Chronocrimes
De Chronocrimes je ne connaissais que l’image à forte connotation slasherisante de ce que j’imaginais être un boogeyman en villégiature. Une apparition à la Clockwork et son tueur iconique pour ceux qui connaissent les jeux. Là, se dressait sur la photo de présentation une silhouette sinistre avec des bandages roses recouvrant la tête (des rouleaux de PQ avait écrit l’un des chenapans de Mad Movies dans un numéro), un long manteau usé et, dans une main, une paire de ciseau menaçante. Seulement, Los Cronocrimenes ne ressemble en rien à un slasher de base.
Un couple s’installe dans sa nouvelle maison située à l’orée d’une forêt. Alors que sa femme s’absente, le mari scrutant les alentours avec ses jumelles découvre au loin, dans les bois, une jeune fille se déshabillant complètement. Intrigué, et peut-être un peu voyeur aussi, il s’en approche et manque d’être tué par un effrayant inconnu. L’homme en fuite ne sait pas encore dans quel incroyable engrenage il s’est engagé. Transporté dans le temps une heure et demi plus tôt, il tentera de changer le cours des évènements. Mais peut-on impunément changer son destin ?
Difficile d’en dire plus tant le scénario du film vaut sa découverte par petites touches. Le cinéma espagnol n’en finit pas de faire ses gammes sur le Genre. Avec un budget que l’on devine très léger, quatre personnages, une absence totale d’effets spéciaux numériques, le réalisateur Nacho Vigalondo nous embarque dans un puzzle de situations qui se reflètent comme dans des miroirs (chaque situation a un envers du décor) avec des paradoxes temporels dignes de la meilleure littérature de science-fiction. L’acteur principal tient l’ensemble sur ses épaules dans un rôle à multiples facettes.
Pas besoin d’y accoler une étiquette « culte » d’avance, il n’y a pas de révolution conceptuelle. Mais en tant que thriller, ça vaut largement le coup d’œil, dans un emballage sobre et premier degré. Comme énormément de films il aurait été gagnant à être plus resserré et donc plus court qu’un long-métrage. Mais comment voulez-vous « vendre » un moyen-métrage de nos jours ? Certains y verront un cinéma qui tourne en rond. Cela ne me dérangerais pas que chez nous l’on « tourne en rond » à ce niveau d’efficacité et d’ambition du récit.
Jack Brooks : Monster Slayer
Le protagoniste de cette honorable série B, à l’affiche enthousiasmante, est un simple plombier. Un garçon très nonchalant dans la vie sauf quand il est sujet à ses sautes d’humeur. En effet, s’il se sent contrarié, il casse son poignet sur votre figure ou vous expédie un coup de boule, au grand désarroi de son psychiatre. Cet état de rage provient d’un traumatisme enfantin. Il fut en effet témoin du massacre de sa famille par une créature surnaturelle. On comprend qu’il soit un peu perturbé depuis.
Sa copine Eve le pousse à suivre des cours du soir de chimie tenus par M. Crowley (interprété par Robert Englund). Le professeur ayant quelques problèmes de plomberie à la maison fait appel aux services du jeune homme. Les travaux libéreront une entité malfaisante. Poussé par une force inconnue, Crowley déterre une caisse avec un cœur noir palpitant à l’intérieur. Un antique maléfice va confronter Jack à ses démons et à quelques vrais démons en prime. Jack n’étant pas d’orientation intellectuelle pacifiste, il sait ce qui lui reste à faire : prendre son équipement de travail et leur coller une bonne trempe. Un héros est né !
Les années quatre-vingt sont de retour. Si vous désirez un film du samedi soir qui s’assume, devant lequel le pop-corn à portée de siège s’avère nécessaire, ne cherchez pas plus loin. Jack Brooks : Monster Slayer se caractérise par un esprit bon enfant, une façon de penser à l’ancienne et une volonté de donner au spectateur de l’amusement. Dommage que le film mette du temps à décoller et s’achemine trop tranquillement vers un troisième acte qui lui, emporte le morceau. Une partie sous haute influence de la série Buffy (qui est, quand à elle, « vampire slayer » de profession) avec du gore gluant en plus.
Robert Englund est parvenu à faire éclater de rire toute la salle avec une composition slapstick de possédé à crier de joie. Voilà la preuve, si besoin était, qu’il ne faut aucunement cantonner cet acteur au rôle qui l’a rendu célèbre. Le score très épique détonne un peu par rapport aux images mais apporte une touche d’épopée mythique plutôt bien vue. Jack Brooks : Monster Slayer marche sur les traces des Jackson et Rami des débuts, ne les bat pas sur leur terrain, ni ne vaut un Slither dans sa catégorie (la série B gore nostalgique d’il y a vingt ans), mais reste un ouvrage sincère et sans prétentions qui possède un capital sympathie indéniable pour l’amateur. À quand une suite un chouïa plus survoltée ?
Udéka