Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg

Shiver (Eskalofrio) d’Isidro Ortiz

Santi est un ado photophobe aux canines qui poussent trop vite. C’est chic, mais ça tendance à compliquer un peu sa vie sociale (heureusement son pote Leo est costaud, très gentil et un peu con). Sa maman, de guerre lasse, accepte de déménager de Barcelone aux Pyrénées, au fond d’une vallée obscure où le soleil ne cogne que quelques heures par jour. A peine sont-ils installées que la forêt s’emplit de cadavres. Moutons, collégiens, chasseurs, papa… un belle ribambelle. Les autochtones peinent à croire à une coïncidence.

Shiver est composé de deux récits : un qui fait peur et un qui sert à rien.
Le premier peut se résumer en “ah ! Il y a un truc qui tue au fond des bois !”. Le second, comme le présente le réal, serait une réflexion sur “le monstre étiqueté comme tel par la société, et le monstre apparemment normal qui commet des actes monstrueux “. Sic transit. Santi, à cause de sa vampirite aiguë, souffre du soupçon et de la discrimination des imbéciles. Ce qui est très mal. Certes, les paysans sont des gens rudes et bas du front (et consanguins), mais tout de même… Après ce bel hymne à la tolérance, vous ne regarderez plus les vampires comme avant, c’est moi qui vous le dit. Et ce sera pas dommage. Crapules racistes.

Pour ce qui est de filer les jetons, si rien n’est vraiment original dans la structure du film, on a droit à quelques séquences bien torchées et malignes. Déjà Shiver fait l’impasse sur les attendus du scénario, jouant très peu, par exemple, sur les ténèbres – la séquence de nuit est en partie vue au travers d’un caméscope infrarouge. De même, la forêt est un lieu ambigu, présenté comme moins hostile que craint, et les scènes les plus flippantes ont lieu dans l’huis clos de maisons isolées. Surtout, Ortiz est très doué pour la mise en espace et l’évitement du monstre, procédant par cadrages tordus, panos exaspérants de lenteur, suivis de flashs trop brefs pour qu’on n’en voie réellement l’aspect avant le dernier quart. Associé aux classiques gimmicks sonores visant à faire sursauter, ça fonctionne plutôt très bien. Et son monstre a, effectivement, quelque chose de violemment inhumain.
A noter, en cadeau, des plans de transition visuellement surprenants, façon carte postale de montagne prises sur une demi-journée et passées en accéléré : les lumières tournent, les nuages roulent à toute vitesse, ça rappelle l’ouverture de Shining et la pub EDF…
Enfin et tout de même, le jeune Junio Valverde est superbon dans les registres de la peur, crainte, terreur, stupeur et pétage de plomb. Il tient plusieurs plans clés par les pures faces de panique qu’il nous renvoie.

Shiver n’est pas un film honteux, mais rate assez complètement son objectif d’être un film à message. Construit comme une démonstration, il lui manque l’intention minutieuse, le souci du récit et des personnages pour fonctionner à plein. Ca reste bien pensant et sans grande empathie, ça peine à convaincre.
Le dernier plan, clin d’oeil Z, laisse soupçonner que ce n’était peut-être pas le but, en vrai de vrai. Juste une note d’intention à l’usage des producteurs et des dossiers de presse. Tant pis.
Léo

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6 commentaires sur “Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg”
  1. Impatiente de découvrir l’œuvre cinématographique de monsieur Fabrice Du Welz, que je ne connaissais pas auparavant. Et tout particulièrement Vynian, dont la bande annonce est tout simplement formidable et attractive !

  2. Pour Udeka:

    Si tout va bien, viendra un jour où tu en apprendras plus sur le village de DEAD BONES… 😉

  3. J’ai maté ROCHES ROUGES! Sans doute le meilleur court de genre que j’ai vu depuis bien longtemps! Enfin une vraie histoire servie par de vrais comédiens! Une réal nerveuse et la musique cartonne! Non, franchement, ça tape dur! Certaines scènes foutent vraiment mal à l’aise…

    Pour BLOODY CURRENT EXCHANGE, c’est la seconde fois que je le vois. Une ambiance soignée, mais l’histoire, j’y pige rien, et c’est quand même un peu long. En revanche, Philippe Nahon est énorme! Le vrai atout du film?

  4. La course à la mort : assez bon film d’action de type fast and furious en futuriste et plus pyrotechnique. Je ne me suis pas ennuyé. Les perso sont tous originaux (ah la directrice de la prison super polie/pincée/coincée qui crache 10 jurons dans le dernier plan). Les bagnoles sont aussi bien foutues et surarmées. Les cascades sont originales et les rebondissements nombreux.
    Ca reste bien sûr totalement décérébré et ç’aurait été mieux si le cadreur n’avait pas bu 10 litres de Red Bull. La caméra est sécouée inutilement pour faire style “ça va vite”.

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