Doctor Who, une introduction

 Les britanniques sont des gens incroyables.

Dans notre beau pays, pour porter du fantastique sur le grand écran, il faut raison garder, montrer patte blanche, croire en sa bonne étoile et espérer ne pas finir épuisé par un parcours du combattant intensif. Alors, ne parlons même pas de la télévision. Les anglais, eux, parviennent à capturer l’essence même du serial SF de façon à la fois fouillée et ludique dans des épisodes de moins d’une heure à l’aide d’une imagination déconcertante. Mais comment font-ils ? Les anglo-saxons, friands de fantastique, se jouent des codes en vigueur, et l’agent de sa Gracieuse Majesté le plus surprenant de tous est le Doctor Who.

Cette série n’est ni plus ni moins que la série de science-fiction la plus longue au monde. Le premier épisode fut diffusé le 23 novembre 1963. L’illustre Peter Cushing incarna le rôle-titre dans deux films. La première époque, pourrait t-on dire, a pris fin en décembre 1989 (elle est appelée la première série). La série reprit de plus belle en 2005 sur quatre saisons et quelques épisodes spéciaux au compteur, à ce jour, sous l’égide de Julie Gardner, la responsable du département Fiction de BBC Wales et de Russel T Dawies, le premier scénariste et producteur exécutif. Une série qui est loin d’être terminée puisque le onzième Docteur va prendre son service en 2010 sous les traits de Matt Smith.

Le Docteur (“… Juste, le Docteur…”) est un Seigneur du Temps venu de la planète Galiifrey, doté de deux cœurs. Par la suite, on découvrira également qu’il est doté de treize vies, astuce permettant de changer d’acteur à chaque réincarnation. Rassurez-vous, son apparence est humaine, et son comportement l’est souvent aussi. Il voyage dans le temps et l’espace grâce au TARDIS (de son nom complet : “Time And Relative Dimension(s) In Space”), un vaisseau camouflé en cabine de téléphone de police typiquement anglaise (“Police Box”).

Si l’on voulait brosser à grands traits le portrait de ce personnage complexe on pourrait dire qu’il est un excentrique humaniste et un éternel découvreur qui s’enthousiasme pour les mystères. Il a une profonde aversion pour les armes et l’autorité. C’est un aventurier dans l’âme qui préfère la ruse et la débrouillardise aux solutions brutales contre les créatures agressives et éternels ennemis qu’il ne manque pas de croiser sur sa route, les Daleks, Davros, Cybemen, et autres Sontaran.

L’éternité c’est long, surtout vers la fin comme le disait Woody Allen et la solitude lui pesant beaucoup, il voyage avec des compagnons terriens au cours de ses multiples aventures qui s’avèrent tout de même particulièrement dangereuses la plupart du temps. Ses compagnes de voyage seront successivement Rose Tyler, Martha Jones et Donna Noble.

Au fil des épisodes, le voile va être levé sur ses origines, les évènements difficiles vont se succéder, et le moins qu’on puisse dire c’est que cela va lui apporter une profondeur émotionnelle. L’une des grandes forces de la série réside dans ses scripts virevoltants écrits par Mark Gatiss, Steven Moffat, Robert Sherman et Paul Cornell.

Doctor Who s’est affirmé comme une série épatante parce que son creuset n’oppose aucune limite à l’imagination. Tout peut arriver… et tout arrive ! Un épisode peut commencer de façon badine et finir sur une note de tristesse ou osciller entre humour pétillant et ton grave. Il y a des batailles épiques ou des moments intimistes, un épisode peut arpenter les univers de Lovecraft ou un autre obliquer vers le film en costumes. On peut assister à une blague d’inspiration geek pur sucre puis à une réflexion grave qui surgit à l’improviste… N’en jetez plus !

Tout cela parce que cette série est justement anglaise jusqu’au bout des ongles. Imaginez la tête d’un responsable de la télévision française qui lirait le scénario de l’épisode Les Feux de Pompéi où le Docteur terrasse un alien de lave de taille colossale avec un pistolet à eau ! Au mieux, cela serait taxé de ridicule… Doctor Who est une production de la très respectable BBC et une institution en Angleterre. À bon entendeur…

Les anglais auraient-t-ils plus de moyens que nous ? Auraient-ils de meilleurs scénaristes que nous ? Je ne peux pas le croire. Les showrunners et leur public ont juste intégré la culture du fantastique et de la science-fiction de telle manière qu’ils peuvent s’en amuser parfois, jouer avec un certain décalage et un humour qui leur est si particulier, mais en gardant l’équilibre entre le respect et le manque de complexes.

C’est pour ces raisons que Doctor Who est une création quelquefois éparpillée et inégale mais précieuse. Je reviendrais longuement sur les saisons de la nouvelle série dans une Théma pour vous en convaincre.

 

Doctor Who Trailer – Saison 4

 

5 commentaires sur “Doctor Who, une introduction”
  1. Je résiste, à part peut-être si vous me soutenez mordicus qu’il y a des combats de ninjas et un cameo de Chuck Norris dans une des saisons.

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