anneaux.
Une fois encore, Robert Rodriguez fait référence à de nombreux genres dans ce film sorti en 1998. On retrouve des traces de L’invasion des profanateurs de sépultures, film matrice depuis les années 1950, où l’identité de l’Autre est au cœur du récit. L’entraîneur de football américain, joué par l’excellent Robert Patrick, est le premier à se comporter bizarrement. Il boit beaucoup d’eau et s’intéresse aux performances physiques du chétif Elijah Wood.
Comme le film se déroule dans un lycée, Robert Rodriguez fait aussi référence au teen movie et à la comédie avec les relations houleuses entre élèves mais aussi entre professeurs et élèves (une relation incandescente naissante entre Josh Harnett et la délicieuse Famke Janssen – Jean Grey chez les X-Men). Les lycéens sont des héros et correspondent chacun à un stéréotype d’ados.
Le genre fantastique/ horrifique reprend très vite la main. Les adultes – surtout les professeurs, référence des adolescents – semblent zombifiés et vont chercher à transformer toutes les personnes qu’ils vont rencontrer.
Qui est à l’origine de tout ce bazar et à la remise en question de la position des adolescents ? Une petite blonde est arrivée au début du film et sous ses airs d’adolescente juvénile préraphaélite, elle est en fait un horrible extra-terrestre ressemblant à une crevette géante – d’où la nécessité d’avoir accès à l’eau pour toutes personnes transformées.
Les lycéens vont collaborer pour faire mourir cette chose venue d’un autre monde. Les adolescents ont tous changé au final. Elijah Wood va devenir la mascotte du lycée et sortir avec une jolie brune qui le méprisait au début du film.
Parcours, genres de films, voici les points communs entre ces deux œuvres de Rodriguez qui ravissent les mirettes des spectateurs amateurs de frissons et de sensations fortes.