Dans les années 70, une jeune américaine s’expatrie à Rome pour entrer dans les ordres. Avant cela, Margaret doit s’intégrer dans le pensionnat de jeunes filles tenu par des soeurs. Rapidement, elle est témoin d’événements étranges qui font resurgir des hallucinations dont elle était victime lorsqu’elle était une enfant. Elle se lie d’amitié avec Carlita une jeune pensionnaire que les religieuses maltraitent.
Loin d’être parfait, The first omen n’est pas non plus le naufrage dont sont habituellement victimes les reboot/remakes/préquelles/séquelles des classiques du fantastique. En effet, l’histoire se déroule avant The omen, film de 1976 réalisé par Richard Donner et connu chez nous sous le titre Damien, la malédiction.
La reconstitution seventies de Rome est plutôt convaincante et constitue un bel hommage au cinéma italien de l’époque. Les acteurs et actrices ont l’air impliqué et participent à l’ambiance sympathiquement creepy du film. On retrouve d’ailleurs quelques trognes bien connues : Bill Nighy, un choix audacieux, car j’ai toujours l’impression qu’il va sortir une blagounette à cause de ses nombreux rôles comiques. Or ici il joue un cardinal tout à fait sérieux. Il y a aussi un petit rôle pour Charles Dance, plutôt efficace dans sa bizarrerie. Et puis l’actrice brésilienne Sônia Braga (Aquarius, Bacurau) campe une mère supérieure inquiétante. Mais c’est surtout l’actrice principale Nell Tiger Free qui porte le film sur ses épaules en composant finement un personnage de victime qui résiste. Côté musique, c’est Mark Korven qui s’y colle, devenu spécialiste des films un peu étranges (The witch, The lighthouse) et qui compose sans trop de surprise une bande son pleine de choeurs qui vont crescendo. Un peu cliché mais ça fait le boulot.
Le film se hisse un peu plus haut que le tout-venant grâce à son atmosphère étrange réussie. Arkasha Stevenson a tiré tout le potentiel visuel de Rome et n’hésite pas à intégrer la langue italienne dans le récit pour nous immerger. Mais elle nous offre aussi une recherche esthétique originale et osée dont voici quelques exemples :
Et puis, le film fait la part belle à du « body horror » féminin avec, entre autres, une scène d’accouchement assez traumatisante.
Malheureusement, tout n’est pas si parfait et l’on pourra mettre ces erreurs peut-être sur le manque d’expérience de la réalisatrice ou une volonté de rester dans le mainstream. On a donc un lot de jumpscares gratuits et inutiles en début de film mais qui vont en s’estompant heureusement.
Le film rappelle énormément Suspiria de Dario Argento, où une jeune américaine arrive dans une académie de danse dont les tenancières rappellent les soeurs du couvent. La chute du vitrail au début rappelle aussi fortement une scène choc du film de Dario Argento. C’est tellement appuyé qu’on ne sait pas trop s’il s’agit d’un hommage ou d’influence inconsciente, la réalisatrice ayant été biberonnée aux films d’horreur dès son plus jeune âge.
Une scène gore au milieu du film va un peu trop loin dans le grotesque pour être crédible et pourra faire rire les moins convaincus. Une autre scène rappelle fortement la crise hystérique d’Isabelle Adjani dans Possession avec une même apothéose dans les fluides corporels.
Enfin, le film est trop long et développe deux personnages de prêtres pouvant aider Margaret mais qui ne servent finalement à pas grand chose excepté passer des informations au spectateur. Leur présence paraît donc artificielle.
J’avoue ne pas avoir vu le film original The omen (booouuuuh) mais cela me permet d’affirmer que The first omen peut se voir de manière indépendante. Ce n’est qu’à la toute fin que l’on raccroche les wagons narratifs.
The first omen est un compromis, entre classicisme et expérimentation, entre clichés et surprises, entre horreur mainstream et underground. A chacun de voir le verre à moitié vide ou à moitié plein.
